Mettre fin à la guerre contre le Hamas pour négocier un nouvel accord sur le nucléaire iranien ?
Tsahal vient de récupérer les corps de six otages dans un profond tunnel de Gaza. Ils ont été assassinés par leurs barbares ravisseurs peu de temps avant d’être localisés. Le président Biden se dit bouleversé par la terrible nouvelle et particulièrement de l’assassinat du jeune israélo-américain, Hersh Goldberg-Polin, et réaffirme sa promesse de ramener tous les otages. Tandis que les familles des otages israéliens accusent directement Nétanyahou.
Au-delà des pressions américaines pour aboutir à un cessez-le-feu et libérer les otages, l’administration Biden-Harris est surtout préoccupée par les menaces de l’Iran de déclencher une guerre régionale. Elle cherche un nouveau deal qui conditionnerait la fin des hostilités avec la signature d’un nouvel accord sur le projet nucléaire iranien.
L’ayatollah Khamenei vient d’appeler à des pourparlers avec Washington pour relancer le dialogue. Le vieux guide spirituel des chiites estime que l’Amérique ne peut être digne de confiance mais dans les circonstances actuelles, il pense que : « ce n’est pas contradictoire de s’engager avec le même ennemi dans certains domaines… » Le fanatique leader de l’Iran peut se permettre actuellement. Quatre ans après la décision américaine de se retirer unilatéralement de l’accord de Vienne, l’intraitable Khamenei constate que les sanctions occidentales et la réduction considérable des exportations du pétrole paralysent totalement son pays.
Quelle serait donc la tactique à suivre pour éviter le désastre, une crise socio-économique irréversible qui mettrait en péril tout le régime islamique ?
Devant l’armada américaine en Méditerranée, Khamenei ne peut non plus lancer des représailles contre Israël. Au pied du mur, sans issue, il promet d’engager des négociations sur le nucléaire pour épargner une guerre régionale au Moyen-Orient…En réalité, il s’agit d’un écran de fumée…Et une fois encore, l’Occident tombe bêtement dans le piège iranien.
Khamenei, 85 ans, est un champion de la manipulation diplomatique et des ruses politiques, il détient un nouveau joker en la personne du « réformiste » Massoud Pezeshkian, celui qui est considéré par les Occidentaux de modéré… Il lui avait permis de gagner les élections présidentielles pour pouvoir mieux manœuvrer la marionnette à son gré.
Voilà déjà quatre ans que l’administration Biden-Harris souhaite relancer le dialogue avec Téhéran et ouvrir une nouvelle page après la décision de Donald Trump de se retirer de l’accord de Vienne.
Les ayatollahs craignent une victoire de Trump aux élections présidentielles et donc misent sur Kamala Harris et sur Barack Obama, l’éminence grise…
Devant le théâtre de l’absurde, Trump est dans une colère noire et Nétanyahou ronge son frein et voit rouge.
Des pourparlers indirects ont eu lieu de nombreuses fois entre l’Iran et les États-Unis sous la médiation du Qatar. L’ultime appel de Khamenei à Washington est intervenu quelques heures seulement après la visite du Premier ministre qatari à Téhéran. Incroyable mais vrai, la puissante Amérique offre au minuscule émirat un pouvoir sans limite : devenir le principal intermédiaire pour régler les conflits internationaux.
Avec une importante base militaire au Qatar les Etats-Unis n’utilisent plus tous ses leviers et permet à des émirs corrompus de jouer les arbitres ?
Cela dépasse tout entendement. Comment offrir des missions diplomatiques délicates à Doha, siège de la confrérie des frères musulmans et d’Al Jazeera, la principale capitale des chefs terroristes du Hamas. Comment les Etats-Unis laissent faire et observent tranquillement le Qatar exploiter à fond ses bonnes relations régionales et internationales et son titre : « non membre de l’OTAN allié des États-Unis ».
Récemment, Antony Blinken affirmait que Téhéran est capable de produire en « une ou deux semaines une bombe atomique. » Le chef de la diplomatie américaine réitère l’engagement des Etats-Unis à empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire mais préfère « la voie diplomatique ». L’ambiguïté persiste.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) indique clairement que l’Iran continue d’accroître ses capacités nucléaires, installant de nouvelles centrifugeuses dans les installations d’enrichissement de Natanz et de Fordow. Selon l’AIEA, l’Iran est le seul Etat- non doté d’armes nucléaires- à enrichir de l’uranium jusqu’au niveau élevé de 60%, (tout près de la qualité militaire) et en continuant à accumuler d’importants stocks d’uranium.
En l’absence d’accord, l’Iran continue de faire avancer son programme nucléaire sans aucune contrainte. Pour sa part, Emanuel Macron assure que la France « fera pression » sur l’Iran pour qu’il respecte ses obligations. » Vraiment ? Comment ?
Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent en Europe, particulièrement en France, pour minimiser les intentions belliqueuses de l’Iran. Le ministre des Affaires étrangères de l’UE, Joseph Borrell, a récemment confirmé que l’Europe cherchait une formule intérimaire qui pourrait débloquer les pourparlers.
Philippe Thiébaud, ancien ambassadeur à Téhéran (2019- 2022) affirme : « Seule grande puissance chiite du monde, l’Iran ne bénéficie pas d’un environnement géopolitique favorable. Ses relations parfois tendues avec ses voisins l’ont obligé à prouver qu’il était capable de défendre son pré carré. C’est notamment pour cette raison que le pays a développé ce qu’il appelle « l’axe de résistance », une alliance politique et militaire avec ses « proxys » comme le Hezbollah libanais ou les Houthis yéménites. »
Bizarre justification diplomatique…N’est-elle pas une apologie indirecte de l’exportation du terrorisme d’Etat ?
Thierry Coville, docteur en sciences économiques, chercheur à l’IRIS et spécialiste de l’Iran plaide pour une meilleure compréhension de l’Iran : « la révolution islamique a finalement lancé la société iranienne sur la voie de transformation considérable voire une révolution invisible… »
La puissance pétrolière et les atouts économiques seront toujours mis en relief tandis que le régime islamiste de l’Etat voyou et belliqueux, l’exportation du terrorisme d’Etat par les Gardiens de la Révolution, les menaces d’anéantir l’Etat juif notamment par la bombe atomique ne présentent plus, pour eux, un véritable danger.
Nul le doute, l’Iran représente une civilisation millénaire et il est aujourd’hui un Etat stratégique incontournable. Le peuple iranien n’est pas notre ennemi et nos relations diplomatiques et économiques avec l’Iran étaient au beau fixe jusqu’à la chute du Shah. Depuis 1979 tout a basculé avec le régime islamiste des ayatollahs.
Une fois encore, l’Occident perd la face devant une diplomatie iranienne rusée, bien huilée et très habile. Les Occidentaux abandonnent leurs principes et leurs valeurs universelles par crainte d’affronter militairement l’Etat voyou, mais surtout pour des raisons commerciales, généralement mercantiles.
L’Iran aura réussi avec ruse et manipulation à écarter à la fois toute action militaire contre ses sites nucléaires et à lever les sanctions, sans aucune concession majeure de sa part sur le terrain.
Malgré les assurances des Américains et de la France de « protéger » Israël, de garantir sa sécurité, et de renforcer les inspections des sites par l’AIEA, il semble que l’administration Biden-Harris préfère donc suivre les principes de la politique d’Obama…
Rappelons que plus de 250 milliards de dollars ont été déjà investis uniquement dans le projet nucléaire iranien et tout indique, malgré tous les démentis, que l’Iran enrichie de l’uranium à des fins militaires.
L’expérience du passé ne peut nous laisser indifférents. Les vagues promesses de certains leaders étrangers sont en général caducs.
Les pressions américaines pour mettre fin à la guerre contre le Hamas et le Hezbollah pour faciliter un nouvel accord nucléaire avec l’Iran présentent un lien extravagant, absurde et dangereux.