Sarkozy et l’Etat juif- la realpolitik

Nicolas Sarkozy est sans doute sincère quand il affirme qu’en cas de victoire présidentielle son premier voyage à l’étranger s’effectuera en Israël.  En 1981, François Mitterrand avait fait la même promesse mais en réalité il a préféré visiter Ryad en signe de protestation contre Menahem Begin qui avait osé détruire Osirak, la fameuse centrale nucléaire que le gouvernement Giscard-Chirac avait offert à Saddam Hussein.  Ce n’est qu’en mars 1982 que Mitterrand fait le voyage historique en Terre sainte. Jusqu’à cette date  tous les présidents français avaient  refusé d’effectuer des visites officielles en Israël.

Depuis son installation à l’Elysée, il y a juste cinq ans, Nicolas Sarkozy est venu à trois reprises à Jérusalem et à l’occasion du soixantième anniversaire de l’Etat juif, il a été reçu chaleureusement et en grande pompe. Brusquement, il  a réussi à gommer un passé tourmenté: une longue suite de disputes, d’incompréhensions, et de froideur a été effacée dans l’histoire des deux pays. Contrairement à ses prédécesseurs qui ont imposé un boycottage économique et un embargo sur les armes,  Sarkozy a distingué sagement le bilatéral de la solution  du problème palestinien  et de ce fait nos relations avec Paris sont aujourd’hui dans tous les domaines au beau fixe. Il est peu probable qu’un nouveau gouvernement dirigé par une “gauche plurielle” maintiendra cette ligne de conduite pragmatique. Bien que la politique étrangère de la France demeure le “domaine réservé” de l’Elysée, il est évident que certains portefeuilles ministériels seront dans les mains d’antisionistes notoires. Ceux qui agissent publiquement et avec ferveur pour la cause palestinienne, pour un rapprochement avec l’Iran et les Islamistes, et œuvrent   sans relâche pour la déligitimation de l’Etat juif. Dans un gouvernement où le climat d’anti-israélisme et d’anti-atlantisme dominera les débats et les opinions, tout président nouveau aura les mains ligotées pour pouvoir agir en faveur de notre cause. Cette tendance s’accentuera avec la crise économique mondiale et l’influence des marchés extérieurs dont l’épicentre se trouve au Moyen-Orient.

Certes, Sarkozy a déçu sur plusieurs plans et a commis certaines  erreurs mais il a le mérite de remédier rapidement. Il dit  clairement et d’une voix forte les 4 vérités à ses interlocuteurs. Dans les capitales arabes et à Jérusalem, il parle d’un seul langage et ne pratique pas le double jeu, une tactique hypocrite bien connue de ses prédécesseurs. Grace à son intransigeance, Kadhafi n’est plus de ce monde et le régime d’Assad est mis en quarantaine. Jamais un président français n’a été aussi ferme dans le combat contre le terrorisme international et devant la menace nucléaire iranienne, ses activités dans l’arène mondiale sont plus énergiques que son homologue américain. Son attachement  à l’atlantisme, en faveur des libertés démocratiques des peuples,  et sa solidarité inébranlable à l’égard de l’Allemagne, des Etats-Unis et de ses alliés jouent plus que jamais en faveur d’Israël.

Parmi les dirigeants politiques français il est probablement le plus sensible à l’histoire de notre peuple et à notre sécurité. C’est un fin connaisseur de notre communauté et un vrai orfèvre dans les affaires du Proche-Orient.

Certes, nous ne sommes pas des naïfs ni des dupes et nous savons parfaitement que la politique de la France dans notre région ne changera pas fondamentalement, mais en dépit de nos divergences qui existent d’ailleurs avec tous nos amis occidentaux, nous pouvons affirmer que sur des points existentiels et sécuritaires comme la lutte contre l’antisémitisme, le combat contre le terrorisme islamique, et la menace iranienne nous pouvons compter sur la détermination et la solidarité d’un ami d’Israël et du peuple juif, sur un président français qui a déjà fait ses preuves.