Radicalisation de la politique algérienne 

Les tensions montent entre l’Algérie et le Maroc, « deux frères ennemis » qui partagent une frontière terrestre fermée depuis vingt-cinq ans.

En août 2021, l’Algérie avait rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des « actions hostiles » du royaume, une décision « complètement injustifiée », selon Rabat. La crise a éclaté peu après la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, en échange de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Alger, soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario mais aussi la cause palestinienne. Elle a aussi accusé Israël de soutenir l’indépendance de la Kabylie. 

Au début du mois de novembre 2021, les Algériens ont accusé le Maroc d’avoir attaqué trois de ses ressortissants qui circulaient en camions dans le Sahara occidental.

Au-delà des tensions avec le Maroc, l’Algérie a décidé de suspendre toutes les exportations de gaz vers l’Espagne et le Portugal via le gazoduc Maghreb-Europe qui traverse le Maroc. Depuis 1996, l’Algérie, premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, expédiait vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le Gaz Maghreb Europe.

En contrepartie du transit du gazoduc, Rabat recevait annuellement près d’un milliard de m3 de gaz naturel, ce qui représente 97 % de ses besoins.

Les Algériens ont franchi cette étape au moment même où la Russie réduisait ses exportations de gaz naturel vers l’Europe, entraînant une flambée des prix du gaz au début de l’hiver. La Russie est une énorme source mondiale de gaz naturel, mais l’Algérie est le cinquième plus grand producteur de gaz naturel au monde.

Depuis 2018, l’Algérie a apporté un nouveau soutien aux insurgés du Front Polisario qui menaçaient les forces armées marocaines. L’Algérie a autorisé la République islamique d’Iran à utiliser son ambassade à Alger pour gérer le financement et l’entraînement des forces du Polisario. L’Iran a employé le Hezbollah pour cette mission de formation parce que ses agents parlaient arabe. En revanche, le Maroc a rompu les relations diplomatiques avec le gouvernement iranien.

Depuis la départ de l’ancien président algérien, Abdelaziz Bouteflika, en 2019, il y a eu une radicalisation notable de la politique étrangère et de sécurité algérienne, exprimée dans son approche envers ses voisins, à l’égard de la France et vers d’autres pays européens.

L’Algérie a fermé son espace aérien aux avions de chasse français en route vers la guerre civile au Mali, où les forces djihadistes étaient alignées avec al-Qaïda au Maghreb islamique au nord et avec l’État islamique au sud. Maintenir la puissance aérienne alliée hors de l’espace aérien algérien a effectivement renforcé les groupes djihadistes au Sahel, sapant ainsi les intérêts occidentaux.

En octobre 2021, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 2602, appelant à la reprise des consultations entre l’Algérie, le Maroc et le Polisario pour faire avancer « une solution politique mutuellement acceptable » au Sahara occidental sur la base d’un compromis. L’Algérie a rejeté catégoriquement la résolution.

Sur le plan historique, rappelons que Cuba de Fidel Castro et l’Union soviétique avaient longtemps soutenu l’Algérie. Dans les années 1970, les soviétiques ont utilisé trois ports algériens (Oran, Alger et Annaba) pour soutenir leurs opérations navales en Méditerranée. Parallèlement, le Maroc accueillait des bases militaires américaines.

Ainsi, alors que l’Algérie s’intégrait dans les réseaux militaires du bloc soviétique, le Maroc était un allié occidental lié aux systèmes stratégiques américains en Afrique du Nord.  Aujourd’hui, l’Algérie s’engage dans un nouveau renforcement militaire en achetant à la fois des avions russes et des plates-formes navales chinoises, y compris des frégates et des corvettes, actuellement en construction. Soulignons que la Chine cherche à devenir une puissance plus dominante en Afrique.  

Voir l’intégralité de l’article et ses références sur le site anglais du Jérusalem-Center-CAPE.

https://jcpa.org/article/algeria-confronts-europe-and-the-west-over-gas-and-the-western-sahara/

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