La démocratie est incompatible avec les intégristes et l’Islam politique
L’Egypte plonge vers l’inconnu. L’incertitude s’aggrave dans la tourmente et le risque d’une guerre civile n’est toujours pas écarté. L’arrestation du guide spirituel de la confrérie des Frères musulmans, Mohammed Badie, et avec lui de centaines de ses partisans, rappelle l’époque lointaine des affrontements qui ont déferlé contre le régime du président Nasser et soulignons que Sadate, son successeur, avait été tué par les balles des islamistes.
Certes, nous suivons les événements en cours avec inquiétude mais nous ne pouvons apporter ni contribution ni intervenir, et laissons donc les Egyptiens décider eux-mêmes de leur avenir.
Cependant, nous avons l’impression que dans ce théâtre de l’absurde nous assistons à une répétition de la chute de Moubarak. Il est incontestable que l’armée joue un rôle crucial et unique dans un monde arabe en ébullition. Contrairement à la Syrie les militaires en Egypte sont avec le peuple. Ils sont avant tout des patriotes sachant parfaitement maîtriser la situation mais ils savent aussi diviser pour régner.
Le brusque départ du président Morsi, élu pourtant légitimement par un certain processus démocratique, surprend et étonne les observateurs. Son départ de la scène était imprévisible il y a encore quelques jours, et prouve que le Proche-Orient est instable et peut changer rapidement de mains et de visages au grand dam des services de Renseignement. Ils ne peuvent jamais suivre la cascade des événements politiques et religieux et le comportement des sociétés arabes déchirées entre la veille garde et les jeunes qui utilisent habilement les avantages magiques de l’Internet.
Au sein de l’administration Obama, au Quai d’Orsay et au Foreign Office, on avait cru que Morsi était le maître absolu de l’Egypte, le nouveau pharaon… Il existait selon les diplomates occidentaux un « islamisme soft » car les Frères musulmans représentent des « intellectuels pragmatiques » capables de gérer un pays démocratiquement. Eh bien, suite aux retombées du « Printemps arabe » déclenché en Tunisie, l’Occident se trompe toujours et ignore que nous vivons dans un Moyen-Orient imprévisible, où les intégristes islamiques sabotent systématiquement toute tentative de réconciliation avec le monde moderne et la civilisation judéo-chrétienne et sont incapables de gérer un Etat avec des valeurs démocratiques.
De même qu’avec les ayatollahs en Iran, la méconnaissance de la confrérie islamiste demeure totale et parfois grotesque ; elle se traduit par la confiance et la crédibilité que les médias et les chancelleries donnent à Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur de ce mouvement intégriste. On retrouve également cette naïveté flagrante dans les salamalecs à l’égard du Qatar, qui diffuse une propagande sans scrupule, un soit-disant islamisme « light », par le biais de la chaîne al-Jazeera.
Bien entendu, nous n’allons pas verser de larmes pour le départ de Morsi, mais il faut toutefois reconnaître que ce dernier n’a pas abrogé le Traité de paix avec l’Etat juif, et a bien réussi l’épreuve durant l’opération « Pilier de défense » déclenchée par Tsahal en novembre dernier. Il a su maîtriser le Hamas et a pris des mesures adéquates contre des groupes terroristes dans le Sinaï. Cette politique devrait être suivie par ses successeurs car le djihad mondial et le Hamas n’ont jamais abandonné leur croisade, leur cruel combat au nom d’un Dieu méchant et rancunier. L’instabilité en Egypte et l’afflux des armes depuis le Soudan en passant par la Libye risquent de relancer le terrorisme aveugle et d’aggraver la lutte entre intégristes et laïcs de tous bords.
Nous devrions surtout poursuivre nos contacts directs avec l’état-major égyptien et leur service de Renseignement pour éviter à tout prix l’escalade et un nouveau conflit frontalier.
Depuis 1979, nous avons respecté à la lettre les accords signés avec Le Caire et nous souhaitons vivement, dans notre propre intérêt, que le peuple égyptien sorte enfin de la crise, retrouve la stabilité politique, économique et touristique.
Enfin une réflexion à méditer : voilà déjà 34 ans que nous avons signé avec Anouar el-Sadate un solide traité de paix, mais les Egyptiens, par ignorance, ont malheureusement choisi une paix froide, haineuse et contre-productive. Certes, fort heureusement, ils ont refusé la guerre, mais imaginons leur situation actuelle si les relations avec l’Etat juif avaient été positives et constructives ? Le pays des pharaons plongé aujourd’hui dans la misère et le désespoir n’aurait-il pas été uni et prospère ? Un véritable grand pays arabe exemplaire ? Quel gâchis…!
Freddy Eytan
Retrouvez cet article sur le site de la loge Hatikva du B’nai B’rith France, sur Terre d’Israël , PN5 News, The Métropolitain et sur le site de l’UPJF.