Un pari utopique
La proclamation d’un Etat indépendant est un acte réfléchi, calculé et réalisable et consiste préalablement à obtenir l’appui de tout un peuple, s’assurer du retrait de l’occupant et du droit international et avoir le soutien des chancelleries. En dépit de la fameuse déclaration Balfour qui accordait officiellement un Foyer national au peuple juif, les dirigeants sionistes de l’époque ne se sont pas empressés pour proclamer en 1917 la création d’un Etat juif en Palestine.
Ben Gourion a proclamé l’indépendance de l’Etat juif, 30 ans plus tard et 6 mois après avoir obtenu l’aval des Nations Unies et juste après le départ définitif des forces britanniques de Palestine mettant fin au régime mandataire. Ainsi ont suivi les pays d’Asie et d’Afrique, et notamment ceux du Maghreb, et les anciennes colonies de la France.
En proclamant la création d’un Etat palestinien pour l’année 2011, le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad,joue un énorme risque et dévoile un manque de maturité politique. Fayyad, n’est pas un homme d’Etat ni un politique. C’est un technocrate et un gestionnaire, spécialiste des affaires économiques qui tente par tous les moyens de briguer un nouveau mandat. L’Etat est, à ses yeux, une grande entreprise qu’il faut bien diriger et gérer afin de faire des bénéfices. Il propose de se détacher complètement d’Israël et surtout de couper unilatéralement le cordon économique. Cette optique n’est sans doute pas réalisable parce que l’économie, le commerce, les échanges, la main d’œuvre, et la monnaie israélienne demeurent un ballon d’oxygène pour les Palestiniens. Fayyad prend ses désirs pour des réalités y compris pour l’avenir du statut Jérusalem-Est. Il est convaincu d’obtenir le soutien des Américains et des Européens, mais comment va-t-il créer un Etat s’il ne représente lui-même, que la moitié de son peuple et donc la moitié du territoire du futur Etat palestinien?
Les divergences sur son projet sont si profondes et si compliquées sur le plan intérieur, juridique et international que l’ancien président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat,n’a pas osé se prononcer sur ce sujet même après la signature des accords d’Oslo en 1993. Il l’a fait à Alger en 1988 pour des raisons tactiques et pour sortir de son isolement. Mahmoud Abbas non plus n’a pas osé proclamer un Etat de PalestineSans évoquer tous les détails et les souhaits de Fayyad, les pages du projet sont peut-être intéressantes sur le plan académique et nous donnent un certain espoir pour la région, mais hélas, ce projet grandiose n’est qu’un pari utopique est loin d’être réalisable sur le terrain. En fait, ce n’est qu’un rêve qui pourrait se transformer en vrai cauchemar pour un peuple qui depuis 1947 est plongé dans un désarroi et aspire sans succès à un véritable leadership.