Logique dans l’incohérence de la politique française

La politique de la France sur la question palestinienne suit une certaine logique et elle n’a pas changé depuis le septennat de Valéry Giscard d’Estaing. Nous ne sommes pas donc surpris par le vote en faveur de l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO.

Depuis 1974, la France a pris une série de décisions stratégiques en faveur des Palestiniens. Elle a été le premier pays occidental à admettre un bureau de l’OLP à Paris et le premier Etat européen à ouvrir des consulats et des centres culturels en Cisjordanie et à Gaza. Bien qu’elle soit membre influent au sein de l’Union européenne, la France a toujours souhaité faire cavalier seule et elle a pris des initiatives conformément à la raison d’Etat et à son raisonnement diplomatique.

Cependant, pour pouvoir appliquer cette politique, les différents gouvernements français, d’ailleurs de droite comme de gauche, ont  souvent la manie de faire des cachoteries et ce double jeu caractérise cette ligne de conduite. Elle s’applique non seulement sur la question palestinienne mais sur l’ensemble du Moyen-Orient et du Maghreb, car  comment expliquer le flagrant zigzag à l’égard du chah d’Iran, de Moubarak, Ben Ali, Assad et Kadhafi.

L’UNESCO est une organisation des Nations-Unies dont le siège est installé depuis 1958 dans une propriété de l’Etat français. C’est tout à fait logique, et puis comment ne pas apprécier et admirer la ville Lumières et son patrimoine universel. Paris est sans doute la capitale la plus appropriée pour faire rayonner l’Education, la Science et la Culture. Toutefois, c’est bien Place de Fontenoy que la politisation de l’UNESCO a pris forme et c’est bien là, dans les quartiers de l’Ecole Militaire… que l’Etat juif est délégitimé, mis sur la sellette, et accusé de tous les maux de la Terre.

Déjà en 1975, les pays arabes lançaient une campagne pour exclure l’Etat juif de l’UNESCO. Comment imaginer boycotter le peuple qui a offert à l’Humanité le Livre et le Talmud? Comment gommer sa richesse intellectuelle, sa recherche universelle, et son nombre impressionnant de savants, musiciens, philosophes et Prix Nobel?!

Rien n’a changé depuis, vingt-cinq plus tard, en avril 2001, le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, ose déclarer: “Israël n’a jamais contribué à la civilisation….sa culture est agressive, raciste et prétentieuse!” En mai 2008, ce ministre chargé de la Culture, lance   devant le parlement égyptien avec superbe: ” Nous brûlerons les livres israéliens, s’il s’en trouve, je les brûlerai moi-même devant vous!”

Eh bien, ce ministre a failli devenir…directeur général de l’UNESCO. Sa candidature a été approuvée chaleureusement par la France de Nicolas Sarkozy…

L’adhésion de la Palestine à l’UNESCO est un premier pas dans la stratégie de l’Autorité palestinienne de pouvoir par la ruse, la manipulation, et la falsification de l’Histoire, adhérer à toutes les organisations de l’ONU et ce avant son admission officielle au Conseil de Sécurité.

La France n’a pas eu le courage de s’opposer et de voter contre cette admission prématurée comme l’ont fait les Etats-Unis, le Canada ou l’Allemagne. Elle n’a pas non plus choisi l’abstention comme ses partenaires européens, la Grande Bretagne ou l’Italie, et une fois encore prouve que l’Europe est divisée et ne réussit pas à parler d’une seule voix forte et cohérente. Cette position française est non seulement incompréhensive à l’égard de tous les francophiles israéliens, elle est aussi un camouflet au Président Obama et elle complique encore plus les tentatives du Quartet de relancer le dialogue direct avec l’Autorité palestinienne.

C’est bien triste de constater que la France de Sarkozy et Juppé a préféré se distinguer au moment même où des roquettes meurtrières sont tombées sur notre sol. Elles ont été lancées par des terroristes du Jihad et du Hamas palestiniens privant ainsi plus de deux cents mille élèves israéliens de prendre le chemin de l’école.

Comment la France peut-elle justifier la fameuse devise de l’UNESCO : “contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations…”

Il est également scandaleux d’admettre l’Autorité palestinienne dans cette organisation onusienne en dépit de son refus de modifier son programme éducatif et ses manuels scolaires. Depuis la maternelle, ses enseignants incitent à la haine d’Israël et cultivent la violence, nient la Shoah, et gomment les textes sur l’histoire du peuple juif. Dans leurs ouvrages, leurs publications, et leurs cartes géographiques l’Etat juif est complètement inexistant.

Dans ce contexte, nous pouvons comprendre la colère et la forte déception des Israéliens à l’égard de l’attitude française ainsi que la réaction justifiée et spontanée des médias juifs et du CRIF.

Enfin, c’est bien regrettable que la France a choisi le faux raccourci parisien pour pouvoir accélérer l’admission de la Palestine à New York. Dans ce contexte malheureux, la France ne pourra plus jouer l’intermédiaire objectif ou le rôle d’influence comme elle le souhaite vivement pour faire avancer sincèrement le processus de paix.

Freddy Eytan