Les trois défis du gouvernement Netanyahou

Dès son entrée en fonction, le nouveau gouvernement israélien doit faire face à une série de défis internes et externes qui conditionneront l’avenir d’Israël dans la prochaine décennie. Au-delà des questions habituelles, comme la gestion du conflit avec les Palestiniens, le gouvernement Netanyahou se trouve confronté à trois enjeux principaux qui sont à la base de la constitution de l’hétéroclite coalition gouvernementale.
Crise économique mondiale
La crise économique mondiale constitue la priorité stratégique du gouvernement. Netanyahou a bâti son retour vers le poste suprême sur son succès lorsqu’il mit fin à la récession des années 2001-2002 et à mener les reformes qui ont permis d’atteindre une croissance moyenne annuelle de 5% jusqu’en 2008 et de résorber le chômage de 11% à 6%. Netanyahou s’est défini comme « super-ministre des Finances » et il compte continuer l’application des réformes qu’il avait commencé entre 2003 et 2005. Il y a cependant plusieurs différences avec la récession précédente. Celle du début de la décennie fut causée par des facteurs internes, et essentiellement due à l’intifada et aux attentats, tandis que la crise actuelle est importée de l’étranger et est transmise par la baisse des exportations, moteur de la croissance. Il est donc possible de jouer sur la consommation des ménages, plutôt faible en Israël. De même, alors qu’en 2002, le déficit budgétaire atteignait 6% et la dette nationale dépassait 110% du PIB, le déficit du budget se limitait à 1% en 2008 et la dette n’atteignait plus que 80%. D’une certaine façon, malgré l’ampleur sans précèdent de la crise, Netanyahou hérite d’une situation de départ plus saine mais qui nécessite des réponses différentes.

Iran
Le deuxième enjeu concerne l’Iran. C’est la raison majeure qui a poussé Netanyahou à tout faire pour intégrer le parti travailliste dans sa coalition. Alors que l’Iran a atteint le point de non-retour technologique qui lui permettra de construire une bombe atomique d’ici l’an prochain, le moment critique pour une intervention se rapproche à grand pas et semble inéluctable. Peu de gens croient, en Israël, que la nouvelle initiative diplomatique du président Obama pour dissuader l’Iran de se doter de l’arme nucléaire a la moindre chance d’aboutir. C’est cependant l’issue qui a la préférence de tout le monde. Netanyahou a clairement bâti son gouvernement dans la perspective d’une confrontation avec l’Iran et cette question sera résolue d’une façon ou d’une autre dans l’année qui vient.

Réforme du système électoral
Enfin, les résultats des dernières élections ont démontré, s’il était encore besoin, la nécessité d’une réforme majeure du système électoral israélien. Cette revendication était au coeur du programme du parti Israel Beitenou d’Avigdor Lieberman et il semble qu’elle ne sera pas oubliée. L’instabilité et l’absence de majorité claire sont des fléaux qui nuisent à la gouvernance optimale du pays et limitent les possibilités de construction de politiques à long terme. Plusieurs idées de réformes sont proposées et se divisent en trois catégories: celles qui se contentent d’aménager le système actuel – comme augmenter le seuil d’entrée au parlement à 5% ; celles qui cherchent à introduire une dose de système majoritaire dans les élections, par exemple en ajoutant 30 ou 60 députés qui seraient élus dans des circonscriptions ; et celles qui, à l’instar des propositions de Lieberman, affirment la nécessité de changer non pas de système électoral mais de régime et instaurant un régime présidentiel à l’américaine. Si cette dernière proposition ne semble pas jouir d’une grande popularité parmi les députes, il reste certain que tous comprennent que la réforme du système est une nécessité vitale et inéluctable.

Le gouvernement Netanyahou commence donc son mandat avec un agenda chargé dont le traitement sera déterminant pour l’avenir du pays.