Renforcer la dissuasion en évitant l’escalade
Les graves incidents aériens du 10 février 2018 ont changé les règles du jeu militaires, stratégiques et diplomatiques au nord du pays.
Tous les acteurs de la région devraient enfin comprendre qu’Israël a le droit et l’obligation de se défendre comme l’affirme clairement le Premier ministre Benjamin Nétanyahou. Israël présente des lignes rouges et ne permettra plus une provocation ni une présence iranienne à ses frontières syro-libanaises.
Les Ayatollahs viennent de jouer une fois encore avec le feu en violant notre frontière, et en envoyant pour la première fois directement un drone sophistiqué et furtif pour filmer des installations sensibles israéliennes. Il fut abattu sur le champ en provoquant par la suite des tirs de la DCA syrienne et la chute d’un avion de combat F16 israélien. Les deux pilotes se sont éjectés et parachutés heureusement sur le sol israélien.
Imaginons leur sort s’ils étaient tombés en territoire ennemi comme ce fut le cas avec le tristement célèbre pilote Ron Arad. Des cris de joie et de victoire ont été entendus à Beyrouth et à Damas. La guerre psychologique des images et des discours est aussi déclenchée tous azimuts. Les Iraniens comme les Syriens menacent « de transformer la Terre d’Israël en véritable enfer. » Une rhétorique ancienne, arrogante et très prétentieuse.
La riposte de Tsahal fut comme de coutume foudroyante. De nombreuses positions et installations iraniennes et syriennes ont été totalement détruites, dont les systèmes de radar et de contrôle des aiguilleurs de la base aérienne située près de Palmyre. Ces raids contre la défense aérienne syrienne sont les plus vastes et les plus significatifs depuis la Première guerre du Liban de 1982.
Une certaine presse et des députés arabes prétendent faussement et grotesquement que le Premier ministre Nétanyahou souhaite provoquer la guerre pour faire surtout oublier ses enquêtes policières personnelles. Comment imaginer une conspiration et pareilles intentions machiavéliques ?
Quel chef de gouvernement serait si fou et insensé pour vouloir mettre en danger les pilotes, les soldats et les citoyens israéliens dans le but d’éviter une mise en examen ? Bien au contraire, sa présence à l’état-major de Tsahal pour superviser le déroulement des opérations et la marche diplomatique à suivre, ainsi que la convocation urgente du cabinet de sécurité, prouvent surtout sa responsabilité et son assurance sur tous les plans. Il est à noter qu’il y a en Israël un consensus concernant la politique israélienne vis-à-vis de l’hégémonie iranienne.
Selon les propos de Nétanyahou sur toutes les chaînes de télévision, et nous le répétons une fois encore, Israël ne cherche pas l’escalade ni une troisième guerre du Liban tandis que l’Iran veut imposer son hégémonie dans la région. L’Etat juif sauvegarde tout naturellement sa souveraineté, sa maitrise de l’air, sa dissuasion, et ses intérêts stratégiques.
Depuis mai 2001, Israël s’est retiré complètement et totalement du pays du Cèdre. Une nouvelle barrière de sécurité est construite le long de la frontière, sur son propre territoire, pour renforcer la sécurité et éviter toute infiltration du Hezbollah vers les villages israéliens. La présence des Casques bleus de l’ONU n’a jamais été efficace et les milices chiites circulent et renforcent leur arsenal sans aucune contrainte, et avec le consentement des autorités libanaises.
La preuve que ce gouvernement ne veut pas de conflit armé est bien la présence de dizaines de milliers de touristes en Haute Galilée et sur le plateau du Golan qui avaient profité du temps doux et ensoleillé en ce mois d’hiver pour faire de belles promenades et des randonnées. D’ailleurs aucune consigne urgente n’a été donnée non plus par Tsahal aux habitants. Ils peuvent continuer à poursuive tranquillement leur train de vie quotidien.
Cependant, Tsahal prendra toutes les mesures adéquates pour rassurer la population, notamment par un renforcement de ses troupes le long des frontières y compris dans la bande de Gaza qui pourrait aussi s’enflammer.
Sur le plan diplomatique aussi, Nétanyahou est en contact permanent avec les Américains et les Russes pour clarifier la politique israélienne face aux intentions véritablement dangereuses des Iraniens. Le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères était prévisible et ne changera pas fondamentalement la politique de Poutine ni les contacts permanents et la coordination avec Israël.
Quant aux Américains, le Pentagone soutient la position israélienne et précise que les Etats-Unis n’ont pas pris part aux raids. Le Secrétaire d’Etat sera à Beyrouth ces jours-ci pour calmer la situation.
Pour l’heure, la tension est toujours sensible et nerveuse, et chaque provocation iranienne ou syrienne pourra déclencher un nouvel affrontement. La Russie de Poutine a le devoir de mettre en garde Téhéran sur les graves conséquences pour l’avenir de la Syrie, du Liban et de toute la région.
Freddy Eytan
Pour citer cet article :
Freddy Eytan, « Renforcer la dissuasion en évitant l’escalade », Le CAPE de Jérusalem, publié le 10 février 2018: http://jcpa-lecape.org/renforcer-la-dissuasion-en-evitant-lescalade/