Vote sanction ou vote de confiance pour Netanyahou
Les élections anticipées prévues le 17 mars 2015 seront décisives pour l’avenir de l’Etat d’Israël. Elles détermineront surtout si Netanyahou sera toujours le Premier ministre ou si sa carrière politique s’achèvera définitivement dans une centaine de jours. Si Netanyahou dirigera l’Etat juif pour la quatrième fois, cela dépendra aussi du taux de participation des électeurs. La majorité écrasante des Israéliens est fatiguée des querelles politiques et pense justement que ces élections sont vraiment inutiles. Tous souhaitent ardemment une coalition stable, capable de prendre des décisions et des réformes dans l’intérêt de l’Etat et des citoyens, et non des partis. Notre société ne peut plus se permettre de fréquentes et coûteuses campagnes électorales, et il est temps de changer enfin le système proportionnel actuel.
Nous devrions mettre un terme à la multiplication de petits partis charnières capricieux. Nous devrions suivre l’exemple des Etats-Unis ou celui des pays européens. Notre pays, qui affronte quotidiennement des défis et surtout des menaces existentielles, est aujourd’hui ingouvernable. Aucun premier ministre n’est capable de prendre sagement et sans contrainte des décisions importantes, ni sur le plan social ou économique, ni sur le processus de paix.
Il est regrettable et triste d’observer comment des questions personnelles et purement politiques prévalent chaque fois sur les décisions graves. Au sein de la récente coalition, au moins quatre chefs de partis avaient la prétention de devenir Premier ministre. Quand aucun ministre n’a confiance en son chef de gouvernement, mais n’a pas non plus le courage de démissionner, eh bien, rien ne marche ! Les affaires de l’Etat piétinent et les citoyens protestent et râlent.
Après 19 mois au pouvoir dans son troisième mandat, Netanyahou a enfin compris que la dissolution de la Knesset et de nouvelles élections seraient l’ultime solution. Sa décision n’était pas facile à prendre car personne ne peut prédire ou garantir quels seront les résultats du prochain scrutin surtout dans un échiquier complexe comme le nôtre, et dans un Proche-Orient en pleine turbulences.
Netanyahou aurait pu décider d’avaler des couleuvres et rester au pouvoir pour deux ans et demi encore. Ses adversaires devraient reconnaître qu’il a eu quand même le courage politique de prendre des risques sachant parfaitement que les sondages, qui lui sont actuellement favorables, ne sont qu’un échantillon d’opinions éphémères et non une science exacte. Donc, rien n’est joué, et tout se décidera entre le bloc de Gauche et le bloc de Droite, entre un vote sanction ou un vote favorable à la politique de Netanyahou.
Face à ses adversaires, Netanyahou est probablement l’homme politique le plus expérimenté de tous les chefs de gouvernements qu’a connu l’Etat d’Israël depuis sa création, mais rien n’assure aujourd’hui qu’il obtiendra un quatrième mandat. Mettra-t-il son expérience et sa connaissance des dossiers en exécution ? Ses facultés en accord avec l’intelligence et la raison ? Sera-t-il cette fois-ci capable d’accomplir les réformes nécessaires, de partager le fardeau national, d’entamer un processus de paix pragmatique avec les Palestiniens et d’écarter définitivement la menace chiite iranienne ? Une partie de l’opinion israélienne et internationale en doute.
Le monde entier, et en particulier les Palestiniens, suit de près cette campagne électorale. Il faut éviter à tout prix que l’Europe ou les Etats-Unis interviennent dans nos affaires intérieures pour influer sur les résultats et écarter Netanyahou du pouvoir. Seuls les citoyens israéliens sont maîtres du jeu électoral, souverains absolus dans leur décision et dans leur avenir politique.
Le prochain Premier ministre qui sera de Gauche ou de Droite devrait mettre ses divergences personnelles au vestiaire et agir en homme d’Etat plutôt qu’en politicien et chef de parti. Tous l’espèrent vivement, car son succès sera bénéfique à tous les citoyens israéliens.
Certes, devant les menaces proches et lointaines, il serait souhaitable de former un gouvernement de salut public, une forte coalition, large et solide, mais dans le contexte actuel cette noble mission semble impossible.
Pourtant, Israël a toujours gagné ses batailles dans le rassemblement et l’union. Enfin, nous souhaitons que la nouvelle coalition se forme tout naturellement et très rapidement, juste après ces élections. Les défis sont graves et omniprésents et pour les relever avec succès nous devons compter que sur nous-mêmes et sur le soutien inébranlable des communautés juives.
Freddy Eytan