Mission impossible d’un baptiste pressé

L’ancien président des Etats-Unis, Jimmy Carter est un visionnaire pressé. A l’âge de 84 ans, ce fils de fermiers et baptistes pratiquants  enseigne toujours au catéchisme et ses discours se transforment souvent en sermons. Ses nombreuses missions à travers le monde sont “sacrées” voire dictées par une force divine…  En mars 1976,  trois mois après son installation à la Maison Blanche, il reçoit le Premier ministre Itzhak Rabin et exige de reconnaître l’OLP de Yasser Arafat. Un an  pus tard, il force la main à  Menahem Begin et conclut la signature des Accords de Camp David avec l’Egypte. Il est humilié quand Begin refuse de négocier avec les Palestiniens. En dépit de ses succès en politique étrangère, les démarches hâtives de Carter ont  subi des échecs cuisants. Il cède aux pressions soviétiques  et annule le programme de la construction de la bombe à neutrons, ne réagit pas énergiquement contre l’invasion soviétique en Afghanistan et contribue à la prise du pouvoir des Talibans. Il est  aussi responsable de la chute du Chah d’Iran et ne réagira pas lorsque Khomeiny débarque à Téhéran. Sa  tentative de libérer les otages de l’ambassade américaine fut un véritable fiasco.
Depuis son départ de la Maison Blanche, Carter est un observateur privilégié et médiateur de conflits internationaux. Il tente avec conviction de faire progresser la démocratie et les droits de l’homme. Une mission importante et noble qui lui a valu le prix Nobel de la Paix.Carter connaît parfaitement le dossier du Proche-Orient et a créé des centres qui portent son nom dont un situé à Ramallah. Est-il conscient   que certains projets sont financés par des organisations et personnes douteuses? Pourquoi Carter accepte de rencontrer Khaled Mashal et refuse de s’entretenir avec Oussama Ben Laden? Quelle différence y a-t-il entre les deux chefs terroristes? Les deux ne sont-ils pas des croyants sunnites qui prônent la violence aveugle? Comment Carter peut-il croire que le Hamas accepterait un Etat palestinien dans les frontières de 67 tout en considérant qu’Israel devrait disparaitre et que l’ensemble de la Palestine  appartient exclusivement aux musulmans? Des questions fondamentales qui n’obtiennent que des réponses évasives et des résultants humiliants.Carter est certes un homme libre et indépendant mais aux yeux de l’opinion publique internationale, il demeure un ancien président des Etats-Unis et lauréat du prix Nobel. Carter est conscient qu’en parlant avec le Hamas, il ouvre une brèche dans le mur du boycottage des Européens et des Américains. Ils considèrent toujours cette organisation comme terroriste. Jérusalem a eu tort de boycotter la visite de l’homme qui a réussi à changer la face du Proche-Orient en signant la paix entre l’Egypte et Israel. Olmert devrait le recevoir avec tous les honneurs dus à son rang mais aussi lui dire tout haut ce qu’il pense vraiment de sa mission. Israel n’est pas une république bananière et Carter n’est pas un ennemi d’Israel. C’est un homme de dialogue, pressé et naïf  qui tente à chaque fois de brouiller les cartes diplomatiques. Il  a causé des dégâts irréversibles à Israel et à la politique des Etats-Unis et il doit le savoir.  Ses rencontres avec les dirigeants du Hamas donnent une légitimité à cette organisation, affaiblissent Abou Mazen et encouragent le terrorisme.