Poutine-Bennet – nouvelle entente dans la continuité
La rencontre Poutine-Bennet à Sotchi a été amicale et fructueuse. Pour la première fois, un Premier ministre israélien passe le shabbat sur le sol russe. Dans cette station balnéaire située au bord de la mer Noire, les deux leaders ont discuté, durant cinq heures, de nombreux sujets d’actualité et sur l’avenir des relations entre les deux pays.
L’histoire des rapports entre Moscou et Jérusalem est une longue suite de disputes, de froideurs, de ruptures et de réconciliations.
L’Union soviétique a été le premier pays à soutenir la création d’un Etat juif indépendant et souverain. En juillet 1948, deux mois après la proclamation de l’Etat d’Israël, Golda Meir débarque à Moscou pour ouvrir la première délégation israélienne. Toutefois, jusqu’en 1968, les autorités soviétiques n’accordent aucune autorisation aux Juifs pour pouvoir quitter le pays. Pis encore, des Juifs sont poursuivis et envoyés dans des camps d’internement et de travail. On les accuse d’être complices de l’impérialisme américain et des agents sionistes. Les écoles juives et les synagogues sont fermées, les rabbins arrêtés, les livres de culte et de prière confisqués et l’enseignement de l’hébreu est interdit.
On comptait à l’époque 267 2000 Juifs en URSS, soit 18 Juifs pour mille habitants. Il ne reste aujourd’hui que 170 000 en Russie. La majorité écrasante a émigré en Israël et forme des atouts considérables dans nos relations avec Moscou.
Cependant, durant toutes ces années, une première crise dans nos relations bilatérales surviendra en février 1953, après à un attentat perpétré contre la mission soviétique à Tel-Aviv. En 1956, suite à la campagne de Suez, le maréchal Boulganine menace d’utiliser l’arme atomique. Après la guerre des Six Jours, l’Union soviétique, et avec elle tout le bloc communiste, rompt ses relations diplomatiques avec Israël. Durant la Guerre d’usure le long du canal de Suez, des avions MIG pilotés par des Russes ont été abattus par la chasse israélienne…
En octobre 1991, suite à l’effondrement de l’URSS, les relations diplomatiques sont renouvelées et une lourde page est tournée entre les deux pays. Elles atteindront leur apogée lors de l’avènement de Vladimir Poutine. Depuis, elles sont au beau fixe dans tous les domaines.
Suite à l’intervention russe dans la guerre syrienne et devant les intentions hégémoniques de l’Iran, les relations militaires se sont renforcées avec la création d’un mécanisme qui évite toute confrontation direct avec Tsahal.
Pourtant, le 17 septembre 2018 un avion Il-20 russe s’écrase au large du nord de la Syrie tuant 15 militaires. Au départ, les russes accusaient Israël, mais après enquête, des explications preuves irréfutables du chef de l’aviation israélienne affirmant que ce sont bien les batteries syriennes qui ont abattu l’avion, le dialogue entre les deux armées repris respectueusement. Le renseignement et la haute technologie israélienne sont si performants et efficaces que nul ne peut douter de leur crédibilité.
Depuis ce tragique incident à ce jour, toutes les frappes ont été annoncées à l’avance dans le cadre du mécanisme existant entre les deux armées. Poutine laisse donc Tsahal poursuivre ses raids contre l’Iran et le Hezbollah à certaines conditions.
La situation actuelle et ses enjeux géopolitiques nécessite un dialogue permanent avec Moscou d’autant plus que Washington demeure indifférent et évite d’intervenir en Syrie, au Liban, en Irak ou au Yémen, laissant l’Iran poursuive sa politique belliqueuse. Le Moyen-Orient demeure une poudrière et depuis plus d’un siècle c’est bien une région stratégique de confrontation entre les puissances.
Israël ne pourra seul relever tous les défis et affronter tous les dangers à la fois : au Nord, contre le Hezbollah et les Syriens et l’hostilité turque ; depuis la péninsule du Sinaï contre Daesh et le Hamas ; contre l’Iran jusqu’au Golfe persique et l’océan indien, sans parler du terrorisme palestinien.
La rencontre Poutine-Bennet a permis de présenter la ferme position israélienne sur le projet nucléaire iranien mais n’a pas réussi à modifier la politique russe qui souhaite la reprise du dialogue avec Téhéran et la signature d’un accord. C’est d’ailleurs, la position de l’administration Biden et celle de la France de Macron.
Les enjeux sont planétaires et les intérêts stratégiques sont globaux et se partagent entre les superpuissances.
Dans ce contexte, le gouvernement actuel devra poursuive l’entente avec Poutine mais ne compter que sur la puissance technologique de Tsahal et du Mossad. Nous devrions éviter par tous les moyens que l’Iran ne possèdera jamais sa propre bombe atomique.