Que faire après l’opération ‘”Plomb durci” ?

Israël n’a pas réussi à atteindre les objectifs qu’il s’est fixés pendant l’opération « Plomb durci ». L’absence de fortes pressions sur les dirigeants terroristes, voire leur liquidation ou expulsion, était une grave erreur. Les discussions indirectes avec le Hamas ne présentent aucun intérêt et nous devrions dire sans ambages et sans ambiguïté que la seule alternative est un cessez- le- feu à long terme, ou frapper un coup sévère au Hamas.
Le désengagement total d’Israël de la bande de Gaza était une grave erreur qui a causé des dégâts irréparables; une véritable tragédie avec la destruction de 19 villages, l’évacuation de cimetières, la destruction de synagogues et des écoles. Ce désengagement unilatéral a été fait pour offrir un accord de paix. Quelques mois après le désengagement, le Hamas s’est emparé du pouvoir par la force et le président Abou Mazen, qui était installé à Gaza, a dû fuir à Ramallah. Actuellement, il existe deux entités palestiniennes – une laïque installée en Cisjordanie et dirigée à partir de Ramallah, et l’autre islamique et radicale dirigée par le Hamas dans la bande de Gaza et soutenue par l’Iran en armes et en idéologie.
Entre janvier 2001 à janvier 2006, quelques 600 roquettes ont été lancées de la bande de Gaza vers Israël et quelques 2000  obus ont été tirés. Depuis l’installation du Hamas au pouvoir jusqu’à la fin 2008, au cours d’une période de trois années, plus de 6000 roquettes et missiles ont été lancés. Les résidents juifs de la région ont été attaqués quotidiennement.

Le but de l’opération « Plomb durci » était de pouvoir créer ” un changement dramatique sur le plan stratégique”. Au niveau des opérations militaires, Israël a voulu atteindre trois objectifs :
1. Cesser les tirs de roquettes sur Israël
2. Mettre un terme à la contrebande  des armes et des munitions.
3. Libérer Guilad Shalit

L’armée israélienne s’est concentrée sur des frappes contres les infrastructures militaires du Hamas-les commandements, les bases, les points de contrôle, les caches d’armes ; Les bombardements ont été accompagnés de raids terrestres. On a utilisé une force assez puissante afin de permettre à l’armée d’arriver au centre ville de Gaza et d’amener le Hamas à des négociations indirectes avec Israël. Après le retrait des troupes, des pourparlers engagés par une médiation de l’Egypte avaient comme objectif de parvenir sur le terrain, à un cessez le feu à long terme.
Hélas, le résultat est fort décevant. Les Palestiniens dans la bande de Gaza continuent à lancer des roquettes presque quotidiennement – même si la quantité est réduite, et ils continuent à semer la terreur sur les citoyens israéliens ; le but de mettre un terme aux tirs des roquettes et de la contrebande n’a pas été atteint. Le retour de Guilad Shalit non plus, malgré le prix très élevé qu’Israël a voulu payer.
Dans ce contexte, la question est de savoir comment allons-nous, tout de même,  atteindre ces objectifs.

Premièrement, nous devons créer une dissuasion graduelle et renforcée dans le combat contre le terrorisme. Les chefs terroristes peuvent être  découragés de poursuivre leur politique, parce qu’ils sont conscients des conséquences. L’opération à Gaza par contre n’a pas visé les dirigeants et ces derniers ont trouvé refuge dans des abris cachés et souterrains. Les dirigeants terroristes ont perdu leur prestige et des combattants, mais ont poursuivi la gestion des affaires sans être vraiment menacés. Je pense que si la direction du Hamas avait été touchée, sa réaction aurait été bien différente.

Deuxièmement, il faut se demander comment peut-on traduire l’usage de la force. Israël n’a pas réclamé la reddition et sans conditions des organisations terroristes palestiniennes; en dépit du fait que lors des débats internes qui se sont tenus au sein du gouvernement, des officiers supérieurs de Tsahal ont réclamé l’expulsion des dirigeants du Hamas, comme cela a été le cas lors de l’invasion  israélienne  à Beyrouth en 1982.  Lors de la dernière offensive, la politique d’Israël a permis  de donner une nouvelle chance au Hamas, et a laissé poursuivre leur domination à Gaza, et dans le même temps, à décidé d’entamer des pourparlers indirects avec le Hamas dans le cadre d’une médiation égyptienne.
A mon avis, des pourparlers indirects avec le Hamas  sont une erreur. Nous devrions dialoguer directement avec le Hamas et lui faire comprendre que les actes de guerre doivent cesser pour une longue période, et cela inclut l’arrêt de la contrebande d’armes, la construction des forces armées et la libération de Guilad Shalit.  Chaque  prochain enlèvement ou un nouveau tir contre Israël serait interprété comme une déclaration de guerre et provoquerait une riposte foudroyante.
Je ne suis pas si naïf, je connais parfaitement  les Palestiniens et de longue date. Je suppose que même lorsqu’un accord sera un jour signé, il ne sera pas nécessairement respecté. Dans ce contexte, nous devons donc organiser et imposer un nouveau contrôle sur l’axe Philadelphie  qui est devenue le principal canal de la contrebande.

Enfin, l’opération « plomb durci » a créé un effet positif. L’Egypte est plus motivée à agir et avec détermination contre les réseaux extrémistes islamistes dans la péninsule du Sinaï, liés à l’Iran et aux Frères Musulmans. L’arrêt de la contrebande des armes  sur l’axe Philadelphie est censé de créer une meilleure situation tactique sur le terrain. La superficie de cet axe est relativement petite et il est donc possible de mettre un terme à l’acheminement des armes avec un effort commun de l’Egypte et d’Israël et peut-être avec le soutien des Etats-Unis.
Une nouvelle politique pourra, comme exemple, déclarer le  no man’s land d’une  zone de 2km  le long de l’axe, utiliser des moyens  technologiques, et améliorer la coopération entre les forces israéliennes et égyptiennes. Nous devons choisir entre la possibilité que les mouvements terroristes pourront “couvrir” de missiles l’ensemble du territoire d’Israël  ou qu’une seule organisation terroriste pourra de temps à autre réussir à acheminer quelques armes et des munitions.

Extraits d’un briefing aux correspondants étrangers et aux représentants du corps diplomatique qui s’est tenu au CAPE le 23 avril 2009.