Négociations sur le nucléaire – le piège iranien

Déjà en août 2002, l’opposition iranienne, connue sous le nom de Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), a révélé l’existence d’installations nucléaires iraniennes secrètes au sein de l’usine d’enrichissement de Natanz, dans l’usine de production d’eau lourde d’Arak, et dans le complexe de l’usine de conversion d’uranium à Ispahan, ainsi que dans d’autres sites iraniens inconnus. 

Plutôt que de négocier l’accès libre à tous les sites aux inspecteurs internationaux, les États-Unis ont proposé que l’Iran mène des discussions avec les puissances de l’UE-3 (Grande-Bretagne, France et Allemagne). A cette époque, les États-Unis étaient préoccupés par les programmes d’armes de destruction massive (ADM) en Irak et des intentions belliqueuses de Saddam Hussein. De ce fait, Ils ont permis aux Européens de négocier à leur manière une grande partie du dossier.

Le premier accord avec l’UE-3 a été conclu le 21 octobre 2003 à Téhéran. L’Iran a accepté de « suspendre toutes les activités d’enrichissement d’uranium ». Et, pourtant, sur la question de savoir comment chacun définissait le mot « suspension », les deux parties étaient en désaccord. Pour les Européens, l’Iran devrait geler toutes les activités d’enrichissement mais les dirigeants iraniens refusèrent catégoriquement cette revendication.

Le 15 novembre 2004, un deuxième accord fut conclu à Paris. Les Iraniens ont refusé de déterminer la définition « suspension » en désignant vaguement le terme. Cela avait donc permis à l’Iran de construire des centrifugeuses supplémentaires et d’enrichir de l’uranium.

John Kerry, Mohammad Zarif, Ali Salehi

John Kerry, Mohammad Zarif, Ali Salehi (Wikimedia)

Les négociations diplomatiques avec les Européens furent conduites par Hassan Rohani, l’actuel président iranien. Certes, hier comme aujourd’hui, les décisions sont finalement prises par le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, mais Rohani demeure un acteur principal et un négociateur rusé qui permet par la dissimulation de progresser régulièrement et à grands pas vers la bombe atomique.

D’autre part, Téhéran a refusé d’ouvrir ses installations à des inspections étrangères. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a pu accéder au Centre de recherche technologique situé à Lavizan. Les puissances occidentales soupçonnaient l’Iran de mener des travaux fissiles à des fins militaires.

Les Iraniens avaient rasé six bâtiments à Lavizan en ne laissant aucune trace incriminante. Ils ont aussi pavé de nouveaux carreaux dans l’enceinte de l’installation électrique de Kalaya, avant l’arrivée des inspecteurs afin de dissimuler la présence de matières radioactives. En d’autres termes, l’Iran était prédisposé à tricher.

Aujourd’hui, au moment où le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Zarif, demande à l’Union européenne de jouer les médiateurs entre l’Iran et la nouvelle administration américaine pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien, on devra tout d’abord démontrer que l’Iran a vraiment modifié sa conduite et que ses intentions sont vraiment sincères.

À l’heure actuelle, rien ne le prouve. En réalité et sur le terrain, il est clair que l’Iran n’est pas sur le point de modifier son comportement.

Dans l’attente, les Ayatollahs poursuivent à pas de course leur programme nucléaire et leurs ambitions hégémoniques, en mettant dangereusement la paix au Moyen-Orient.