Malheureuse initiative pour redorer le blason de la France

La dernière initiative française de réunir à Paris un nouveau sommet international pour relancer le processus de paix est peut-être une démarche positive  mais dans la forme et sur le fond elle est vouée à l’échec. L’initiative d’Alain Juppé nous rappelle l’anecdote suivante : en mars 1979, se trouvant à Londres en visite officielle, Menahem Begin, Premier ministre, eut l’agréable surprise de voir apparaître Jean François-Poncet. « Je suis envoyé par le président Giscard d’Estaing pour vous inviter à l’Elysée » dit à Begin le nouveau chef de la diplomatie française.

– Tiens, j’en suis honoré, je veux croire que cette invitation est officielle.»

– Euh…non, officielle…non.

– Mais alors, pourquoi ?

– Pour un échange de vues au cours d’un déjeuner qui vous est offert.

– Eh, bien, si c’est pour déjeuner, remerciez votre président ; mon épouse Aliza est un cordon-bleu. Je préfère déjeuner avec elle. »

Hier Jean François-Poncet et aujourd’hui Alain Juppé, et d’ailleurs tous les ministres des Affaires étrangères de la France ont commis avec les gouvernements israéliens des maladresses et des bévues parce que simplement ils manquent de sensibilité et une parfaite connaissance de la situation sur le terrain. Tous les ministres français ont refusé d’être accompagnés par des officiers de Tsahal  le long de la ligne d’armistice de 1949. Aucune visite n’a pas non plus été effectuée dans les implantations en Cisjordanie ou sur le Golan sous le prétexte du Quai d’Orsay qu’il s’agit de “territoires occupés.”

Ils ne prennent pas sérieusement et sincèrement les revendications légitimes de l’Etat juif à des frontières défendables et à une modification cruciale du tracé des lignes d’avant juin 1967. Depuis le général De Gaulle, la France applique la version française de la résolution 242 voire un retrait de tous les Territoires. Elle ne s’interroge pas sur les raisons de la guerre des Six Jours ni sur la vérité historique et du fait que les Arabes ont bien perdu cette guerre. En invitant, les Israéliens à une réunion internationale à Paris et en fixant à l’avance l’ordre du jour et le résultat des négociations, Juppé donne l’impression qu’Israël  devrait se joindre à la table des pourparlers comme vaincu et la tête basse. Les avantages acquis après la victoire de juin 1967 sont  et demeurent des atouts stratégiques, tactiques et diplomatiques. Ils ne peuvent être gommés selon les souhaits des Français ou les caprices des Palestiniens.

Les ministres français des Affaires étrangères ont toujours eu de “bonnes idées” pour faire avancer la solution du problème Palestinien.  Déjà en octobre 1974, Louis de Guiringaud vote l’admission de l’OLP à l’ONU comme observateur. Elle est suivie d’une rencontre de Jean Sauvagnargues avec Arafat à Beyrouth et par la suite, la France devient  le premier pays occidental à ouvrir à Paris un bureau de l’OLP, et cela au moment même où l’Europe devenait la plaque tournante du terrorisme palestinien.

Le dernier « avertissement amical» d’Alain Juppé à Netanyahou de reconnaître la proclamation d’un Etat palestinien au mois de septembre prochain en cas de refus israélien, n’a donc rien d’étonnant. Rappelons que juste après les Accord d’Oslo, Alain Juppé s’est empressé à ajouter au titre du Consul général à Jérusalem celui de Représentant des intérêts de la France auprès de l’Autorité palestinienne. Aujourd’hui ce consulat situé rue Emile Botta, Jérusalem-ouest, fonctionne depuis comme une véritable ambassade  de la Palestine. (Site web du consulat, en français et en arabe…) Cette politique unilatérale de la France encourage les Palestiniens dans leur combat tous azimuts de déligitimation de l’Etat juif. Les nouveaux incidents à la frontière Nord et les tentatives de milliers de réfugiés de Syrie et du Liban de franchir nos barrières par la force et la violence  n’ont pas été condamnés par Paris. Cette attitude française rappelle la petite phrase de Michel Jobert lors de la guerre de Kippour: ” Est-ce que tenter de remettre les pieds chez soi constitue une agression imprévue?”

Alain Juppé se déclare souvent comme un ami d’Israël attaché à son existence et à sa sécurité. Cette amitié est mise à l’épreuve et elle est surtout incompatible avec son initiative et ses propos sur la réconciliation entre le Fatah et le Hamas et sur la libération de Guilad Shalit.

Au moment où les pourparlers avec les Palestiniens piétinent et le président Obama est perplexe dans la marche à suivre, la France de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé souhaite vivement jouer un rôle mais surtout semble redorer le blason à l’approche du défilé du 14 juillet.