Missive du Président Georges Bush au Premier ministre Ariel Sharon, 14 Avril 2004

Missive du Président Georges Bush à

Son Excellence Ariel Sharon
Premier ministre de l’Etat d’Israël,

Monsieur le Premier ministre,

Merci pour votre lettre exposant votre plan de désengagement.

Les États-Unis sont remplis d’espoir et demeurent déterminés à poursuivre leur recherche pour promouvoir une solution du contentieux israélo-palestinien. Je demeure attaché à ma vision du 24 juin 2002 de deux États vivant côte à côte en paix et dans la sécurité. Ma vision conduit à la paix, et la «  feuille de route » est un moyen pour y parvenir.

Nous accueillons favorablement le plan de désengagement que vous avez préparé, selon lequel Israël se retirerait de certaines installations militaires et de toutes les implantations situées à Gaza, ainsi que certaines installations militaires et implantations en Cisjordanie. Ces dispositions indiquées dans votre plan marqueront un  progrès réel vers la réalisation de ma vision du 24 juin 2002 et apporteront une réelle contribution à la paix. Nous comprenons également que, dans ce contexte, Israël estime important de proposer de nouvelles opportunités dans le Néguev et en Galilée. Nous espérons que ces mesures conformes à ce plan, cohérentes avec ma vision, rappelleront à tous les États et à toutes les parties leurs propres obligations en vertu de la feuille de route.

Les États-Unis évaluent les risques inhérents à cette entreprise. Je tiens par conséquent vous rassurer sur plusieurs points.

Tout d’abord, les États-Unis demeurent attachés à ma vision et à sa réalisation telle qu’elle a été décrite dans la «  feuille de route ». Les États-Unis feront tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher toute tentative d’où qu’elle vienne d’imposer un autre plan. En vertu de la feuille de route, les Palestiniens doivent cesser immédiatement leurs actions armées et tous les actes de violence contre des Israéliens, où qu’ils se trouvent. En outre, toutes les institutions officielles palestiniennes doivent cesser leurs provocations contre Israël. Les dirigeants palestiniens doivent agir résolument contre le terrorisme, notamment par des opérations acharnées, ciblés et efficaces pour mettre un terme au terrorisme et démanteler son infrastructure. Les Palestiniens devront également entreprendre une réforme politique globale et en profondeur, qui apportera une démocratie parlementaire forte et renforcera les pouvoirs de son futur Premier ministre.
En second lieu, il n’y aura pas de sécurité pour les Israéliens ni pour les Palestiniens avant qu’eux-mêmes et tous les États de la région et au-delà, ne s’unissent pour combattre contre le terrorisme et démanteler les organisations terroristes. Les États-Unis réitèrent leur engagement inébranlable à défendre la sécurité d’Israël, ce qui comprend des frontières sûres et défendables : Ils assurent Israël à préserver et à renforcer sa capacité de dissuasion  et d’autodéfense contre toute menace ou combinaison possible.

En troisième lieu, Israël conservera son droit à se défendre contre le terrorisme, notamment à entreprendre des actions contre les organisations terroristes. Les États-Unis en collaboration étroite avec, l’Égypte et d’autres membres de la communauté internationale dirigeront les efforts pour édifier la capacité et la volonté des institutions palestiniennes à combattre le terrorisme, à démanteler les organisations terroristes et à empêcher que les zones dont Israël s’est retiré ne constituent une menace pour sa sécurité à laquelle il serait nécessaire d’intervenir. Les États-Unis comprennent qu’après le retrait opéré par Israël de la bande de Gaza et/ou de partie de la Cisjordanie, et en attendant des accords sur d’autres règlements, les arrangements existants concernant le contrôle de l’espace aérien, des eaux territoriales et des passages par voie de terre de la Cisjordanie et de Gaza demeureront en vigueur.

Les États-Unis se sentent profondément liés par leur engagement à la sécurité et au bien-être d’Israël en tant qu’État juif. Il semble qu’il faudra trouver une solution à la question des réfugiés palestiniens dans un cadre clair, équitable et réaliste, comme faisant partie d’un accord sur le statut définitif qui devra inclure l’établissement  d’un État palestinien et l’installation des réfugiés palestiniens dans cet État, et non en Israël.

Dans le cadre d’un règlement de paix définitif, Israël doit disposer de frontières sûres et reconnues qui doivent émerger de négociations entre les parties, conformément aux résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l’ONU. À la lumière des nouvelles réalités sur le terrain, notamment les importantes concentrations de population israéliennes, il n’est pas réaliste de s’attendre que les négociations sur un statut définitif  aboutissent à un retour pur et simple aux lignes d’armistice de 1949, et tous les efforts antérieurs pour négocier une solution binationale sont parvenus à la même conclusion. En revanche, il sera réaliste de s’attendre qu’un accord sur le statut final ne sera obtenu que sur la base de changements mutuellement consentis et qui reflèteront les réalités du terrain.

Je sais que, comme vous l’affirmez dans votre lettre, vous êtes conscient que l’État d’Israël est confronté à certaines responsabilités. Parmi celles-ci, votre gouvernement a déclaré que le mur érigé par Israël constitue une clôture de sécurité plutôt qu’une barrière politique, qu’il doit être temporaire et non définitive, et par conséquent ne doit pas porter atteinte au statut final comprenant des frontières définitives. Ainsi, conformément aux besoins sécuritaires le tracé de la clôture doit prendre en considération, l’impact qu’elle a sur les Palestiniens non engagés dans des activités terroristes.

Comme vous le savez, les États-Unis soutiennent la création d’un État palestinien viable, souverain, indépendant et doté d’une contiguïté territoriale, afin que le peuple palestinien puisse construire son propre avenir conformément à la vision que j’ai présentée en juin 2002 et dans la voie tracée dans la « feuille de route ».
Les États-Unis s’uniront avec d’autres membres de la communauté internationale pour encourager le développement d’institutions politiques démocratiques, ainsi qu’un nouveau leadership dévoué à ces institutions. Les Etats Unis encourageront également  la reconstruction des institutions civiles palestiniennes, à la croissance d’une économie libre et prospère et à l’édification d’institutions sécuritaires capables de faire respecter le droit et le maintien de l’ordre, et de démanteler les organisations terroristes.

Un règlement de paix négocié entre Israéliens et Palestiniens constituera  un grand bienfait non seulement pour ces peuples, mais pour toute la région. En conséquence, les États-Unis estiment que tous les États de la région doivent assumer certaines responsabilités : soutenir l’édification  des institutions d’un État palestinien ; combattre le terrorisme et cesser toute forme d’assistance à des individus ou des groupes engagés dans le terrorisme ; progresser vers des relations plus normales avec l’État d’Israël. Ces actions constitueront une véritable contribution à la construction de la paix dans la région.

Monsieur le Premier ministre, vous avez exposé dans votre lettre une initiative audacieuse et historique qui pourrait apporter une importante contribution à la paix. Je vous félicite pour vos efforts et votre courageuse décision à laquelle je salue et j’apporte mon soutien. En tant qu’ami proche et en tant qu’allié, les États-Unis ont l’intention de travailler étroitement  pour faire de votre décision une réussite.

Bien sincèrement,
George W. Bush