L’urgence d’un accord de défense avec les Etats-Unis
L’idée d’un pacte de défense entre Israël et les États-Unis a déjà été examinée à plusieurs reprises mais à chaque fois rejetée. Il provoque toujours un débat agité au sein de la classe politique, entre les militaires et les diplomates. L’idée ne fait pas l’unanimité et une grande partie ne souhaite pas dépendre totalement des Etats-Unis.
Israël s’est réservé le droit de ne pas intervenir dans les conflits qui ne le touchent pas directement, préservant ainsi son pouvoir décisionnel indépendant, en défendant le principe sacro-saint selon lequel il devrait pouvoir se défendre, seul, lui-même.
Cependant, la donne stratégique et géopolitique a complètement changé au Moyen-Orient et depuis le 7 octobre 2023 nous sommes en pleine guerre sur plusieurs fronts.
Soyons donc réalistes et modestes. Certes, nous représentons une forte puissance régionale mais nous ne pouvons pas affronter tout seuls des attaques de l’Iran et ses satellites lancées dans tous les azimuts, ni non plus les interventions militaires de la Russie ou de la Chine.
Plus que jamais, nous dépendons donc des Etats-Unis. Depuis le fameux embargo décrété sur les armes par le Général Charles de Gaulle le 2 juin 1967, et face à la vente massive d’armement soviétique aux pays arabes, l’Amérique demeure notre principal alliée stratégique et notre fournisseur d’armes et de munitions. Depuis 1987, Israël reçoit en moyenne chaque année 1,8 milliard de dollars en termes de vente ou de financement. En 2007, les États-Unis l’accroissent de 25% en portant leur subvention à 3 milliards de dollars chaque année pour la décennie à venir. Jusqu’en 2028, l’aide militaire américaine sera élevée à près de 4 milliards de dollars par an. Le budget national de la défense prévu pour 2024 devra aussi augmenter de plus de 5 milliards de dollars.
Israël est non seulement un acheteur majeur d’armes américaines, mais il développe également de nombreux programmes de recherche, de développement, et échange du renseignement militaire précieux en coopération étroite avec les États-Unis.
Durant la guerre de Kippour d’octobre 1973, les États-Unis vinrent en aide à Israël en organisant un pont aérien et maritime. Ils livrèrent une panoplie très importante de matériel militaire dont des avions, hélicoptères et chars, ainsi que des quantités de munitions et des pièces détachées de rechange.
Ce matériel a donné un second souffle à Tsahal et ainsi il a pu gagner la guerre sur tous les champs de batailles, sur le plateau du Golan, dans la péninsule du Sinaï, et sur la « rive africaine » du canal de Suez.
Après la guerre de Kippour et le désengagement des troupes israéliennes, les Etats-Unis et Israël ont signé, en septembre 1975, un mémorandum d’accord qui renforçait les relations bilatérales et la coordination stratégique et diplomatique entre les deux pays alliés.
En 1981, sous l’administration du président Ronald Reagan, un accord de coopération stratégique et de sécurité fut signé. Depuis, les deux pays forment une alliance militaire. Des exercices et des manœuvres militaires sont régulièrement et conjointement organisés.
En 1987, les États-Unis ont accordé à Israël le statut d’allié majeur – non membre de l’OTAN – lui permettant d’acquérir tout l’armement américain nécessaire pour sa défense.
En janvier 1991, lors du déclenchement de la Première Guerre du Golfe et pour pouvoir affronter et intercepter les missiles Scud lancés par Saddam Hussein, les États-Unis livrèrent des systèmes de missiles sol-air Patriot.
Depuis, tous les présidents américains, démocrates et républicains, ont suivi la même politique et livré le matériel militaire qu’avait demandé Israël. Ces jours-ci, malgré les obstacles administratives et politiques au sein du Congrès américain, le président Joe Biden a permis l’envoi de matériel militaire sophistiqué et un certain approvisionnement de munitions. Un fort gage garantissant à Tsahal un avantage qualitatif par rapport aux autres armées arabo-musulmanes du Moyen-Orient.
Depuis 1948, Israël applique la devise de ne jamais dépendre de personne pour sa sécurité, et il refuse que des soldats étrangers, notamment américains, participent à ses batailles dans les conflits armés ou contre le terrorisme. Il rejette aussi la présence sur son territoire de casques bleus de l’ONU ou des troupes de l’OTAN pour assurer la paix.
Alors que les combats se poursuivent au Nord et au Sud et que nos munitions s’épuisent, l’idée de la signature d’un Pacte de Défense avec les Etats-Unis est une fois de plus soulevée sérieusement. Les opposants argumentent qu’une alliance de défense pourrait lier les mains de Tsahal. Ils évoquent les raids contre les centrales nucléaires en Irak (1981) et en Syrie (2007). Rappelons qu’après la destruction d’Osirak à Bagdad, le président Reagan, pourtant grand ami d’Israël, avait suspendu la livraison de nouveaux avions F16.
Les Américains savent parfaitement qu’Israël est le seul bastion démocratique de la région et leur fidèle allié, conscients qu’un affaiblissement de l’Etat juif agirait contre les intérêts stratégiques des Etats-Unis.
Depuis le terrible 7 octobre 2023, une révision de notre doctrine de défense en coordination avec les Etats-Unis est donc nécessaire. Il est urgent de signer un pacte de défense concernant des attaques lancées par nos ennemies au-delà de nos frontières avec des clauses qui permettront à Israël d’agir rapidement dans le cas de casus belli ou devant un raid ciblé planifié en dernière minute contre des chefs et des cellules terroristes.
Ainsi, nous pourrions gagner la guerre contre le Hamas et le Hezbollah et surtout empêcher l’Iran d’acquérir sa première bombe atomique.