Sur le Moyen-Orient : deux politiques opposées en Europe
Les leaders européens parlent de plusieurs voix. Cette dissonance se traduit dans les grands dossiers brûlants tels que l’immigration et le combat contre le terrorisme islamique, mais surtout sur le conflit arabo-israélien et les menaces iraniennes.
Ces dernières semaines, nous avons assisté à plusieurs événements qui confirment que l’Europe est bien divisée et déchirée sur tous les plans et dans tous les domaines. Les résultats des dernières élections au Parlement européen prouvent que les idéologies s’effondrent à Droite comme à Gauche et que surgissent des nouveaux partis et mouvements préoccupés, entre autres, par l’écologie et les… animaux… puisque lors de cette dernière élection, 500 000 personnes en France ont voté pour la protection des chiens et des chats… Et non pas sur la protection des droits de l’Homme… Dans les deux cas, ces missions sont sans doute importantes pour l’avenir de la planète. Toutefois, en ce qui concerne le Moyen-Orient, les Verts jouent un double jeu et ne condamnent pas, par exemple, les gigantesques incendies perpétrés par des terroristes palestiniens de Gaza dans les champs et plantations des agriculteurs israéliens. Désormais, l’écologie est devenue purement une affaire politique.
Nous constatons aussi que l’Europe occidentale, celle de la France, l’Espagne ou la Belgique, suit une politique bien différente que celle des Etats d’Europe centrale ou des Balkans. Dans le cadre de ses activités, le JCPA-CAPE de Jérusalem a organisé récemment un débat fructueux avec les dirigeants de l’Institut des Affaires étrangères et du Commerce de Budapest en présence de l’ambassadeur hongrois en Israël.
Conférence au JCPA-CAPE de Jérusalem avec l’IFAT (photo Ambassade de Hongrie)
On reproche souvent au gouvernement israélien de se mettre dans le camp de la Droite nationaliste européenne et de soutenir des partis populistes et extrêmes. Cependant, celui qui critique l’extrême-droite devrait aussi condamner l’extrême-gauche européenne. Elle est plus active et plus virulente et nous le constatons dans les activités du BDS qui démontrent un antisionisme flagrant devenu une nouvelle forme d’antisémitisme. Dans certains partis du Vieux continent, au sein du Labour britannique comme chez les Verts, les critiques contre Israël sont plus fréquentes. Pourtant, et malgré le soutien à la cause palestinienne, les actes terroristes en Europe sont plutôt focalisés en France ou en Belgique et non pas dans les pays du centre et de l’Est européen.
Pourquoi donc les pays européens ne sont-ils pas assez courageux pour formuler une politique assez claire et transparente ? Pourquoi sont-ils hypocrites quand il s’agit de résoudre le problème palestinien ? Pourquoi les dernières propositions américaines tel que le prochain sommet économique à Bahreïn ne sont-elles pas encouragées et les Européens n’exercent-ils pas de fortes pressions sur Mahmoud Abbas pour qu’il participe avec l’Egypte et la Jordanie à un sommet dont le but est d’améliorer considérablement les conditions de vie des palestiniens ? Pourquoi céder toujours au chantage et aux initiatives haineuses et sans fondement des Palestiniens dans les instances internationales ?
Et puis on s’étonne que le gouvernement israélien cherche des amis en Europe au sein des partis de Droite et se dirige plutôt vers les Etats-Unis. Face à une Europe affaiblie politiquement, les Etats-Unis sont en effet un véritable allié stratégique.
L’Europe occidentale cède trop souvent aux sirènes antisémites du BDS
Nombreux sont les Israéliens qui demeurent sceptiques et affirment à chaque occasion que les Européens sont fondamentalement antisémites, et donc rien ne pourra changer dans nos relations avec eux. Non ! Les dirigeants européens ne sont pas antisémites et nous devrions condamner avec force tout acte raciste de la part d’un leader de parti. Toutefois, nous devrions réagir avec une realpolitik et observer prudemment tous les intérêts en cours avec discrétion et sans préjugés et préjudices.
Certes, il est clair que le passé ne doit jamais être oublié ou gommé, mais nous devons aspirer à un avenir meilleur. Rappelons que nous avons obtenu des réparations de l’Allemagne et cette décision déchirante et sensible a été prise lourdement justement pour tourner la page et établir des relations diplomatiques fructueuses avec le pays qui a permis le nazisme et la Shoah. Ces relations sont jusqu’à présent bénéfiques.
Par conséquent, pour améliorer les relations avec l’Europe, nous devons procéder à une révision complète et pragmatique. Ne pas rejeter automatiquement des Etats européens comme la Hongrie qui souhaitent améliorer leurs relations. La séparation avec les pays classiques d’Europe occidentale, tels que la France, l’Espagne ou l’Italie, est nécessaire face aux pays anciennement contrôlés par le bloc communiste. Les populations sont diverses et les mentalités et intérêts différents. Ils sont moins impliqués et ne s’intéressent pas beaucoup au conflit au Moyen-Orient. Nos liens avec les pays d’Europe centrale comme ceux des pays des Balkans sont solides et cette évolution est importante et devrait être saluée. Récemment des manœuvres aériennes communes ont été coordonnées avec l’aviation israélienne.
Benjamin Nétanyahou avec la chancelière Merkel à Berlin en 2016 (photo Ben Gershom GPO)
Nous devrions également prendre des mesures concrètes pour supprimer tous les boycotts et toutes les tentatives d’imposer des sanctions. Nécessaire aussi d’empêcher l’UE de financer directement et indirectement des ONG et organisations hostiles, dont certaines soutiennent le terrorisme.
Grâce aux atouts stratégiques et aux valeurs communes, Israël et l’Europe peuvent consolider leurs relations dans tous les domaines, et notamment agir de concert sur le plan humanitaire et économique pour améliorer la situation des Palestiniens et aider les pays africains en détresse. Un traitement commun à la source et sur le terrain empêchera une migration massive vers le continent européen.
Enfin, dans le combat contre le terrorisme islamique, nous attendons toujours une reconnaissance publique et officielle de l’UE sur les informations précises transmises concernant des tentatives de perpétrer des attentats spectaculaires sur le sol européen.
Freddy Eytan
Pour citer cet article
Freddy Eytan, « Sur le Moyen-Orient : deux politiques opposées en Europe », Le CAPE de Jérusalem, publié le 12 juin 2019: http://jcpa-lecape.org/sur-le-moyen-orient-deux-politiques-opposees-en-europe/
NB : Sauf mention, toutes nos illustrations sont libres de droit.