L’Europe tremble devant les menaces iraniennes

Freddy Eytan

Le 18 janvier 2023, le Parlement européen avait exigé de désigner les Gardiens de la révolution iranienne comme organisation terroriste pour sa répression des manifestations anti-gouvernementales. Une initiative tardive mais bien logique, après plusieurs mois de répression brutale : 500 tués, 14 000 arrestations et quatre personnes déjà exécutées, sur la place publique.

L’Europe libérale, « championne des droits de l’homme » ne pouvait demeurer indifférente. Mais voilà que la réaction des Ayatollahs se fait fortement entendre. De nombreuses menaces, des mises en garde quotidiennes, des signes concrets et des sanctions qui indiquent clairement aux européens de ne pas intervenir « dans les affaires intérieures » de l’Iran. Les Ayatollahs répliquent en imposant des sanctions contre des personnalités et des entités de l’Union européenne et le Royaume-Uni. Sur cette liste noire figure BHL et RadioJ….

Les messages menaçants et la crainte de représailles provoquent un terrible malaise au sein de l’Union européenne. Que faire ? Comment réagir ? Après multiples consultations, les ministres des Affaires étrangères se réunissent à Bruxelles. Valse-hésitation, débats, craintes, pour enfin décider de ne pas qualifier les Gardiens de la révolution comme organisation terroriste mais de sanctionner des personnes ou entités iraniennes pour violation des droits humains.

IRGC

(IRNA)

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, affirme que « les pays de l’Union ne peuvent décider, à ce stade, de placer les Gardiens de la révolution sur une liste noire ». Pourquoi ? Il nous explique que « seul un tribunal peut trancher sur la question ». S’agit-il vraiment d’une question juridique ? Qui décide ? Les juges ? Les fonctionnaires ou les élus ? Des questions qui rappellent un autre débat sur l’avenir de la démocratie israélienne…

Les Européens pensent-ils vraiment que les Pasdarans sont devenus des enfants de chœur ? Ont-ils renoncé à la terreur et au terrorisme international ? Les Gardiens de la révolution ne sont-ils pas des terroristes sanguinaires responsables de la mort notamment de nombreux Européens et Américains ? Les Européens ont-ils la mémoire si courte ? Les Gardiens de la révolution iranienne financent, commandent et sèment toujours la terreur en Syrie, au Liban, en Irak, au Yémen, et dans la bande de Gaza, mais aussi en Afrique et en Amérique latine. A Buenos aires, le 17 mars 1992, un attentat a été perpétré contre l’ambassade d’Israël : 29 morts et 242 blessés. Le 18 juillet 1994, un attentat contre AMIA, siège de la communauté juive : 85 morts et 250 blessés.

European Parliament building in Brussels

(Steven Lek/CC-BY-SA-4.0)

Il est absurde aussi de ne pas combattre les tentatives des Iraniens de commettre des attentats sur le sol européen. Plusieurs tentatives ont été déjouées, à la dernière minute, notamment en France et au Danemark, grâce à des informations précieuses et des avertissements fournis par le Mossad israélien.

Hier comme aujourd’hui, aucun pays européen n’a osé condamner fermement les Ayatollahs et leurs discours belliqueux. Ils préfèrent commercer avec les mollahs et faire de bonnes affaires, des projets contre des barils de pétrole.

Josep Borell

Josep Borell (European Parliament/CC BY 2.0)

Les dirigeants européens cherchent vainement un faux-fuyant. Ils sont même capables de tricher. Ils ont mis en place des mécanismes d’exportation destinés à éviter les transactions en dollars et à résister aux sanctions. La société allemande Siemens avait signé un accord de 1,6 milliard de dollars pour la construction de nouveaux trains et la modernisation de voies ferrées en Iran. Déjà en 2008, Siemens était associée à un monopole de télécommunication contrôlé par les Gardiens de la Révolution. C’est ainsi que le régime iranien peut par des capacités technologiques nouvelles surveiller et censurer les réseaux Internet. Durant les troubles survenus lors des élections présidentielles de 2009, et récemment, les Pasdarans utilisent cette technologie pour contrecarrer les manifestations et bloquer les réseaux sociaux. Ils recueillent des informations sur chaque utilisateur, menacent les blogueurs et arrêtent les journalistes.

D’autres entreprises européennes, comme la Royal Dutch Shell et l’Italien ENI, ont aussi présenté des projets concrets à la National Iranian Oil Company, un groupe industriel lié aux Gardiens de la Révolution. Ces projets pétroliers et gaziers sont évalués à plus de 200 milliards de dollars en investissement. Ces sommes fabuleuses alimentent les finances des Pasdarans.

Les Gardiens de la révolution iranienne utilise des vols commerciaux pour transporter des troupes et des armes pour soutenir le régime de Bachar al-Assad en Syrie et aider militairement le Hezbollah. Ces dernières années, Israël a mené des milliers d’opérations contre l’acheminement des armes sophistiquées vers Beyrouth via Damas.

Depuis la Révolution islamiste de 1979, l’Europe se pose toujours la question si les Gardiens de la révolution sont des terroristes ? Pire encore, les Européens ne qualifient pas l’Iran d’Etat voyou mais ils osent dire, sans rougir de honte, que l’Etat juif est une voyoucratie. Ils n’ont pas non plus exigé d’appliquer des sanctions contre le désir ardent des Ayatollahs d’anéantir l’Etat juif, par tous les moyens, y compris par la bombe atomique.

Les craintes européennes sont principalement de voir les Gardiens de la révolution abroger complétement le projet nucléaire signé le 14 juillet 2015 à Vienne. Devant la valse-hésitation de l’administration Biden et la ferme position israélienne, les Européens craignent une escalade dans le conflit avec l’Iran. Le directeur de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) souhaite entamer un nouveau dialogue avec les Ayatollahs pour sauver in extremis cet accord.

Dans l’attente, Tsahal se prépare à toutes les options. Nétanyahou et Galant viennent d’assister à un nouvel exercice conjoint de grande envergure avec les Américains. Cette fois-ci, les manœuvres impliquent plus de 140 avions, 12 navires de guerre et des systèmes d’artillerie. Dans le combat contre les Ayatollahs nous accordons parfaitement nos violons, tandis que l’Europe demeure perplexe et adopte la politique de l’autruche. Il est temps de mettre un terme à toutes les tergiversations !

Malgré la guerre en Ukraine et ses conséquences, les Américains sont conscients que la menace nucléaire iranienne est omniprésente et qu’elle risque de déclencher une guerre régionale. De ce fait, la coordination stratégique avec les Américains est impérative pour chasser l’Iran de notre région et d’éviter, par tous les moyens, qu’il se dote prochainement de l’arme atomique.