La visite du président iranien Ahmadinejad au Liban
La visite du président Ahmadinejad au Liban est la deuxième d’un président iranien depuis la révolution islamique. Après celle de Khatami en 2003, elle constitue une nouvelle étape dans le processus de l’effondrement de l’Etat libanais.
Le Hezbollah ne pourra plus prétexter qu’il demeure un parti politique patriotique. Les propos du Secrétaire général de ce mouvement, Hassan Nasrallah, sur la fierté d’appartenir au parti de Dieu sont confirmés aujourd’hui.
La visite du président iranien Ahmadinejad a débuté sur « les racines profondes, historiques et culturelles de l’Iran avec le Liban » elle s’est achevée par une rencontre du chef du Hezbollah à l’ambassade d’Iran. Ici, Nasrallah a remis « au commandant suprême « un cadeau personnel: un fusil qui soit disant appartenait à un soldat israélien durant la Seconde Guerre du Liban. Fait démenti catégoriquement par le porte-parole de Tsahal puisque ce type de fusil n’est plus utilisé dans les rangs de l’armée israélienne depuis 1974… Ahmadinejad a rencontré tous les dirigeants libanais et a été reçu en grande pompe. Il a également honoré la mémoire de Imad Muyiniyeh et ses « deux grandes victoires contre l’Etat sioniste»: le retrait du Sud Liban en l’an 2000 et « la victoire divine » en été 2006.
Ahmadinejad n’a pas débarqué au Liban tel un chef d’Etat ami et dans le but de faire avancer les relations bilatérales mais comme le commandant suprême qui est arrivé à la frontière israélienne pour visiter ses troupes dans le cadre du front du Djihad et aussi comme le grand investisseur du pays venant contempler ses biens.
Depuis la fin de la Seconde guerre du Liban, l’Iran a quadruplé l’arsenal de missiles du Hezbollah et a investi plus d’un milliard de dollars pour la restauration des vestiges de la guerre. Le Hezbollah demeure un bastion avancé de l’Iran et une division d’assaut de la Garde révolutionnaire au Liban. La présence remarquée du commandant de la GRI, Ali Jaafari, durant toute la visite du président iranien au Liban a pour but de renforcer ce lien. Il n’est donc pas étonnant qu’à Beyrouth, et en particulier au Sud Liban, les portraits du président libanais ou du Premier ministre étaient inexistants et seuls les portraits Ahmadinejad, Khamenei et Khomeiny ornaient le paysage et les routes du cortège présidentiel.
Les principales conséquences de la visite du président iranien Ahmadinejad
A. Au Liban
La visite a renforcé le statut du Hezbollah au Liban. Le soutien sans équivoque de l’Iran au Hezbollah est observé au grand jour et sans équivoque. A la veille de la publication du rapport de l’enquête sur l’assassinat du Premier ministre Hariri senior, l’Iran démontre clairement sa force et ses intentions. Ahmadinejad ne laisse aucun doute et affirme que l’Iran défendra le Hezbollah et n’acceptera pas les conclusions d’une commission d’enquête qui incriminerait des membres du Hezbollah. La situation au Liban demeure donc explosive. La souveraineté du pays est bafouée. Il ne peut se défendre dans son propre fief et n’a aucune possibilité de mobiliser le soutien de l’Occident et des pays arabes. Ainsi le Hezbollah est devenu le maître suprême du pays aussi bien sur le plan civil que sur le plan militaire.
B. Le Monde Arabe
En hissant le drapeau de la République islamique au palais présidentiel de Baabda à Beyrouth, l’Iran a indiqué clairement qu’il existe un nouvel axe au Moyen-Orient. Face à l’axe sunnite dirigé par L’Arabie saoudite et l’Egypte qui tente de protéger les sunnites au Liban, se dresse l’axe shiite radical dont les membres sont : L’Iran, le nouvel Irak, la Syrie et le nouveau Liban, voire le Hezbollastan.
Quand et comment l’Egypte et l’Arabie saoudite réagiront contre l’intrusion iranienne demeure une énigme. Quant à la Syrie, elle poursuit sa politique d’influence. Elle manœuvre et manipule amis et ennemis à la fois. Il est clair que le nouveau propriétaire du Liban, n’agit pas toujours dans de le cadre d’intérêts similaires.
C. Les Etats-Unis et l’Occident
L’Iran se présente comme une puissance alternative à l’Occident et aux Etats-Unis, en particulier. Il adopte les « nouveaux chrétiens » et promet de préserver leur statut. Face aux menaces de l’Occident de cesser de soutenir l’armée libanaise, il offre toutes sortes d’armes et une aide généreuse pour restaurer l’économie du pays. Dans cette logique iranienne le renforcement du Hezbollah affaiblira la motivation de l’Occident d’investir au Liban. Elle “tombera comme un fruit mûr” selon l’expression propre à Khomeiny qui avait appelé au démantèlement du dernier bastion de l’Occident sur la côte méditerranéenne.
D. Israël
Les propos d’Ahmadinejadsur la destruction de l’Etat sioniste ont été prononcés aux portes de notre frontière, dans le village Bint Jbel, symbole de la lutte du Hezbollah. C’est ici que Nasrallah avait présenté sa théorie de « la toile d’araignée ». Ce village a été détruit durant la Seconde Guerre du Liban en été 2006 et il a été restauré par l’Iran avec le grand stade municipal où sont tenues les cérémonies de l’Achoura chiite. Tous les drapeaux et les symboles de la République islamique étaient présents et nous rappellent qu’une force iranienne est installée sur notre frontière Nord, prenant part activement dans le combat du djihad contre le sionisme.
En conclusion, il conviendrait de noter que face à la démonstration de force du président iranien au Liban, l’image d’Hassan Nasrallah a été mise en relief dans toute sa laideur avec ses diatribes et ses déclarations incendiaires et face à une foule en délire. Toutefois, Nasrallah n’est pas sorti de son bunker et n’a pas trouvé le courage d’accompagner le président iranien Ahmadinejad à la lumière du jour. Le seul lieu où il se trouve en sécurité et ô combien symbolique, est l’ambassade iranienne à Beyrouth…