L’hommage de la France et l’indifférence israélienne
La cérémonie d’hommage national aux victimes françaises de la barbarie islamiste s’est déroulée avec respect et dignité, de pleine gravité. Le discours du président français fut remarquable et encourageant. Les fortes paroles sur l’antisémitisme et les valeurs universelles communes réconfortent et fondent de grands espoirs pour la communauté juive et l’avenir des relations franco-israéliennes. Nous regrettons profondément l’absence du président Itzhak Herzog et celle d’un ministre du gouvernement Nétanyahou. Plus stupéfiant encore, aucune chaîne de télévision israélienne diffusant en hébreu, à l’exception de la radio publique, n’a diffusé l’émouvante cérémonie. Comment expliquer le manque d’attention à un hommage solennel qui commémore une grande tragédie binationale ? Pourquoi cette attitude peu honorable à l’égard de nos compatriotes, Juifs français, tués sans défense sur le sol israélien ? Aucune excuse, aucun prétexte ne justifie ce comportement bizarre, incompréhensible.
Cette dernière décennie, nous ressentons un air méprisant à l’égard des nouveaux immigrants venus de France. Leur intégration demeure difficile, elle passe par de nombreux obstacles bureaucratiques. On se demande pourquoi cette injustice ? Pourquoi la reconnaissance tarde toujours, celle de l’égalité complète offerte à chaque citoyen de ce pays, membre à part entière de la terre promise.
Dans les moments douloureux, dans le combat contre la barbarie islamiste, la solidarité devrait se manifester tout naturellement, sans discrimination aucune, telle qu’elle existait durant les années 1950.
Dans la guerre d’usure que nous menons sur tous les fronts, l’union d’un peuple contribue à la victoire, à la sécurité absolue.
Concernant la France, nous devrions distinguer, bien entendu, entre la politique française à l’égard d’Israël et celle appliquée à la communauté juive. Le président Macron est plus que jamais conscient que la majorité écrasante des Juifs de France est fidèlement sioniste mais elle respecte parallèlement les lois républicaines et contribuent à l’essor de la France dans tous les domaines. C’est un cas unique dans le monde, spécifique chez les Juifs de la diaspora.
Cependant, la présence massive des musulmans en France, les intérêts politiques, électoraux, et les avantages économiques dans le monde arabe ne doivent pas influer sur les décisions gouvernementales à l’égard d’Israël.
Pourquoi le double jeu existe toujours, la politique des « deux poids deux mesures » persiste encore ? Aux yeux des Israéliens, certaines initiatives et déclarations sont parfois incompréhensibles et mêmes révoltantes de la part d’un pays ami et allié. D’autant plus que de nombreux députés et maires de France développent une solidarité avec les collectivités palestiniennes face à « l’occupation israélienne » et initient des parrainages. Sans connaître la réalité sur le terrain, et ignorant l’histoire du conflit, ils utilisent des amalgames et désinforment, refusant tout dialogue, et de reconnaître que le Hamas est une organisation terroriste dont le but est la destruction de l’Etat juif avec la connivence d’un organisme de l’ONU. Le centre de données découvert sous le siège de l’UNRWA à Gaza n’est pas une preuve irréfutable ?
Dans la couverture médiatique du conflit, il ne s’agit pas de critiquer simplement un gouvernement, une politique, ce qui est légitime en soit, mais de délégitimer tout un peuple et un Etat démocratique. Le Juif et Israël sont diabolisés à chaque occasion. Certains journaux et de nombreux sites Internet et des blogs véhiculent la haine et la désinformation. Les titres, les caricatures, les photos, les articles, les réactions et les commentaires déforment systématiquement les faits historiques et les réalités au Proche-Orient, et présentent Israël comme l’incarnation du Mal.
Le négationnisme n’est pas seulement une affaire de l’extrême-droite ou des fascistes, mais aussi et surtout des mouvements de l’extrême gauche, des révolutionnaires, pacifistes et anarchistes.
Avec une forte arrogance, ces mouvements discréditent totalement la nation juive et ses dimensions nationales et étatiques. Ils n’ont pas protesté contre les extrémistes du monde arabo-musulman, contre cette véritable industrie de la haine contre les Juifs israéliens propagée surtout par les Ayatollahs d’Iran. Quel rapport y-a-t-il vraiment entre cette extrême-gauche communiste laïque avec des militants religieux islamistes, sinon la haine de l’Etat juif-sioniste ?
Emanuel Macron devrait voir la vérité en face, admettre qu’il existe un nouvel antisémitisme qui déteste Israël et haï la France et ses valeurs. De ce fait, nous attendons du président de la République française un message limpide et non moraliste. Les menaces et les sanctions ne nous effraye guère. Chercher par tous les moyens de nous intimider n’aboutira à rien. Rappelons une fois encore que l’Etat juif est souverain et décidera seul sur la marche à suivre dans le cadre de ses propres intérêts sécuritaires.
Une reconnaissance officielle de « l’Etat de Palestine » ne pourra, non plus, nous surprendre. Nous réalisons que cette reconnaissance existe de facto depuis 1975, le jour où la France fut la première en Occident à ouvrir un bureau diplomatique de l’OLP à Paris.
Cependant, une confirmation officielle française de reconnaître unilatéralement et soi-disant « de jure » l’Etat de Palestine, confirmera et prouvera une fois encore que la France n’est plus notre alliée et sans doute pas un pays ami.
Macron a sans doute de bonnes intentions et souhaite améliorer la situation à Gaza et éviter une nouvelle guerre au Liban mais sa « politique pragmatique et moraliste » ignorant le Hamas et le Hezbollah est contre-productive et vouée à l’échec. Sans le démantèlement de l’arsenal militaire de ces deux milices téléguidées par l’Iran, on ne pourra jamais arrêter les hostilités et aboutir à une stabilité régionale.
Dans ce contexte, nous pouvons comprendre la colère des Israéliens à l’égard de la France. Ainsi, la méfiance règne et les gestes de l’Elysée ne sont plus pris au sérieux. Sans un changement radical dans la politique actuelle, l’indifférence dominera toujours les esprits.