L’Iran et le soutien au Hamas

wikipedia-logo1Mahmud Dahlan, l’ancien chef de la Sécurité Préventive en Palestine et un confident du dirigeant palestinien Yasser Arafat, a  donné une interview au quotidien saoudien Al-Hayat et a  parlé longuement sur son rôle politique depuis 1993 dans les territoires palestiniens.
Dahlan est bien connu pour ses critiques acerbes contre le Hamas et l’Iran, et ces derniers lui ont rendu la monnaie en l’accusant de conspiration dans le « meurtre de Yasser Arafat ».
Selon des témoignages recueillis après la prise de Gaza, le Hamas a déclaré qu’il a trouvé une lettre, datée du 13 juillet 2003, de Dahlan à Shaul Mofaz, l’ancien ministre de la Défense selon laquelle il aurait dit : « abattez-le selon nos critères et manières, pas selon  les vôtres. »
Rappelons  qu’Arafat est décédé dans un hôpital parisien le 11 novembre 2004, et selon certaines rumeurs, il a été empoisonné.
Pour Dahlan, l’un des principaux obstacles à la paix interne palestinienne, est aujourd’hui le Hamas et ses relations avec l’Iran. L’année dernière, s’adressant à des milliers de partisans en Palestine lors d’un grand rassemblement, Dahlan a mentionné à plusieurs reprises dans son discours , le  Hamas (groupe sunnite) et à chaque fois la foule scandait en retour « Chiites !  Chiites ! Et lui répondait avec le sourire : « ils ne sont pas des shiites, ils sont des assassins. »
Dahlan a même refusé d’établir des comparaisons entre la Syrie et l’Iran lorsqu‘il évoquait la Palestine. Il a affirmé que la Syrie, malgré les tensions historiques avec Arafat, n’a jamais été en faveur de  la lutte inter-palestinienne et sa réaction à la prise de Gaza en 2007 en est une preuve.
Bien que le Hamas soit un parti sunnite, et que le gouvernement de Téhéran a voulu propager la révolution chiite islamique, les deux parties oeuvrent ensemble, chacune pour des raisons d’intérêts. Le Hamas a souhaité obtenir des armes et l’Iran a voulu créer un groupe militaire pour pouvoir combattre Israël en Palestine, tout comme le sont les milices du Hezbollah au Liban et la Brigade Badr en Iran.
Dahlan établit des comparaisons entre le financement important de l’Arabie saoudite et du Golfe  aux Palestiniens avec celui de l’Iran. Le premier est utilisé pour assurer le quotidien, investir dans les infrastructures des écoles et les projets, tandis que le second est destiné à acquérir des armes pour le Hamas.
Le Hamas a été créé en décembre 1987 par Sheikh Ahmad Yassin, sous l’œil vigilant des Mollahs de Téhéran.  Depuis qu’il a établi un vaste champ d’opérations contre Israël au cours de la première Intifada (qui a commencé en 1987 et a abouti aux Accords Oslo en 1993) les iraniens sont devenus intéressés par le Hamas.
Le premier manifeste publié par le Hamas avait appelé à la «guerre sainte contre Israël et s’est engagé à créer un Etat islamique du Jourdain à la Mer Méditerranée”. Le 6 avril 1994, le Hamas a effectué sa première opération voiture-piégée, en utilisant apparemment  les conseils techniques iraniens. Cet attentat a tué huit personnes à Afula. Une semaine plus tard, il a lancé sa première  bombe- humaine, en  utilisant les mêmes procédés utilisés au sud Liban. Cet attentat a tué cinq personnes à Hédéra.
Lorsqu’en 2006, le Hamas a été élu pour la première fois au pouvoir, les Etats-Unis ont décrété un embargo international, en refusant d’acheminer de l’argent au gouvernement du Hamas. Le premier pays à défier les sanctions était l’Iran.
Un haut-responsable de la Sécurité publique (actuellement porte-parole du parlement) Ali Larjani, s’est entretenu avec Khaled Meshaal, le chef du Bureau Politique du Hamas, et a noté, « nous allons certainement les aider financièrement.»
Parlant de Téhéran, Khaled Meshaal a également noté: « le rôle de l’Iran dans l’avenir de la Palestine devrait se poursuivre et s’accroître. » Le grand Ayatollah Ali Khamenei a appelé les Musulmans à travers le monde à soutenir le gouvernement dirigé par le Hamas en Palestine.
Mais en fait, l’aide parvenue par les iraniens aux Palestiniens était faible. Au cours de sa tournée aux Etats-Unis en 2006, l’ancien Président iranien Mohammad Khatami  a déclaré : «  je pense que le Hamas, qui vient d’arriver au  pouvoir par un processus démocratique, est prêt à vivre aux côtés d’Israël si ses droits seront respectés et s’il est traité comme un Etat démocratique et comme un gouvernement palestinien, et les pressions internationales seront  retirées contre lui. »
Les médias régionaux et internationaux ont évoqué souvent le financement des Brigades d’Azadi-el-qassam, la branche militaire du Hamas, par L’Iran. Celle-ci a dirigé l’insurrection de l’Intifada en l’an 2000. Le chef de la Sécurité intérieure israélienne, Yuval Diskin a même déclaré à ce sujet: “le Hamas a commencé à envoyer des dizaines et peut-même des centaines de combattants  en Iran. »
Depuis le retrait d’Israël de la bande de Gaza en septembre 2005, les membres du Hamas ont été envoyés à Téhéran pour la formation dans les tactiques militaires et la guerre de guérilla. Certains membres de la Brigade Azadi el-Qassam ont confirmé leurs liens militaires avec l’Iran (décrits par un militant comme « sept cours de formation »). Elle s’est déroulée entre 45 jours et six mois dans une base militaire spéciale et sous la direction du Corps des Gardiens de la Révolution iranienne.
Le Hamas ne dispose pas de chars ou d’avions, mais bénéficie d’une force militaire d’environ 15000 combattants. Les Iraniens ont été ceux qui ont enseigné le Hamas sur les modèles à fabriquer une roquette Qassam, et sa “deuxième génération” la Shawas 4.
Un commandant du Hamas a été cité comme suit : « Nous envoyons nos meilleurs cerveaux à Téhéran. Ca  serait un grand gaspillage d’argent s’ils revenaient bredouilles »
En fait et sur le terrain, depuis la deuxième Intifada le groupe palestinien n’a pas été en mesure de marquer une seule victoire tactique militaire contre ses opposants. Sa stratégie porte principalement sur des attaques surprise, menées par des individus chargés de bombes qui s’infiltrent dans des petites zones civiles en Israël.
L’Iran utilise le Hamas pour faire avancer ses intérêts régionaux mais ne programme pas une victoire du Hamas. Pour ce but, il est nécessaire de fournir plus d’argent et de logistique comme le fait l’Iran avec le Hezbollah au Liban. Le traitement du Hamas est différent et des limites existent dans le soutien de l’Iran. Le Hamas est un groupe sunnite qui n’a pas tous les « honneurs » de la révolution islamique du Grand Ayatollah Ruhollah Khonmeini .
Arafat n’a jamais été très solidaire au Hamas et à l’Iran. Pourtant, au premier jour de la Révolution islamique de1979, Khomeini a ordonné que l’ambassade israélienne à Téhéran soit transférée à l’OLP pour prouver sa rupture avec la politique pro-israélienne du Shah.
Durant la guerre Iran-Irak (1980-1988) Arafat était aux côtés de Saddam Hussein. Pendant l’invasion du Kuwait en 1990, il était également avec Saddam, un vieil ami des Palestiniens. Ceci explique pourquoi les Iraniens ne l’ont jamais  soutenu, et pourquoi ils ont appuyé le Hamas, en fournissant à ses dirigeants armes et argent.
En décembre 2001, Arafat a accusé Israël de créer le Hamas. Dans une interview qu’il a accordé au quotidien italien Corriere Della Sera, il a dit, « le Hamas est une création d’Israël, le Premier ministre, Itzhak  Shamir a accordé des subventions budgétaires à plus de 700 établissements…Itzhak l’a suivi…. »
Une semaine plus tard, dans une interview au journal italien l’Espresso, Arafat a ajouté : «  Le Hamas a été constitué avec l’appui d’Israël. L’objectif était de créer une organisation hostile à l’OLP. »
Les partisans d’Arafat citent ses paroles, mais ne sont pas réputés pour leur honnêteté car le Hamas après avoir lancé ses opérations pour prendre le pouvoir a affirmé sans ambages que Gaza avait été « libéré » du Fatah.
Durant les affrontements, les partisans du Hamas ont pillé la maison d’Arafat et de ses proches lieutenants et ont détruit les photos et tous les symboles du Fatah.
Rafi Eitan, ancien commandant du Mossad, a déclaré : “Les Israéliens ne doivent pas s’inquiéter. Tout ce qui se passe à Gaza est dans l’intérêt d’Israël. Tout cela prouve ce que nous avons toujours dit depuis longtemps, que les Palestiniens sont encore loin d’être en mesure de gérer leurs propres affaires. Personne ne peut dire qu’ils apprécient la démocratie ou avoir un dirigeant. Le monde ne nous demandera plus de leur donner un Etat. »
Le Hamas et le Hezbollah ont une politique étrangère commune.
Les deux ont été opposés aux accords de paix d’Oslo en 1993, accusant Arafat d’avoir vendu les Palestiniens. Les deux se sont opposés à la Conférence de paix de Madrid après la guerre du Golfe et plus récemment à la Conférence de paix d’Annapolis, réunie à la demande de George W Bush en novembre 2007.
Mais la relation devient fragile quand il s’agit de l’intérêt national propre à l’Iran. Selon plusieurs sources, Téhéran a envoyé en 2003 une proposition aux Etats-Unis, juste après l’occupation de Bagdad en proposant un dialogue avec Washington et en suggérant que les pourparlers comprendront aussi  le soutien de l’Iran aux groupes palestiniens  tel que le Hamas.
Dahlan a probablement délibérément minimisé le rôle du Hamas. Le groupe islamique n’a jamais été « un agent » des Iraniens. Le Hamas, aussi, a son propre programme national, et ne reçoit pas d’ordres de Téhéran. Il utilise l’Iran,  pour atteindre ses objectifs en Palestine.