Premier bilan après 50 jours de guerre
Le Hamas crie victoire tandis qu’en Israël c’est l’heure des bilans, des sondages, des tiraillements et des règlements politiques. Dans un pays démocratique, à l’ère des compétitions et des émissions de télé-réalité, les journalistes et les blogueurs deviennent soudain de grands stratèges, des donneurs de leçons et des moralistes pensant connaître tous les enjeux et ayant des réponses rapides à des questions complexes.
Cependant, dans un Moyen-Orient en turbulences, plongé dans l’inconnu, et dans un conflit asymétrique contre un mouvement terroriste comme le Hamas, il est impossible d’avoir une certitude absolue sur la marche à suivre. Les résultats immédiats que souhaitent la presse et les populistes au sein de la classe politique ne correspondent pas toujours à la réalité sur le terrain. Nous pensons avec une certaine logique occidentale tandis que le monde qui nous entoure agit différemment et, pour lui, une « défaite militaire cuisante » peut se transformer rapidement en « grande victoire », peu importe le nombre des victimes et les désastreux dégâts.
La désinformation, la propagande islamique et la terreur que le Hamas sème dans les rues de Gaza obligent la population à obéir aux normes de la Mafia et au diktat d’un pouvoir corrompu et sanguinaire.
Netanyahou, Yahalon et Gantz sont des dirigeants responsables qui agissent dans l’intérêt de l’Etat juif. La sécurité des Israéliens est primordiale et pour eux tous les enjeux, militaires, stratégiques et diplomatiques devraient être pris en considération. Ils refusent d’aller avec le courant des populistes et préfèrent perdre dans les sondages que de plonger Israël dans une guerre d’usure indéterminée et meurtrière. Ils veulent éviter justement de graves dégâts économiques et touristiques, au moment même de la rentrée des classes.
Il est donc préférable d’agir avec sang froid et de mener une guerre limitée de 50 jours que d’entreprendre une opération terrestre de grande envergure, arriver en quelques jours avec des chars au centre de Gaza avec plus d’un millier de tués et de blessés, sans savoir comment gérer la situation devant la détresse d’un million huit cent mille Palestiniens. Allons-nous une nouvelle fois occuper Gaza et pour combien de temps ? C’est absurde ! Les lendemains sont incontrôlables et imprévisibles sur tous les plans et nous risquons de perdre de nombreux soldats. La guerre conventionnelle que nous avons connue entre chars et artillerie a évolué en un combat de guérilla bourré de pièges, de guet-apens et de boucliers humains.
Patience et nerfs d’acier sont donc absolument nécessaires. Sur ce plan, le triumvirat israélien a prouvé ses capacités, en dépit de toutes les difficultés intérieures et extérieures.
Il est encore trop tôt pour faire un bilan objectif sur cette guerre mais notre but a été presque accompli en espérant que la trêve soit cette fois-ci beaucoup plus longue que prévue. Le Hamas est très affaibli, isolé de plus en plus dans le monde arabe et incapable de poursuivre les combats. Son arsenal est épuisé, ses tunnels d’attaques sont détruits et ses chefs militaires éliminés.
La population gazaouie est forcée de crier victoire mais en fait lance un long et douloureux S.O.S. La trêve est pour elle un très grand soulagement, un vrai ballon d’oxygène.
Sur le plan diplomatique, nous avons réussi à renforcer nos relations avec l’Egypte et nous rapprocher de l’Arabie Saoudite. Le pays des Pharaons redevient le vrai leader politique des pays arabes tandis que l’Arabie Saoudite, son bailleur de fonds, renforce son prestige sunnite modéré. La Turquie d’Erdogan et le Qatar des Frères musulmans ont été écartés de la solution du problème palestinien. A Doha, Khaled Meshal a échoué dans le sabotage de la trêve et demeure bien loin de son peuple.
Le gouvernement Netanyahou n’a pas encore achevé sa mission et les menaces sont omniprésentes car le plateau du Golan risque aussi de s’enflammer.
Dans ce contexte incertain, il est fort important de soutenir ce gouvernement et son nouveau combat diplomatique et juridique. Les Etats-Unis qui prendront dès le 1er septembre la présidence du Conseil de Sécurité devraient prouver leur solidarité envers le pays démocratique le plus fidèle de la planète. La guerre que vient de mener Tsahal contre le Hamas doit servir d’exemple aux Occidentaux dans le combat qu’ils mènent sans succès contre l’Etat islamique et le terrorisme djihadiste mondial.
Pour reconstruire Gaza et redonner de l’espoir aux Palestiniens, la démilitarisation de ce territoire maudit sera la seule garantie pour assurer la sécurité et la défense de l’Etat juif.
Freddy Eytan