Notre stratégie dans un Moyen-Orient en ébullition

  • Pour aboutir à la Paix, Israël et les Palestiniens possèdent certaines options : signer un accord permanent, intérimaire, un accord provisoire de facto, ou maintenir une situation sans aucun traité. Aujourd’hui, fort est de constater que tout accord permanent demeure irréalisable et peu probable.
  • Depuis que les dirigeants israéliens et palestiniens sont confrontés à la réalité d’absence de solution, les deux parties devront agir selon les circonstances et se contenter d’une solution moins parfaite dans le cadre d’un accord intérimaire.
  • En l’an 2000, je me suis rendu discrètement sur le mont du Temple à Jérusalem et j’ai visité les anciennes écuries du roi Salomon et contemplé les superbes colonnes datant de 2000 ans. Eh bien, aujourd’hui, ces colonnes n’existent plus car elles ont été détruites par des musulmans. En détruisant ces vestiges du Temple, ils pensaient ainsi gommer les droits des Juifs sur ce site.
  • Il ne peut y avoir une réconciliation entre Israéliens et Palestiniens si les deux parties n’accepteront pas mutuellement leurs droits. Je crois que nous avons droit à Jéricho, et eux pensent qu’ils ont droit à Jaffa. En effet, s’ils reconnaissaient mon droit, je reconnaîtrai donc le leur.

Dans ce contexte, comment donc pourrions- nous vivre ensemble?

Ce serait une erreur de grincer des dents à chaque fois que les Palestiniens évoquent des démarches unilatérales. Après le vote des Nations Unies au mois de septembre, l’Autorité Palestinienne dira sans doute qu’Israël est une armée d’occupation dans un Etat souverain. Ils iront probablement à la Cour internationale de Justice et dans l’attente, Israël refusera toute coopération. L’Etat juif devrait se doter de plus d’endurance, de nerfs d’acier et de plus de respect en soi. Nous devrions prendre toutes ces démarches palestiniennes avec un certain recul.

De nombreuses frontières au Moyen-Orient sont des découpages de lignes droites, résultant de négociations entre les puissances coloniales juste après la Première Guerre mondiale (Accord Sykes-Picot). Encore à ce jour, le tracé de la frontière entre le Liban et la Syrie demeure une question ouverte. Dans notre région, mis à part les Etats, il existe des acteurs non étatiques importants comme le Hamas, qui contrôle une zone et une population dans la partie Sud- Ouest de ce qu’était autrefois la Palestine mandataire. Autre exemple : la province nord de l’Irak, dont les Kurdes jouissent d’une certaine indépendance.

Il existe également des présences tribales dans des pays clés du Moyen-Orient. Si vous interrogez un habitant de la péninsule arabique sur ses origines et d’où vient-il ? Eh bien, il vous répondra d’abord en citant le nom de sa ville, puis de sa tribu, ensuite de son appartenance religieuse – sunnite ou chiite – et finalement mentionnera sa nationalité.

L’identité au Moyen-Orient n’est pas basée uniquement sur la nationalité. En Libye, pour exemple, ce sont les tribus qui décideront du sort de leur Etat et si ou non il sera unifié. Dans un conflit de ce genre, il est très difficile d’évaluer les forces ou les capacités d’une tribu. C’est pourquoi tant de pays semblent lents à réagir aux bouleversements actuels, car ils ne sont pas certains de pouvoir gagner leur cause et en fait ne veulent pas se retrouver dans le camp perdant. L’importance est l’aptitude et non l’idéologie et donc nous devons traiter tous les enjeux avec intelligence.

Il n’existe pas de solution applicable au conflit israélo-arabe.

Dans cet esprit, le problème majeur ne consiste pas à savoir ce que le Premier ministre Netanyahou ou le Président Abbas souhaitent faire, mais ce qu’ils peuvent faire réellement. De ce fait, je pense que le Premier ministre israélien et le président de l’Autorité palestinienne n’ont pas la capacité d’appliquer une solution permanente au conflit.

Le Premier ministre d’Israël est favorable à la solution de deux Etats avec toute une liste d’arrangements. Cela impliquerait, d’abord et avant tout, un mouvement massif de la population israélienne, mais je ne crois pas que cela est possible d’effectuer aujourd’hui un mouvement massif de population. Peut-être qu’une grande majorité en Israël et chez les Palestiniens soutiennent cette solution, mais le degré de méfiance est t-elle que de part et d’autre on s’opposera à toute application d’une solution permanente. Il faudrait aussi un consensus en Israel, or,  l’opinion publique est fort divisée.

Du côté palestinien aussi, même si Mahmoud Abbas signait un accord de paix, sa capacité de l’appliquer à Gaza sera fortement contestée.

Par ailleurs, le laps de temps qui séparera le jour de la signature d’un accord jusqu’au statut final de la mise en œuvre s’étendrait probablement sur cinq ou dix ans. En dépit d’une volonté mutuelle, personne ne peut garantir que M. Netanyahu serait toujours Premier ministre et que Mahmoud Abbas serait le leader de la Palestine.

Les Accords d’Oslo, programmés pour une période de cinq ans ont eu côté palestinien une continuité de gouvernance, mais en Israël, trois Premiers ministres se sont succédés, et en principe les leaders ne souhaitent pas appliquer les accords conclus par leurs prédécesseurs.

D’autre part, l’absence d’accord n’est pas non plus souhaitable car elle risque de dégénérer et perdre le contrôle du terrain.

Si d’ici la fin de cette année il n’y aura pas de démarches concrètes, basées sur une sorte de compréhension entre Israël et les Palestiniens, je crois que l’Autorité palestinienne ne pourra plus survivre du fait que le statut d’Etat qu’elle a promis ne se réaliserait pas. Il existera toujours une possibilité selon laquelle Israël prendra à nouveau le contrôle, mais celle-ci est une option moins souhaitable.

Une solution provisoire est donc plus facile à appliquer simplement parce que chaque partie pourra dire que rien n’est définitif. Cela serait  une étape dans le sens du maintien de notre système démocratique dont les Juifs sont la majorité de ce pays. Cet Etat a été créé en fait pour satisfaire l’expression du peuple juif et son nationalisme.

En dépit de la minorité arabe qui devrait avoir les pleins droits, nous n’avons pas combattu notre guerre d’Indépendance afin de créer un Etat multinational.

En ce qui concerne les autres problèmes sensibles nous les laisserons pour plus tard dont l’avenir de Jérusalem. Tout le monde évoque le Mur occidental, mais en réalité si nous avons des droits sur ce Mur, un mur fait partie intégrante d’un bâtiment, donc nous avons droit à cet édifice  dont ce Mur fait partie…

Extraits des propos prononcés lors d’une conférence au JCPA-CAPE devant les représentants du Corps diplomatique et de la Presse étrangère. Voir l’intégralité de l’article dans le site en anglais du JCPA.