Une succession palestinienne sur le fil du rasoir islamiste
Voilà plus de 15 ans que Mahmoud Abbas, 86 ans, dirige l’Autorité palestinienne sans permettre, une fois de plus, des élections législatives et présidentielles.
Le 15 janvier 2021, sous de fortes pressions européennes particulièrement françaises, et encouragé par des ONG israéliennes de l’extrême gauche, Abbas annonce, tambour battant, de nouvelles dates pour tenir enfin des élections. Le chef palestinien promet de lancer « une campagne électorale démocratique dans toutes les régions de Palestine, y compris à Jérusalem-Est. » Une déclaration intempestive et une promesse non tenue comme de coutume. Trois semaines avant le premier scrutin, et par crainte de perdre ces élections au profit du Hamas, Abbas se dérobe une fois encore en reportant sine die le verdict du peuple. Pour justifier l’annulation de ces élections, le chef palestinien trouve toujours le prétexte pour accuser Israël.
C’est clair, Mahmoud Abbas souhaite un Etat indépendant avec comme capitale Jérusalem sans aucune négociation et sans faire aucune concession. D’ailleurs comment tenir des « élections démocratiques » dans un Etat toujours virtuel ? Et puis, comment admettre des élections indépendantes au sein de la capitale souveraine de l’Etat Juif puisque Jérusalem sera la seule et unique capitale dans toute négociation future avec les Palestiniens. C’est en effet la position de tous les gouvernements israéliens, de droite comme de gauche, depuis 1967.
Précisons aussi qu’il n’y a pas à ce jour un refus du gouvernement israélien contre la tenue d’élections pour élire les membres d’une nouvelle autorité palestinienne, pour la simple raison qu’Israël n’intervient pas dans les affaires intérieures de ses voisins.
En réalité, Mahmoud Abbas n’a pas changé et ne changera pas de politique de son vivant. Ses discours à Ramallah sont bien différents que ceux prononcés à Paris ou à New-York. D’une part, il s’engage à « promouvoir une culture de paix et un rejet de la violence » et dans la même veine, l’Autorité Palestinienne qu’il dirige encourage les actes de violence et paye des salaires aux auteurs d’attentats et à leur famille.
Abbas pense comme le Hamas et persiste à croire que toute la Palestine, du fleuve à la mer, avec Jérusalem comme capitale, lui appartient. Il ne changera pas de narratif et ne renoncera jamais au « retour » des réfugiés palestiniens. Sa terrible peur est d’être ciblé comme traître à la cause palestinienne.
Depuis 2007, il ne maitrise plus la situation dans la bande de Gaza, dirigée par le régime du Hamas, et il ne peut donc représenter l’ensemble du peuple palestinien, ni accepter des résolutions à l’ONU et au sein des instances internationales en leur nom.
Le 20 février 2018, le président de l’Autorité palestinienne avait déjà rejeté le « deal du siècle » du président Trump au Conseil de sécurité de l’ONU et condamna les Accords d’Abraham.
Il avait affirmé que l’administration américaine a perdu sa capacité à servir de médiateur impartial et depuis il n’a pas modifié ses positions intransigeantes et irréalisables. Aujourd’hui, Abbas n’a aucun prétexte, la carte des élections n’est plus valable et puis, il refuse toujours de dialoguer avec Israël même par l’intermédiaire de l’administration Biden.
La réalité sur le terrain est bien connue. Depuis plusieurs décennies, avec toute l’aide et le soutien des organismes de l’ONU, de l’UE et des diverses et multiples ONG, Abbas et avant lui Arafat, non rien fait de positif pour leur peuple. Leur échec est cuisant et total non seulement devant toute réconciliation avec le Hamas mais dans la gestion des affaires quotidiennes. Refusant de céder jusqu’à son départ définitif du pouvoir, il poursuivra son narratif désastreux, coûte que coûte et se moque éperdument de l’avenir. Il préfère donc que son bilan soit catastrophique et sans résultats positifs.
Abbas n’est plus populaire dans la rue palestinienne. Le Hamas présente une menace et une alternance, à la fois. Persona non grata à Gaza, le vieux chef palestinien craint le pire scénario de voir le Hamas s’installer dans ses bureaux confortables de Ramallah.
Le bilan d’Abbas est vraiment désastreux pour le peuple palestinien car il n’a rien obtenu de concret durant toutes ces années au pouvoir. Ses multiples voyages à l’étranger, ses nombreuses démarches devant les chancelleries et les organismes internationaux, et notamment à l’ONU, toutes ses promesses concernant la création imminente d’un État indépendant, et ses différentes Intifada ont toutes été vouées à l’échec.
Mahmoud Abbas se berce aussi d’illusions en pensant que le départ de Nétanyahou et un nouveau gouvernement lui offrira sur un plateau d’argent un Etat indépendant. La majorité des Israéliens n’est plus dupe.
Encouragé fortement par l’Union européenne et particulièrement par la France, soutenu par le roi Abdellah de Jordanie, et par la Cour pénale internationale, Mahmoud Abbas a choisi donc de jouer avec le feu.
Souhaite-il vraiment une confrontation directe entre policiers palestiniens et soldats de Tsahal ? Une nouvelle Intifada ?
Tout changement du statu quo et surtout de la collaboration sécuritaire profitera au Hamas et plongera la Cisjordanie dans le chaos total.
Au sein du Fatah, les couteaux sont tirés depuis longtemps et la guerre de succession risque de s’achever en véritable bain de sang.