L’Etat spectacle et le visage d’Israël

Autrefois, la politique en Israël était basée sur des grandes idées et une vision vers un avenir meilleur. Aujourd’hui, elle est devenue un spectacle. Tout  s’efface: les idéologies, les partis, les programmes électoraux, les grands meetings et le militantisme.
Avec la personnalisation du pouvoir  et la banalisation de la démocratie, le peuple s’est transformé en simple spectateur, passif et manipulé par les vedettes de télévision et par des campagnes de marketing basées sur le star-system.
La dernière campagne électorale a été personnalisée, médiatisée et morose. Les slogans creux, les sondages répétitifs et non-scientifiques, ont contribué à des résultats qui ne reflètent plus les véritables opinions et intentions des électeurs mais leur désarroi face au matraquage médiatique et l’absence de débats sérieux et approfondis.  Dans un pays qui est toujours en conflit permanent avec ses voisins et  combat pour sa survie,  pour une société qui se recherche face  aux grands défis extérieurs et intérieurs, cette situation est inadmissible. Elle plonge le pays dans le désespoir, l’incertitude, l’immobilisme, et surtout dans l’illusion.
Les résultats des dernières élections ont changé profondément l’échiquier politique car il n’existe plus de véritable alternance.  La majorité écrasante de la société israélienne a viré vers le centre droit et la droite. Le parti travailliste, fondateur de l’Etat juif, a subi la plus grande défaite de son histoire. La gauche sioniste et le camp de la paix maintenant sont en déroute et devraient méditer longtemps sur les erreurs du passé et les illusions perdues.
Dans ce contexte, la communauté internationale devrait saluer la démocratie israélienne, respecter le choix des électeurs et la volonté du peuple israélien. Une condamnation à l’avance de la formation d’un gouvernement de droite et les tentatives de s’immiscer dans les affaires intérieures d’Israël, comme l’a fait avec maladresse et précipitation, le chef de la diplomatie française sont inadmissibles. Nous avons connu le même scenario en mai 1977, lors de la victoire de Menahem Begin et pourtant le fondateur du Likoud a signé la paix avec le plus grand pays arabe.
Enfin, un changement du système électoral est impératif pour mettre un terme aux petits partis charnières et capricieux et pour réunir   deux grands blocs politiques: droite et gauche.
Avant de pouvoir changer le mode de scrutin, la formation d’un gouvernement d’union nationale, le plus large possible, est dans l’intérêt d’Israël  et du processus de paix.