Obama, Netanyahou et le processus de paix
La défaite des Démocrates aux dernières élections américaines était prévisible. La victoire des Républicains se présente comme un vote sanction contre la politique intérieure d’Obama. Elle concerne les affaires économiques et sociales et n’a aucun rapport avec la politique américaine au Proche-Orient et le processus de paix engagé avec les Palestiniens. Depuis fort longtemps les affaires internationales n’influent plus sur les décisions des électeurs, et cela est valable aux Etats-Unis comme en France et ailleurs. Américains et Français boudent la géographie.
Dans tous les pays démocratiques, le conflit israélo-arabe n’a jamais été au cœur des débats politiques et des campagnes électorales. Nous avons tendance à penser, avec prétention et en se prenant pour le nombril du monde, que nos problèmes concernent directement tous les hommes et les femmes de la planète. Notre conflit avec les Arabes est certes existentiel, mais il n’est sans doute pas le seul, depuis toujours les affaires économiques et sociales dominent les pensées et les activités quotidiennes.
Toutefois, une défaite au Congrès à mi-mandat n’a pas empêché un président américain de s’occuper énergiquement du Proche-Orient. En 1979, Jimmy Carter a abouti à la signature du traité de paix avec l’Egypte, et en l’an 2000, Bill Clinton a poursuivi inlassablement ses contacts avec Yasser Arafat et Ehoud Barak mais aussi avec le président syrien Hafez el Assad pour pouvoir parvenir à un accord.
Cela dit, Barak Obama a perdu ces dernières élections mais il demeure le président tout puissant des Etats-Unis pour deux ans encore. Pour le moment, rien n’indique non plus qu’il ne se représentera pas pour un deuxième mandat. Obama, lauréat du prix Nobel de la paix possède les moyens pour faire avancer le processus de paix et pour forcer la main de Netanyahou et Abbas. La panoplie des pressions est variable et concerne tous les domaines. Israël dépend des Etats-Unis sur le plan diplomatique, économique et militaire. Un affaiblissement de Barak Obama sur la scène internationale est mauvais pour Israël et renforce le camp du refus et les extrémistes. Obama est notre fidèle allié et n’est pas notre adversaire!
Celui qui se réjouit de sa défaite se trompe amèrement. Rappelons que la majorité des Juifs américains votent démocrate et leur influence est omniprésente dans toutes les fédérations. En visite aux Etats-Unis, Netanyahou devrait faire une nette distinction entre ses relations personnelles et parfois tendues avec le président Obama et l’amitié profonde et solide des Etats-Unis et du peuple américain avec l’Etat juif. Nos amis inconditionnels se trouvent dans les deux camps et ils sont démocrates et républicains. Leur forte amitié est aussi conditionnée par des gestes réciproques et des concessions israéliennes. Il est important de rappeler qu’un éventuel échec du processus de paix ne sera pas présenté comme une faute d’Obama mais de Netanyahou. En réalité, le Premier ministre israélien est un fervent défenseur de la cause de son pays et agit avec détermination pour la sécurité de son peuple dans des frontières défendables. Netanyahou n’est pas un saboteur de la paix ni un intrigant dans les affaires américaines, comme tente de le présenter ses détracteurs et opposants politiques.
Dans ce contexte, le Premier ministre israélien se trouve dans l’obligation de s’entendre avec Obama sur la marche à suivre. Une convergence de vue avec l’administration américaine est dans notre propre intérêt face aux menaces de l’Iran et du terrorisme international et des intentions des Palestiniens de proclamer prochainement la création de facto de leur propre Etat. La sagesse et le pragmatisme doivent l’emporter sur les victoires partielles et éphémères.