« Netanyahou peut demander à Trump de l’aider plutôt que de l’affaiblir »
Actu J: Pourquoi un tel niveau de pression américaine sur Israël ?
Freddy Eytan : La rencontre entre Benyamin Netanyahou et Donald Trump le 29 décembre va être cruciale. La phase 2 du plan américain pour aa sera très diffi cile. Dans le contexte actuel, le désarmement du Hamas n’est pas réalisable. Mais Trump ne veut pas qu’on lui gâche son plan. Il tient à ses alliés qatari et turc, malgré leur connivence avec les Frères musulmans. Il faudra trouver le moyen de nous réconcilier avec ces deux pays sans mettre en danger notre sécurité et sans aller contre le président américain. On est presque sûr qu’il n’enverra pas de soldats turcs à Gaza, mais on n’est jamais à l’abri d’un revirement de dernière minute de la part de Donald Trump.
Quels arguments peut opposer le Premier ministre israélien ?
F.E. : D’abord, il ne faut pas qu’il aborde son entretien avec le président américain en position d’infériorité. Il faut une fl uidité dans les relations personnelles, c’est fondamental en diplomatie. Sur le fond, Benyamin Netanyahou a des arguments. Il peut reparler de la normalisation avec l’Arabie saoudite. Et expliquer qu’elle est réalisable, même sans reconnaissance d’un État palestinien. De toute façon, le chef du gouvernement israélien a déjà accepté le plan en 20 points de Trump, qui évoque un « chemin crédible vers un État palestinien ».
Et puis Riyad va obtenir des Américains des F35 et même un programme nucléaire civil. Le Premier ministre israélien peut aussi renégocier un renforcement de Tsahal pour maintenir sa supériorité technologique. Ce serait un bon compromis. C’est ce que les gouvernements israéliens ont toujours fait avec les présidents américains. Netanyahou peut également demander à Trump de l’aider plutôt que de l’affaiblir, surtout quand Israël est déjà en période électorale.
Quels effets sur la politique intérieure israélienne ?
F.E. : Benyamin Netanyahou est conscient du jeu que mène le président américain. Et c’est à lui de lui fi xer des lignes rouges et de ne pas le laisser aller trop loin dans son ingérence. Menahem Begin, lui, n’aurait pas hésité à rappeler à Donald Trump qu’Israël n’est pas une république bananière. Si le Premier ministre veut prouver qu’il est ferme sur les intérêts d’Israël, ce n’est pas vis-à-vis de ses ministres Smotrich ou Ben-Gvir, mais vis-à-vis du monde et du président américain.
