Pourquoi Israël refuse de coopérer avec une commission de l’ONU

Le 17 février 2022, le représentant permanent d’Israël auprès de l’ONU et des organisations internationales à Genève, a officiellement rejeté la demande de coopération de la présidente de la commission d’enquête du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, Navi Pillay. 

Cette commission d’enquête permanente est chargée de « surveiller et de rendre compte des violations des droits de l’Homme en Israël, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie ». Il s’agit de la première commission d’enquête de ce type dotée d’un mandat « permanent ».

Un certain nombre de nations ont émis des objections sur le fait que la commission avait un mandat très vaste pour enquêter sur Israël, mais sans mention spécifique sur le Hamas.

Israël a déclaré qu’il ne coopérerait pas avec la commission, estimant qu’elle avait un parti-pris. Les États-Unis ont déjà fait part de leurs préoccupations concernant l’enquête.

Nous avons constaté que depuis sa création le Conseil est un organe fondamentalement anti-israélien et ses membres expriment systématiquement de sévères critiques contre l’Etat Juif.

Le 24 février 2022, l’Ambassadeur Dore Gold, président du Centre des affaires publiques et de l’Etat (JCPA-CAPE de Jérusalem) avait écrit une lettre ouverte à la présidente de la commission, Navi Pillay, notant que les enquêtes précédentes du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU affichaient une nette partialité et une prédisposition hostile envers Israël. 

Conseil des droits de l’homme des Nations unies (UN Photo/Jean-Marc Ferré)

Voici le texte de la lettre :

« En tant que président du Centre des Affaires publiques et de l’Etat de Jérusalem, il m’incombe d’exprimer mon amère déception sur la décision du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève de former une commission d’enquête contre Israël.

Ce n’est pas la première fois que je suis confronté au travail partial du Conseil des droits de l’homme. En 2009, j’ai été invité à l’Université Brandeis pour débattre avec le juge Richard Goldstone du rapport publié par un organe créé par le Conseil des droits de l’homme concernant l’opération militaire israélienne contre le Hamas en 2009. Le juge Goldstone avait dirigé cette enquête.

La déclaration la plus désagréable faite dans la conclusion de ce rapport était qu’Israël se livrait à des “attaques délibérées contre des civils”. En préparant le débat, j’ai passé en revue les documents de l’armée israélienne. Au fur à mesure que je lisais, je devenais furieux contre le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, car j’ai constaté clairement que Tsahal prenait toutes les précautions possibles pour éviter des pertes civiles du côté palestinien. Un cas sans précédent au sein des armées dans le monde.

Le scénario rappelait le camp de réfugiés de Djénine en 2002, connu par les Palestiniens eux-mêmes comme la « capitale des guerriers suicidaires ». Pour limiter les éventuelles pertes civiles, Israël a envoyé ses troupes au sol et a perdu 23 de ses propres soldats. Le souci de l’armée israélienne d’éviter de causer des pertes civiles palestiniennes a conduit à la décision de risquer la vie de soldats israéliens sur le champ de bataille.

Ces considérations faisaient partie des préparatifs d’Israël pour les guerres contre-insurrectionnelles, mais l’ONU semblait inconsciente de ce fait. Le chef d’état-major des armées américaines, le général Martin Dempsey, a en effet déclaré en 2014 que Tsahal avait fait des « efforts extraordinaires » pour limiter les attaques contre les civils.

De ce fait, comment une commission de l’ONU pourrait-elle parvenir à des conclusions diamétralement opposées à ce que déclarerait le plus haut gradé de l’armée américaine ? Cela soulevait de sérieuses questions.

La réponse s’est imposée parmi les experts que l’ONU avait choisis pour sa commission d’enquête. La professeure Christine Chinkin avait publié une lettre dans le Times de Londres avant même qu’elle ne commence ses travaux, en affirmant : « L’opération israélienne d’Israël équivaut à une agression et non à une autodéfense ».

Malgré le fait que Tsahal disposait de preuves photographiques indiscutables que le Hamas utilisait des mosquées pour stocker des munitions, Desmond Travers, un autre membre de la Commission, avait attribué la position israélienne à la “perception occidentale dans certains milieux, affirmant que l’islam est une religion violente”. C’était une accusation ridicule.

En conclusion, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU aurait dû être un allié d’Israël. Notre État fut créé au lendemain de la Shoah, le pire crime de guerre de l’histoire de l’humanité. Il n’est pas surprenant que de nombreux fondateurs du mouvement des droits de l’Homme soient en effet d’origine juive. Souiller le peuple juif dans son ensemble va à l’encontre de ce que nous avons représenté depuis la Seconde Guerre mondiale. Cela réveille la bête immonde, alimente et propage l’antisémitisme dont nous nous assistons ces dernières décennies.

Nous ne pouvons pas coopérer avec une initiative de l’ONU qui est contraire à nos valeurs, partiale et profondément imparfaite.

C’est bien pour cette raison que l’État juif et les ONG juives ne soutiendront pas le processus que vous avez entrepris. »