Poursuivre la guerre contre les islamistes et saisir la force diplomatique

Freddy Eytan

Juste après le discours de Nétanyahou à l’ONU, Tsahal est passé rapidement aux actes. Il élimine Hassan Nasrallah et tout le commandement du Hezbollah par une frappe audacieuse et spectaculaire à Beyrouth. Un coup de maître et une leçon de courage devant la lâche résignation du monde libre de combattre contre les « fous de Dieu ». Après les défaillances du 7 octobre, Israël redevient une forte puissante régionale respectée dans la jungle du Moyen-Orient. Certes, la guerre n’est pas achevée et les menaces sont omniprésentes, mais nous assistons à un tournant historique dans le conflit, notre dissuasion est désormais plus forte que jamais. Les frappes de l’aviation israélienne ont déjà des retombés à Téhéran, à Damas et à Bagdad mais aussi à Gaza et Ramallah.

Depuis que son prédécesseur Abbas Mousaouyi a été éliminé en février 1992, Nasrallah avait dicté l’ordre du jour politique au Liban et a plongé la population au bord du gouffre. Traqué par les services israéliens, il vivait sous terre tel un animal hypogé mais avec un luxe de palace et toute une technologie de pointe. A partir d’un bunker truffé d’armes, de munitions et de gorilles, il dirigeait sa milice, commandait les opérations et préparait ses discours belliqueux, enregistrés dans des studios improvisés et diffusés sur grand écran par la chaine locale du Hezbollah.

Cachant toujours une arme sous la soutane, vêtu du turban traditionnel, portant une barbe grisonnante et des lunettes d’intellectuel, Nasrallah fut un loup solitaire que nous n’avons jamais ignoré ni pris ses intentions à la légère. Avec son air malicieux et cynique, cet orateur inné, manipulateur et populiste, matraquait des phrases bien articulées et calculées minutieusement. C’est en gardant toujours un sourire sournois aux lèvres ou en roulant des yeux furibonds que Nasrallah gagnait le cœur des foules arabes, intimidait les Occidentaux, et semait surtout la terreur aux Libanais.

Au fil des ans il était devenu une grande vedette, la superstar de toutes les chaînes de télévision de la région, y compris celles d’Israël.

Arrogant, irresponsable, et fort culotté, Nasrallah savait parfaitement jouer la comédie et il aimait ça. Il fut un fin connaisseur de la société israélienne et connaissait notamment nos caprices et nos faiblesses. C’est pour toutes ces raisons que cet homme était très dangereux.  Il fut à la fois un dirigeant libanais, un ecclésiastique chiite et un grand serviteur de l’Iran. Il jonglait avec toutes les idéologies et les courants mais focalisait son combat islamique contre Israël en espérant voir un jour flotter l’étendard chiite sur les minarets des mosquées du Mont du Temple et sur tous les édifices de Jérusalem.

Nasrallah et le haut-commandement du Hezbollah éliminés par les frappes de Tsahal

Nasrallah et le haut-commandement du Hezbollah éliminés par les frappes de Tsahal

Nasrallah a créé une puissante milice armée chiite installée à nos frontières. Dès le départ, le but était clair : chasser toutes les forces occidentales de la région et transformer le Liban en État islamique chiite. Nasrallah a perpétré des attentats spectaculaires contre des forces américaines et françaises installées à Beyrouth, tué des centaines de soldats et civils innocents. Hassan Nasrallah faisait partie de ces mollahs obscurs, ces « Gardiens de la révolution », ces tristement célèbres et cruels Pasdarans assoiffés de répression et d’opérations martyres.

La communauté internationale a permis au Hezbollah de renforcer ses effectifs et sa puissance militaire au Liban. Tous les gouvernements israéliens sont aussi responsables pour avoir laissé perdurer une situation menaçante durant plus de trois décennies. Rappelons que Tsahal s’est retiré du Liban en l’an 2000 sans aucun accord.

Premier ministre Benjamin Netanyahu

Le PM Nétanyahou lors de son dernier discours à l’ONU présentant un monde obscur dirigé par l’Iran face au monde libre orchestré par les Etats-Unis et mené par Israël (Capture d’écran)

Depuis plusieurs années, nous constatons que le véritable ennemi, l’obstacle permanent qui déstabilise le Moyen-Orient impunément demeure le régime islamiste iranien. Il est clair que tant que les Gardiens de la Révolution islamiste tiendront les commandes du pouvoir à Téhéran, à Beyrouth, à Damas, à Bagdad, et à Gaza, il ne pourra y avoir de paix véritable au Moyen-Orient

Les menaces de l’Iran et ses milices chiites concernent en priorité notre sécurité et notre avenir. Les ayatollahs investissent chaque année plus d’un milliard de dollars dans les actions terroristes au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. L’Iran progresse aussi dans son programme nucléaire à des fins militaires et il est capable d’atteindre un enrichissement de 90% d’uranium pour fabriquer sa première bombe atomique.

Une opération préventive contre l’Iran est sans doute un droit absolu de légitime défense et Tsahal est capable de détruire les sites nucléaires iraniens.

Cependant, après la déconfiture du Hezbollah et la mort de Nasrallah, le monde arabe, l’Arabie saoudite en particulier, verse que des larmes de crocodile…En Iran, l’espoir renaît aux sein des opposants et une jeunesse dynamique qui souhaitent renverser le régime obscur des ayatollahs.

Devant la nouvelle donne mais surtout pour éviter le pire, le temps est propice pour aboutir à un traité robuste avec le Liban sous un parapluie occidental avec une zone tampon démilitarisé qui facilitera de ramener enfin tous les déplacés israéliens dans leurs foyers. Après une accalmie à la frontière libanaise, nous pourrions relancer le projet des Accords d’Abraham et former avec les Etats sunnites modérés une coalition de paix, un nouvel ordre géopolitique au Moyen-Orient.

Nous ne sommes pas naïfs ni rêveurs. Nous sommes conscients que cela ne va pas se réaliser demain matin…Pour réussir ce noble projet nous devrions agir selon une stratégie éclairée, appliquée discrètement par une diplomatie classique et efficace.

La diplomatie est l’art du bon sens appliqué aux grandes choses, aux événements en marche, au règlement des conflits en cours et aux contacts discrets et permanents.

Cette démarche devra se faire en coordination étroite avec les Etats-Unis et nos voisins arabes. C’est en position de force que nous pourrions faire avancer nos pions et espérer vivement un meilleur avenir. Shana Tova.