Un lourd fardeau national sur un simple soldat de Tsahal

Le procès a duré plus de 9 mois et le verdict vient de tomber. Trois juges militaires justifient, dans un long réquisitoire de cent pages, pourquoi le soldat Elor Azaria a été accusé d’homicide volontaire. Ils ont réfuté en bloc les arguments des avocats de la défense. Leur plaidoirie n’a sans doute pas été assez convaincante malgré tous les brouhahas.

Nous pouvons, bien entendu, regretter que ce procès n’ait pas eu lieu loin des projecteurs, et que le soldat n’ait pas été jugé autrement. Certes, les juges n’ont pas été sensibles au contexte général et à « la voix du peuple », mais c’est ainsi que des juges fonctionnent dans le cadre d’un tribunal militaire. Malheureusement sans aucun sentiment !

Soyons clairs, ce procès n’était sans doute pas celui d’un nouveau capitaine Dreyfus, et le soldat Azaria n’était pas non plus un héros, un vaillant combattant qui avait prouvé sa bravoure.

Jamais dans l’histoire de Tsahal un procès n’a provoqué tant d’émotion et de polémique publique. Depuis le 24 mars 2016, l’affaire du soldat de Tsahal, qui a achevé un terroriste palestinien gisant au sol à Hébron, préoccupe sans relâche l’opinion israélienne et internationale.

Et pour cause, cette affaire concerne de nombreux aspects de notre vie quotidienne, et notamment notre combat contre le terrorisme, la conduite des soldats dans les Territoires, les valeurs de Tsahal, les enquêtes des ONG, la Justice militaire, le rôle de la presse, mais aussi l’avenir des relations du peuple israélien avec son armée.

Il est inadmissible de refuser le verdict bien que l’appel soit sans doute justifié. Cependant, il est scandaleux et révoltant de manifester violemment dans la rue contre l’état-major de l’armée et surtout de menacer son chef, le Général Eizenkot. Comment des parents osent-ils refuser après ce verdict d’envoyer leurs enfants sous les drapeaux ? Comment inciter à la haine et propager des insultes sur les réseaux sociaux contre des officiers qui nous défendent nuit et jour ?

Cette conduite malsaine des opposants au verdict, et surtout celle de voyous anarchistes, est forte dangereuse et inquiétante. Elle risque d’ébranler les valeurs fondamentales de notre démocratie. De manquer de discipline au sein de l’armée, de refuser la mobilisation pour défendre la patrie, et d’inciter à la révolte dans les casernes. La police devrait agir avec fermeté pour éviter tout dérapage et affrontement inutile.

La récente manifestation de solidarité à Tsahal et à ses chefs réunie Place Rabin à Tel-Aviv prouve que, malgré les profondes divergences, la majorité écrasante des Israéliens respecte leur chef d’état-major et aime leur armée qui demeure sans équivoque l’armée du peuple.

Dans cette affaire, des hommes politiques de tous bords sont intervenus inutilement et ont réussi à politiser grossièrement Tsahal par des slogans populistes. Mettons donc Tsahal à l’écart de toute récupération et démagogie dans le débat public, bien qu’il faille reconnaître que le théâtre de l’opération n’a pas été géré convenablement par les officiers opérants sur le terrain. La presse, et tout particulièrement les chaînes de télévision, ont aussi grossi l’évènement et ont transformé ce procès douloureux et sensible en une émission populaire de « télé réalité ». Les avocats de la défense ont eu tort de sensibiliser l’opinion publique par des preuves douteuses et parfois contradictoires. Ils ont commis un grand tort en laissant la famille se bercer d’illusions.

Pauvre famille Azaria, c’est bien elle la victime qui souffre depuis le premier jour. Elle ne réalisera jamais que son fils est vraiment un assassin. Comment l’est-il s’il a tué un terroriste venu poignarder lâchement des copains du même régiment ? Comment des parents pourront-ils expliquer demain aux nouveaux conscrits qu’ils affronteront le même sort que le soldat Azaria, s’ils tiraient trop rapidement sur la gâchette, ou vidaient leur chargeur sur un terroriste neutralisé. Comment écarter toute menace et danger même avec une arme à la main ?

Toute cette affaire est bien complexe et très compliquée. A tort, elle a été mise dans toute sa pesanteur sur le dos fragile d’un seul et simple soldat. Certes, celui-ci a agi nerveusement dans un climat tendu et sensible et dans une ville explosive comme Hébron, mais il n’a pas non plus respecté la règle appliquée sévèrement dans chaque armée, celle d’obéir aux ordres de ses supérieurs. Il est aussi interdit pour un soldat d’agir par vengeance.

Contrairement aux autres armées de pays démocratiques, Tsahal agit avec un code de conduite bien clair. Elle est l’une des rares armées au monde qui enquête minutieusement sur chaque incident et reconnaît sans équivoque les erreurs commises. Tsahal a aussi accepté les conventions et les lois internationales en ce qui concerne les règles appliquées en état de guerre. On n’achève jamais un prisonnier blessé.

Suite à ce verdict, toute la théorie et les manipulations contre Tsahal se sont rapidement écroulées. Comment les chancelleries, les ONG, et les médias peuvent maintenant condamner Tsahal pour avoir commis “des crimes de guerre” et exiger des commissions d’enquête internationale ainsi que l’arrestation de généraux israéliens ? Nous ne souhaitons faire aucune comparaison avec les opérations et les exactions des autres armées du monde et rappeler les guerres des pays occidentaux et de l’OTAN dans des pays étrangers, loin de leurs capitales respectives.

Dans ce procès, il n’existe pas non plus de camps opposés, entre la Droite et la Gauche, entre le gouvernement et l’opinion publique. Entre l’état-major et des « soldats rebelles ». Comment peut-on imaginer une campagne personnelle contre le chef des armées, chargé de notre propre sécurité ? Contre des juges militaires ? C’est insensé et absurde dans un pays démocratique plongé depuis sa création dans un état de guerre permanente. Tsahal n’est pas une milice. L’ordre hiérarchique et la discipline seront toujours, chez nous, des règles d’or.

La majorité écrasante des Israéliens souhaitent aujourd’hui une grâce du soldat Azaria, cela pourrait mettre un terme à la polémique et au déchirement de la société, mais en même temps relancera probablement une forte polémique et de nouvelles accusations de la part de nos détracteurs et ennemis sur la scène internationale.

Benjamin Nétanyahou a été le premier à s’exprimer favorablement pour une clémence au soldat, et plusieurs ministres et députés l’ont suivi dans cette démarche. Ils l’ont fait, à notre sens, hâtivement, trop vite. Il est important de ne pas casser la procédure judiciaire pour des raisons politiques ou partisanes. C’est donner le mauvais exemple. Un véritable leadership devrait agir avec sang-froid et calmer avec sagesse tous les esprits.

Freddy Eytan

 


Pour citer cet article : 

Freddy Eytan, « Un lourd fardeau national sur un simple soldat de Tsahal », Le CAPE de Jérusalem: http://jcpa-lecape.org/un-lourd-fardeau-national-sur-un-simple-soldat-de-tsahal/