Vive émotion pour une médaille de bronze à Rio
Les compétions sportives et surtout les Jeux Olympiques représentent en Israël une sorte de sismographe qui mesure les mouvements d’humeur, et les états d’âme de notre société et de notre classe politique. Certes, tous les pays du monde sont passionnés de compétitions sportives, mais chez nous cela va jusqu’à l’extrême et sur tous les plans.
Notre cas est unique car nous sommes toujours assoiffés de récompenses, de pouvoir l’emporter sur nos adversaires, de vaincre nos ennemis. Non pas par vengeance, mais pour prouver que nous sommes assez forts pour pouvoir combattre et gagner.
Durant plus de deux mille ans nous n’avons pas eu ce noble privilège de gagner naturellement des matchs et des médailles, comme toute nation indépendante.
Dans ce contexte, la grande famille israélienne suit toujours avec enthousiasme et passion les activités de ses sportifs. Nous changeons rapidement d’humeur et passons sans transition et cyniquement de la tristesse à la joie, et vice-versa. C’est ainsi que nous vivons depuis la création de notre Etat. Les jours de souvenir et de recueillement sont toujours suivis par des moments mémorables d’allégresse et d’ambiance euphorisante, tel le Jour du Yom Ahatsmaout.
Le massacre de nos 11 athlètes aux Jeux Olympiques de Munich de 1972 a renforcé cette attitude ambivalente face au monde entier.
Ainsi, quand la judokate Yarden Gerbi remporte à Rio la médaille de bronze face à sa rivale japonaise, c’est tout le peuple israélien qui applaudit avec passion et fierté, bien qui ne s’agisse que d’une seule médaille de bronze…
Toute la presse, qui a été cynique et très critique la veille, fait soudain sa manchette en qualifiant Yarden de « championne » et d’ « Héroïne nationale ». Toute la classe politique la félicite et parle « d’événement historique. » En effet, depuis qu’Israël a participé pour la première fois à Helsinki aux Jeux Olympiques de 1952, nous n’avons remporté au total que huit médailles, dont quatre en judo.
C’est bien triste qu’une nation forte militairement et capable d’accomplir des miracles se trouve à la queue des pays du monde dans le domaine du sport collectif ou individuel. Nous étions généralement absents des grands événements mondiaux tels que dans les derniers matchs de l’Euro en France. Quant à certains succès en basketball, la majorité des joueurs ne sont que des professionnels venant de l’étranger.
Pour arriver à la finale, gagner et réussir une compétition, il faut non seulement avoir la foi et la détermination, mais aussi appliquer une discipline de fer. Le succès s’acquiert seulement par des efforts constants d’exercice quotidien et surtout par une politique nationale suivie et un budget convenable pour chaque sportif.
Ne jamais se contenter de paroles et des félicitations d’un jour, et surtout éviter toute récupération politique éphémère.
C’est bien toute l’année que nous devrions encourager et soutenir nos sportifs.
Freddy Eytan
Pour citer cet article :
Freddy Eytan, «Vive émotion pour une médaille de bronze à Rio», Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/vive-emotion-pour-une-medaille-de-bronze-rio