L’occupation israélienne : quel acharnement !

Le nouveau plan du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman pour transformer la Bande de Gaza à devenir une entité autonome a rencontré une rude opposition palestinienne. Les deux composantes du gouvernement palestinien (le Fatah à Ramallah) et le Hamas (dans la Bande de Gaza), ont rejeté catégoriquement l’offre israélienne.  Lieberman à souhaité mobiliser la communauté européenne pour construire une centrale autonome pour l’approvisionnement de l’électricité ainsi que  des stations de dessalement d’eau de mer et de traitement d’eaux usées. Cette aide fait partie d’un plan global pour pouvoir désengager complètement Israël de la bande de Gaza,  abandonner le contrôle maritime sur les marchandises vers cette destination et fermer hermétiquement sa frontière avec l’Etat juif.

Naboul Abou Roudeina,  porte-parole de la présidence palestinienne à Ramallah, qualifie le plan Lieberman de “complot contre « la lutte du peuple palestinien, son unité, sa liberté et son indépendance ». Il considère ce plan  dans le cadre “des aspirations de la droite israélienne”. Ahmed Assaf,  porte-parole du Fatah, organisation qui soutien l’Autorité palestinienne, a affirmé que la bande de Gaza est toujours sous « l’occupation israélienne » et ainsi elle le restera, étant donné que la bande de Gaza forme une unité géographique avec la Cisjordanie et Jérusalem –Est.

Sami Abou Zouhari, porte parole du Hamas, a expliqué que « malgré la libération effective de la bande de Gaza  de la présence militaire et des implantations celle-ci demeure légalement et pratiquement sous l’occupation ». Quant à l’initiative de Lieberman elle n’est qu'”une nouvelle tentative d’échapper  à la  responsabilité attribuée à une occupation. » Abou Zouhari a déclaré qu’Israël « pays occupant » est dans l’obligation de continuer à subvenir aux besoins de la population locale dont l’approvisionnement des produits alimentaires, de l’électricité et du carburant.

La position du Hamas illustre l’une des grandes absurdités du conflit israélo-palestinien. Le gouvernement du Hamas, fier de la libération de « l’occupation israélienne grâce au djihad et la lutte armée de toutes les forces composantes  de la bande de Gaza”  exige toujours de son ennemi israélien à continuer à le ravitailler sur tous les plans mais parallèlement  cherche ouvertement à libérer la Palestine, à détruire l’Etat sioniste et  chasser ses citoyens. Absurdité encore, le Hamas  est soutenu dans sa position par des organisations internationales des droits de l’Homme comme Amnesty International. Elles affirment en reprenant les arguments du  Hamas, et à haute voix, qu’Israël est toujours une « force occupante » donc il doit subvenir « à la sécurité et au bien -être des Gazaouis ».

S’Israël est toujours « la force occupante » dans la bande de Gaza comme elles le prétendent, pourquoi ces organisations n’exigent pas d’Israël d’assumer leur responsabilité de subvenir «à la sécurité » des Gazaouis afin d’agir contre le gouvernement Hamas, qui inculque progressivement la loi islamique tout en piétinant brutalement les droits de l’Homme, et en réprimant toute opposition à leur régime par un bras de fer et des exécutions

En outre, aucune des organisations des droits de l’Homme n’expose leurs conditions pour mettre fin à «  l’occupation, »mais par contre elles revendiquent l’ouverture totale de la frontière.

Il existe donc un véritable paradoxe, car s’Israël lève le siège et accepte leur revendication et notamment la levée du blocus maritime et le contrôle sur l’espace aérien, l’occupation devrait prendre fin logiquement et donc Israël ne devrait plus se soucier du sort des Gazaouis.

Aujourd’hui, tous le reconnaissent que le « siège » n’existe pas vraiment  et que  la bande de Gaza n’est pas « une prison » comme le témoignent les données du gouvernement du Hamas sur le passage des marchandises (importation d’un milliard de dollars par an) et des personnes (des dizaines de milliers, y compris les membres de l’aile militaire du Hamas) à la frontière avec l’Egypte.

L’Egypte souhaite également  la poursuite de « l’occupation » et son argument officiel est le suivant:

« L’argument selon lequel la bande de Gaza serait considérée comme “terre libérée ” exprime  une acceptation d’un plan qui vise à imposer la charge sur ce territoire à son voisin l’Egypte. Il ne le faut pas l’accepter car ça serait un excellent moyen pour Israël de se dégager de son devoir d’occupant, et éliminerait le problème palestinien. »

Face à ce paradoxe et devant l’acharnement de sauvegarder  « l’occupation israélienne » la question qui s’impose est: pourquoi les Palestiniens sont déterminés à s’opposer à accepter une indépendance totale, même comme première étape, sur une partie de la Palestine?

Anat Biltski, ancienne présidente de  Bet’selem formule sa propre réponse. Lors d’une conférence tenue en 2007 à l’Université MIT, elle a mis en garde  la direction palestinienne de ne pas accepter cette solution et que pour des raisons “d’érosion et de fatigue” dans leur lutte, il ne faudrait pas, selon elle, accepter la création d’un Etat palestinien sur une partie de la Palestine ainsi que la fameuse formule  de deux Etats. Biltski a souligné que seul un Etat sur tout le territoire de la Palestine pourrait être une solution juste et réaliste ; et elle a même critiqué vivement la volonté de Sary Nuseibeh d’abandonner la revendication du droit de retour des réfugiés palestiniens.

Cette logique guide principalement la position de la direction palestinienne qui n’a pas renoncé à la libération de toute la Palestine. Cinq ans se sont déjà écoulées depuis le retrait israélien de la bande de Gaza et le gouvernement du Hamas continue à maintenir les camps des réfugiés malgré l’encombrement et la misère et continue à demander de l’aide par le biais de l’UNRWA. Le logement des réfugiés dans les implantations qui ont été évacuées (ou par l’autorité palestinienne en Cisjordanie)  ne nuira pas aux droits de réfugiés  d’exiger leur retour lors des négociations, de même que le droit des palestiniens vivant à l’étranger et  qui sont définis comme réfugiés ne sera pas non plus écarté.

Toutefois, l’objectif de l’Autorité palestinienne et le gouvernement du Hamas est identique.  Leur but commun  est de préserver à feu doux le  problème épineux des réfugiés. Il est la clé de l’objectif final dans les jalons de l’histoire palestinienne, voire- l’anéantissement de l’Etat juif – c’est la raison réelle  que « l’occupation » est préférable pour les Palestiniens. Israël refuse de mettre la corde sur son cou mais le Hamas perçoit cette légitime et naturelle réaction comme  une violation du droit international.