Un accord intérimaire viable sur des questions sécuritaires existentielles
John Kerry est un diplomate infatigable déterminé à aboutir à un accord entre Israël et l’Autorité palestinienne. Le secrétaire d’Etat américain croit sincèrement dans ses capacités à convaincre les deux parties. Il joue avec habilité l’art de la diplomatie en mettant le prestige et le poids des Etats-Unis dans la balance.
Au départ Kerry a fixé un calendrier précis de 9 mois, mais par la suite il a bien compris que la mission serait quasiment impossible. Craignant de perdre sa crédibilité, il change actuellement de cap et, avec une extrême prudence, propose d’aboutir à un accord intérimaire sur des bases sécuritaires solides et des avantages économiques. L’aspect sécuritaire est primordial pour nous : nous ne signerons aucun accord avec les Palestiniens si nous n’obtenons pas de frontières sûres et défendables. Comprenant cette revendication majeure, Kerry propose un plan détaillé qui garantira à l’Etat juif une sécurité absolue. Nétanyahou a raison d’insister sur la défense nationale et l’importance de la sauvegarde de certains territoires stratégiques comme la vallée du Jourdain. Le Premier ministre suit ses prédécesseurs et la doctrine des généraux de l’état-major. Yigal Allon, Ariel Sharon et Yitzhak Rabin avaient souvent affirmé que, dans tout accord final, Tsahal devrait continuer à contrôler la vallée du Jourdain. Face aux menaces proches et lointaines, et particulièrement face à la guerre civile en Syrie et à la désintégration de l’Irak, l’obstination de Nétanyahou est plus que jamais justifiée car la présence militaire israélienne est vitale !
Un Etat palestinien sans une présence de Tsahal dans la vallée du Jourdain se transformerait très rapidement en un bastion du terrorisme international. Soulignons que le Hamas, qui représente la moitié du peuple palestinien, rejette tout accord et refuse même de reconnaître notre propre existence ! Le Hamas sera le premier, avec le soutien de l’Iran, à renverser le régime de Mahmoud Abbas en Cisjordanie. L’afflux de groupes terroristes déstabilisera tout le front Est. Le royaume hachémite subira une guerre civile meurtrière qui rappellera le fameux septembre noir de 1970. Cette situation catastrophique entraînera l’abolition du traité de paix signé entre Israël et la Jordanie en 1993 et permettra aux Palestiniens, qui sont majoritaires dans ce pays, de créer un énorme Etat extrémiste installé sur les deux rives du Jourdain ! Un cauchemar pour l’avenir de l’Etat juif et de toute la région.
Les garanties américaines et la présence de forces étrangères proposées par John Kerry ne pourront empêcher ce scénario catastrophe. L’impuissance de la FINUL au Sud Liban, l’abandon de l’axe Philadelphie dans la bande de Gaza avec la montée en puissance du djihad mondial dans le Sinaï sont des exemples parmi d’autres qui nous font dire « Niet » aux Américains, en refusant catégoriquement toute présence étrangère sur notre territoire. Kerry devrait reconnaître que seul Tsahal est capable d’assurer la sécurité des citoyens israéliens et de garantir ainsi la stabilité du futur Etat palestinien.
Freddy Eytan