Une ingérence grossière et inadmissible

Nicolas Sarkozy est connu pour son franc parlé et sa franchise mais il oublie parfois qu’il porte l’habit du président de la république et que ses paroles et ses petites phrases maladroites seront toujours divulguées à la presse, même si elles ont été prononcées dans un cadre privé.

Les propos tenus contre Avigdor Lieberman sont inadmissibles. Certes, monsieur Sarkozy a effectué la veille, un important remaniement ministériel au sein du gouvernement Fillon, et dans sa lancée, il s’est permis d’évoquer l’avenir de la coalition parlementaire israélienne, mais cette fois-ci, il s’est mêlé  dans des affaires qui ne le concernent pas. Sarkozy a rappelé qu’il a refusé de recevoir Lieberman à l’Elysée et qu’il préfère madame Livni aux Affaires étrangères. C’est son choix mais pas son droit. Rappelons qu’au mois de mai dernier et en visite de travail à Paris, Lieberman n’a été reçu que par le secrétaire général de la présidence et Sarkozy a refusé obstinément de le recevoir.

Rappelons que tous les ministres des Affaires étrangères et notamment celui de la France sont reçus à Jérusalem avec tous les égards par le président de l’Etat et le Premier ministre, même si le protocole ne l’exige pas. C’est une règle de conduite entre pays amis. Le dialogue et le contact sont primordiaux pour aplanir les divergences et convaincre ses bonnes intentions. Libermann n’est pas un diplomate, c’est un homme politique, un chef de parti, franc et direct qui ne pratique pas la langue de bois. Sarkozy non plus ne cache pas ses pensées et dit parfois tout haut ce qu’il pense sur tel ou tel dirigeant politique. Cette fois-ci, le président français a franchi un pas inadmissible dans les rapports entre les deux Etats. Il s’est permis de  dire directement à son copain Bibi qu’il s’était trompé dans la nomination de Lieberman…Une ingérence grossière dans les affaires intérieures d’un pays ami et dans le choix des ministres d’un gouvernement étranger. Le  remaniement ministériel s’est fait à Paris et non à Jérusalem!  Dans des conversations privées, des hommes politiques français qualifient souvent Lieberman de fasciste et on le compare à Jean Marie le Pen pour les “propos racistes” qu’il tient  à l’égard des arabes israéliens. Certes, on peut critiquer le style, ne pas accepter la politique de Lieberman, mais il est inconcevable de ne pas le recevoir lors d’un voyage officiel et écouter son point de vue. C’est lui tout de même, et jusqu’à nouvel ordre, le chef de la diplomatie israélienne…