L’Union européenne brouille les cartes et s’embrouille avec Israël
A chaque fois que le processus de paix avec les Palestiniens piétine ou se trouve dans une impasse, nous entendons à Bruxelles le même son de cloche. Comme de coutume, la commission européenne préfère entendre un seul son, et dans ce cas, il est bien difficile, voire quasiment impossible de juger équitablement toutes les parties dans ce conflit. Depuis plusieurs décennies nous nous sommes habitués au jugement partial, aux leçons de morale et à des avertissements, mais cette fois-ci, le double jeu est si transparent qu’il l’emporte sur la réalité quotidienne. Avec maladresse, l’Union européenne a brûlé les étapes du processus de paix, a brouillé les cartes et a infligé un camouflet injustifié à Israël et aux Américains.
Le comportement actuel des fonctionnaires européens est probablement lié et justifié par la crise économique profonde dans laquelle l’Europe est plongée. Nous pouvons regretter l’endettement de certains pays et nous partageons leur angoisse face à la faillite éventuelle. La présence massive de la force ouvrière étrangère complique bien sûr la situation sociale et aggrave le chômage.
Nous comprenons la détresse et souhaitons aux Européens une sortie rapide de la crise. Nous pouvons être aussi compréhensibles face au renforcement des liens avec les pays arabes et particulièrement avec ceux du Golfe, notamment le Qatar. Cela dit, quel rapport direct y-a-t’il avec le boycottage des résidents juifs installés à Jérusalem, dans les quartiers de Guilo ou Ramot, sur le Golan, en Judée ou en Samarie ? Toute la Cisjordanie représente moins de 6 000 kms, c’est-à-dire la moitié de l’Ile-de-France, et les habitants juifs ne représentent que 3% de la population locale. Pourquoi cette distinction préméditée et voulue dans un contexte si sensible et explosif ; ne sont-ils pas des citoyens israéliens à part entière ? Pourquoi cette soudaine ségrégation inadmissible ? Une sorte de nouvel Apartheid européen ? Certes l’aide européenne est importante mais elle est principalement destinée aux Palestiniens qui sont d’ailleurs liés économiquement avec les résidents et les villages juifs. Les entreprises israéliennes qui vont être boycottées fournissent du travail quotidien aux Palestiniens, et par cette directive l’UE prive en fait leur seul gagne pain. Et puis, imaginons un retrait unilatéral du Golan bien avant le déclenchement de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad… N’est-il pas plus urgent pour l’Union européenne de s’occuper sérieusement et d’abord des massacres quotidiens en Syrie, ou du combat contre le Djihad mondial dans le Sinaï, ou dans la partie syrienne du plateau du Golan, et ailleurs ! N’est-il pas de son devoir d’interdire à des sociétés européennes de fournir clandestinement du matériel aux Iraniens violant ainsi les sanctions imposées ! Il existe sans doute de nombreuses missions plus urgentes à régler que de s’acharner avec une directive inopportune, discriminatoire et contreproductive.
Certes, le processus de paix avec les Palestiniens se trouve dans une impasse, mais à qui la faute ? Seulement à Israël ? Les Américains tentent aujourd’hui leur dernière chance pour amener les deux parties à la table des négociations. John Kerry est pour la sixième fois dans la région pour supplier Mahmoud Abbas de reprendre les pourparlers. Netanyahou a déjà donné son feu vert mais Abbas s’obstine toujours. Au lieu d’encourager et d’attendre patiemment des résultats tangibles, l’Union européenne s’empresse et brûle les feux rouges. Frustrée peut-être par son passé colonial, elle cherche par des moyens mercantiles ou par le boycottage à imposer à l’Etat juif une solution rapide et à fixer d’ores et déjà un retour aux lignes d’armistice indéfendables de 1949 ? Pourquoi n’est-elle pas aussi exigeante envers l’Autorité palestinienne ou à l’égard du Hamas qui est pourtant maître absolu dans la bande de Gaza mais refuse toujours de reconnaitre notre propre existence ? Soulignons que la Cisjordanie est un territoire qui n’a jamais été juridiquement reconnu comme « occupé » et son statut demeure « territoire disputé » !
Bien entendu, un partage juste et équitable est nécessaire, et il n’y pas d’alternative au compromis, mais comment revenir aux lignes d’avant 1967 avant d’entamer une négociation très sérieuse sur des questions sécuritaires, voire existentielles. Nous rejetons tout diktat et boycottage de la part de pays prétendant œuvrer pour la paix, l’égalité, l’équité, et la morale universelles.
Il est aussi regrettable de constater que certains observateurs, journalistes, ONG, et hommes politiques israéliens principalement de l’extrême gauche encouragent l’Union européenne à poursuivre sa politique de sanctions et ont même osé féliciter les dernières mesures prises par la commission européenne. Leurs « solidarité et fraternité » envers leurs compatriotes dépassent souvent l’entendement et les limites de l’absurde… Ils ignorent leur impact néfaste et renforcent l’isolement de l’Etat juif dans l’arène internationale.
Enfin, soyons pragmatiques, rappelons que tout boycottage est abject et il est toujours à double sens. Si l’Europe souhaite obtenir un rôle d’influence sur le processus de paix, elle doit jouer l’arbitre et ne pas prendre à l’avance la partie du camp adverse en imposant des sanctions discriminatoires injustifiées. L’Europe est notre premier partenaire commercial et nous souhaitons vivement poursuivre un dialogue franc et sincère dans l’intérêt commun et pour le même objectif.
Freddy Eytan
Retrouvez cet article sur le Ptit hebdo, Terre d’Israël, Desinfos.com et sur les sites du Crif et de l’UPJF.