Macron est-il le médiateur providentiel pour la solution palestinienne ?
Lors de sa dernière visite éclair à Paris, Yair Lapid avait souhaité une médiation française pour relancer le dialogue avec les Palestiniens. Enthousiaste de pouvoir enfin jouer le rôle de médiateur, Emmanuel Macron invita le lendemain Mahmoud Abbas au Palais de l’Elysée, pour un déjeuner de travail.
Le président français adore les cérémonies grandioses et rêve de pouvoir un jour réunir au château de Versailles tous les Grands de la planète pour assister à la signature d’un nouveau traité de paix israélo-arabe.
Dans l’attente, Macron se dit préoccupé par la détérioration de la situation à Jérusalem et dans les Territoires et il le dit franchement au chef palestinien :
« Cher Mahmoud Abbas, votre visite en France intervient alors que les tensions, la violence, le terrorisme, perdurent au Proche-Orient. Elle intervient alors que la situation à Jérusalem et dans les territoires palestiniens reste plus que préoccupante. Grâce à vos efforts et à ceux de nos principaux partenaires, y compris Israël, une escalade de violence de l’ampleur de celle que nous avions connue en mai 2021 a pu être évitée. Mais pour combien de temps encore ? »
Macron n’a pas de plan original pour régler définitivement le conflit, mais pense qu’une nouvelle spirale meurtrière peut s’enclencher à tout moment et donc c’est son devoir d’agir…
L’objectif est clair. Les timides résultats obtenus par la récente visite du président Bident au Moyen-Orient offre à Emmanuel Macron une bonne occasion de relancer un processus de paix moribond.
Sur le fond, qui est responsable si le processus est au point mort depuis 2014 ?
Lors de la visite d’Abbas à Paris, Macron accuse clairement Israël des mesures unilatérales sur le terrain et il énumère quelques-unes.
« Je pense » dit-il « aux évictions de familles palestiniennes, de démolition, à la politique de colonisation, contraires au droit international et qui éloignent la possibilité d’établir un Etat palestinien vivant en paix aux côtés d’Israël. »
En dénonçant par avance la politique israélienne Macron pense-t-il vraiment pouvoir remplir le rôle d’arbitre ? Va-t-il admettre qu’il ne peut y avoir de solution sans l’accord du Hamas ? Est-il prêt à reconnaitre le mouvement terroriste islamiste ?
Comment ne pas condamner préalablement un chef palestinien qui continue à soutenir l’incitation à la haine et les actes terroristes en payant des salaires aux auteurs et à leurs familles ?
Comment ne pas dévoiler les violations des droits de l’Homme, la torture dans les prisons palestiniennes, la corruption et le manque de transparence au sein de la gouvernance Abbas ?
Comment la France soutient et continuera de soutenir la population palestinienne à travers son aide financière bilatérale ?
Comment Macron soutient un Mahmoud Abbas qui s’oppose catégoriquement aux Accords d’Abraham ?
C’est ainsi que Macron souhaite aider à la construction d’un futur Etat palestinien viable et démocratique ? Ouvrir un horizon politique crédible ?
Par sa politique partiale en faveur des Palestiniens n’encourage-t-il pas une campagne anti-israélienne au sein de l’Hexagone ? Au sein du Parlement français qui s’apprête à voter un projet de résolution assimilant Israël à un « régime d’apartheid ».
Le président français réaffirme sa disponibilité à contribuer à la reprise du processus de paix et à mobiliser la communauté internationale en sa faveur afin de mettre en œuvre une solution qui puisse conduire à une paix juste et durable. Est-il vraiment capable ? A-t-il les moyens ?
Israël ne peut offrir à Macron une médiation diplomatique pour sa politique partiale parce que la France n’a plus le rôle d’influence au Moyen-Orient ni ailleurs… Macron a échoué en Ukraine, au Liban et au Mali et même le Maroc préfère une coopération stratégique et militaire avec Israël.
Yair Lapid a sans doute de bonnes intentions en souhaitant offrir à son ami Macron une noble mission.
Dans les affaires internationales l’amabilité n’existe guère, seuls les intérêts comptent.
Par manque d’expérience et par naïveté, Lapid risque de commettre une erreur grave.
Depuis plusieurs décennies le dossier palestinien empoisonne la communauté internationale sans trouver de solution. Un règlement définitif devra se réaliser par des négociations directes, après de longues réflexions et études sur tous les plans et les aspects géopolitiques, stratégiques, économiques et juridiques.
Toutes les tentatives du passé ont avorté par précipitation, par la hâte excessive d’obtenir des résultats rapides.
Il est dangereux de remettre le destin des Israéliens aux soins d’un tiers, confier la mission de médiateur à un leader étranger.