Des groupes parlementaires européens, principalement de Gauche, se précipitent ces jours-ci pour reconnaître l’existence prématurée de l’Etat palestinien. Après la Suède et la Grande-Bretagne, voilà que les parlements espagnol et français suivent la même démarche avec enthousiasme sans même réfléchir aux conséquences.

Ces députés savent parfaitement que leur vote n’est que symbolique et pas contraignant, alors à quoi bon bousculer les gouvernements et semer la zizanie ? Croient-ils réussir en dictant leur ordre du jour, et surtout définir le statut final avant toute négociation ? Vont-ils imposer aussi des sanctions contre l’Etat Juif ? Ont-ils obtenu des dirigeants palestiniens des gages pour qu’ils cessent la violence et la belligérance ? Ont-ils déjà convaincu le Hamas de reconnaître l’Etat d’Israël ? Ce mouvement islamiste installé séparément à Gaza ne représente-t-il pas la moitié du peuple palestinien ? On suppose que la majorité des députés connait très mal le dossier et la véritable histoire du conflit, alors pourquoi donc se contenter de préjugés et d’images médiatiques ? Ont-ils consulté les Israéliens avant de prendre une décision unilatérale et contre-productive ?

Ces députés européens n’ont pas eu hélas la même motivation, ni le courage, pour condamner fermement les actes antisémites dans les capitales européennes, ni les actions terroristes palestiniennes et islamistes contre les villages israéliens, ni contre les résidents juifs de Jérusalem. Ils n’ont pas non plus manifesté la même rigueur contre les massacres quotidiens en Syrie, en Irak et en Libye. Les députés communistes, les Verts, ou mêmes les socialistes ont-ils vraiment peur de l’électorat musulman ? N’est-ce pas bizarre de reconnaître d’abord aux Palestiniens Jérusalem comme leur capitale, et de refuser aux Juifs le droit de vivre dans la capitale historique, légitime et unique du peuple juif ?! Comment qualifier cette monstrueuse anomalie ? De supercherie ? D’hypocrisie ! Comment ?

Concernant la France, les démarches au Parlement et au Sénat étaient prévisibles, et il n’est pas exclu que le gouvernement Hollande-Fabius cède tôt ou tard. La France a toujours été favorable à un Etat palestinien. Valéry Giscard d’Estaing a ouvert un premier bureau de l’OLP en Europe et François Mitterrand, qui avait rencontré Arafat au Caire déjà en 1974, a reçu le leader palestinien en grande pompe à l’Elysée. Jacques Chirac avait fait hospitaliser Arafat à Paris, et après la mort de ce dernier, il avait organisé, il y a tout juste 10 ans, une cérémonie militaire solennelle au son de la marche funèbre de Chopin et de la Marseillaise… Du jamais vu dans l’Histoire de la République… On avait honoré un chef terroriste au moment où la France célébrait les commémorations du 11 novembre, le jour de l’Armistice du premier conflit mondial de l’Histoire…

La politique de la France sur la question palestinienne suit donc une certaine logique et probablement ne changera pas. Elle n’avait pas changé lors de la présidence de Nicolas Sarkozy, pourtant « grand ami » d’Israël, puisque c’est durant son mandat que la France a reconnu la Palestine au sein de l’UNESCO. Certes, Laurent Fabius a déclaré récemment que la décision de reconnaître l’Etat palestinien devrait être « utile pour la paix », mais dans le contexte politique intérieur français, et selon les précédents de la V^e République, il faut s’attendre au pire : la France socialiste, celle de Jean Jaurès et de Léon Blum, sera parmi les premiers pays européens à reconnaître l’Etat de Palestine au détriment de l’Etat Juif.

Freddy Eytan