Nétanyahou à Paris pour consolider les relations avec la France

Freddy Eytan

Contrairement à certaines informations parues dans la presse, le président Macron s’est réjoui que Benjamin Nétanyahou ait choisi la France pour effectuer sa première visite en dehors du Proche-Orient. Les deux leaders se sont félicités de la qualité et du caractère exceptionnel des liens qui unissent la France et Israël. Ils ont échangé, en confiance, sur les défis que les deux pays ont à relever.

La visite du Premier ministre israélien à Paris est importante dans le contexte intérieur, régional et international. Macron a fait part de la solidarité pleine et entière de la France avec Israël dans sa lutte contre le terrorisme tout particulièrement après l’attaque ignoble qui a fait sept victimes israéliennes à Jérusalem.

La France demeure un acteur ami et influent au Moyen-Orient et au Maghreb. Sur la menace iranienne comme sur le combat contre le terrorisme, Jérusalem et Paris se concertent et partagent les mêmes analyses. Nétanyahou souhaite que la France avec les Etats-Unis forment une alliance stratégique contre le projet nucléaire des ayatollahs. 

Cependant, malgré les relations amicales entre les deux pays, il existe des divergences fondamentales sur le problème palestinien et le dossier libanais. La politique française sur ces deux dossiers est teintée d’une certaine hypocrisie, un double jeu qui ne varie pas depuis plusieurs décennies.   

Netanyahu, Macron

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. (@netanyahu/Twitter)

 

La France n’est pas assez ferme concernant le Hamas et le Hezbollah, deux mouvements terroristes qui sabotent la paix et déstabilisent toute la région. Nous souhaitons que la France vote à l’ONU avec les Occidentaux ; qu’elle ne s’aligne pas à des pays hostiles pour condamner automatiquement Israël, et qu’elle évite de faire cavalier seul sur la question palestinienne.

Le Président français exprime toujours son inquiétude sur la situation actuelle dans les Territoires palestiniens et rappelle l’importance d’éviter toute mesure susceptible d’alimenter l’engrenage de la violence. Pourquoi ne pas condamner avant toute chose, l’incitation à la haine, principale cause de l’escalade ? Macron a rappelé à Nétanyahou l’attachement de la France au statu quo historique sur les Lieux Saints à Jérusalem, sans dire clairement qu’il est respecté scrupuleusement par les autorités israéliennes et surtout rappeler le lien indéfectible du peuple juif à Jérusalem depuis la nuit des temps.

Netanyahu in Paris

(@KastelMoti/Twitter)

Macron affirme sa ferme opposition « à la poursuite de la colonisation qui sape la perspective d’un futur Etat palestinien » mais ne rappelle pas que Mahmoud Abbas refuse tout contact avec le gouvernement Nétanyahou, et continue à payer des salaires aux auteurs des attentats terroristes et à leurs familles.

Il a exprimé sa disponibilité à contribuer à une reprise du dialogue entre les Israéliens et les Palestiniens mais est-il un médiateur vraiment objectif et sincère ?

Parmi les crises multiples qui affectent la région, et qui mettent aussi en jeu les intérêts de sécurité français et européens, les deux dirigeants ont évoqué longuement le programme nucléaire iranien à l’appui de renseignements précis fournis exclusivement par le Mossad.

Le Président de la République française a répété la fermeté nécessaire face à la fuite en avant de l’Iran, qui si elle se poursuivait emporterait inévitablement des conséquences, et au défaut de transparence de ce pays envers l’Agence Internationale de l’Energie atomique. Par ailleurs, il a exprimé sa forte préoccupation face aux activités déstabilisatrices de l’Iran dans l’ensemble de la région. Nétanyahou et Macron ont donc décidé de travailler ensemble sur ces deux sujets.

Toutefois, sans la démilitarisation du Hezbollah tous les efforts aboutiront à un échec car la milice chiite libanaise est un satellite du régime des ayatollahs iraniens. Sur le dossier libanais, la France fait la distinction nette entre « le Hezbollah politique » et sa « branche militaire ». Elle ne pense pas qu’il soit possible de désarmer le Hezbollah car les chiites font partie d’un gouvernement multiconfessionnel. Paris s’inquiète de l’instabilité et de la crise économique au Liban et de l’effondrement de son système bancaire. La France s’efforce d’empêcher une nouvelle guerre civile qui entraînerait un nouvel afflux massif de centaines de milliers d’immigrés sur le territoire français.

Sur le soutien iranien à l’agression russe en Ukraine Macron a réagi avec fermeté car il exposait l’Iran à des sanctions et à un isolement croissant.

Il existe une volonté d’approfondir le partenariat stratégique qui lie les deux pays et de renforcer la relation bilatérale dans tous les domaines. Nous espérons que le président français poursuivra cette politique amicale et continuera à lutter contre la délégitimation et tous les boycottages, notamment contre le BDS.

Il ne fait aucun doute que la principale motivation du président Macron est économique et la préservation des intérêts de la France. Toutefois, il faut reconnaître que Macron a réussi à consolider les relations bilatérales dans tous les domaines et elles demeurent au beau fixe après la visite de Nétanyahou à l’Elysée. Contrairement à ses prédécesseurs, Macron n’a pas provoqué de crise inutile entre Jérusalem et Paris.

En conclusion, la visite de Nétanyahou à Paris a réussi à consolider les relations franco-israéliennes sur plusieurs plans. Il est bien regrettable que les médias et particulièrement Le Monde ont focalisé leurs articles et reportages sur des questions de politique intérieure israélienne telles que les manifestations sur la réforme judiciaire. Sur ce point, Macron n’a pas critiqué publiquement ces réformes pour la simple raison qu’il n’est pas orfèvre en la matière. D’ailleurs, aucun mot sur ce sujet n’a été mentionné dans le communiqué publié par l’Elysée. La politisation de la presse est criante.