L’Europe et Israël : une relation ambigüe mais prometteuse
Le dernier colloque international organisé par le JCPA-CAPE de Jérusalem et par le Centre Konrad Adenauer a permis de débattre avec franchise de l’avenir des relations avec l’Europe. Les diplomates et les experts de la question ont souligné l’importance de ces relations dans tous les domaines, mais ils ont aussi eu le courage de dire quelques vérités historiques. Nul n’en doute, elles empoisonnent jusqu’à ce jour les grands dossiers de l’actualité. Dans ce colloque passionnant qui s’est déroulé dans un climat amical, nous avons surtout soulevé le phénomène d’ambiguïté de la part de l’Union européenne et le double jeu qui est souvent adopté dans la politique extérieure de Bruxelles.
Les relations avec l’Europe sont fortes pour des raisons à la fois historiques, géographiques et culturelles. Nous partageons avec le Vieux continent les mêmes valeurs universelles, démocratiques, et judéo-chrétiennes. Toutefois nous ne pourrions jamais oublier que la barque de l’Humanité à sombré en Europe. L’antisémitisme chrétien, la haine féroce du Juif avec la montée du nazisme, n’ont vu le jour qu’en Europe et ce passé douloureux sera toujours ancré dans notre mémoire. La prescription de ces crimes est inimaginable, criminelle et impardonnable. Si l’Union européenne n’a pas d’intentions antisémites, il existe en 2014 en Europe des partis et des mouvements d’extrême-droite comme d’extrême-gauche qui véhiculent la haine contre les Juifs et la délégitimation de l’Etat d’Israël. Soulignons aussi que la majorité des Israéliens sont d’origine européenne : un boycott contre eux ne serait en fait qu’une vulgaire discrimination contre d’anciens compatriotes.
Le débat sur les dernières directives européennes suggère le contraire. Nous devrions ensemble œuvrer à nous rapprocher de l’Europe. Pourquoi ne pas renforcer notre statut spécial ? Pourquoi ne pas parler d’une adhésion en bonne et due forme ? Aux instances et aux Forums de l’Union européenne tel que le projet « Horizon 2020 » ou celui de l’Union pour la Méditerranée ? Pourquoi ne pas devenir membre de l’OTAN ? Face à la montée de l’intégrisme musulman et aux risques d’attentats terroristes, la coordination dans le Renseignement n’est-elle pas urgente et nécessaire ? Devant le rapprochement des partis d ’extrême-gauche pour des raisons électoralistes, pour tenter de gagner le « vote musulman », ou pour freiner les partis xénophobes, et face à la multiplication d’ONG en faveur des droits de l’Homme, n’y a-t-il pas lieu de resserrer nos liens ? Si l’Union européenne souhaite contribuer au processus de paix avec les Palestiniens elle devrait avant tout changer de cap et focaliser ses intentions sur les intérêts stratégiques et sécuritaires de l’Etat juif et non pas se contenter de nous condamner systématiquement pour la construction légitime de nouveaux logements dans les Territoires ou à Jérusalem. L’UE devrait également mettre un terme au BDS et aux sanctions ! Ce n’est pas ainsi qu’on alimente une amitié sincère ! Rappelons que nos relations sont toujours à double sens et une politique ambigüe portera préjudice à leur crédibilité.
Enfin, l’Union européenne devrait séparer la recherche d’une solution au conflit palestinien avec nos relations bilatérales. L’intérêt est réciproque sur tous les plans, dans tous les domaines, à la lumière de notre force humaine et de la découverte prometteuse de nouvelles technologies et de réserves inépuisables de gaz offshore israélien.
Freddy Eytan
Retrouvez ici le programme du colloque international “L’Europe et Israël : un nouveau paradigme”