Les sources de la politique iranienne
* Les Iraniens comptent sur leur dirigeant pour démontrer détermination et force et font tout pour rester au pouvoir. Le concept occidental d’exiger qu’un dirigeant adopte un code moral et éthique ne résonne pas chez les Iraniens. En tentant de persuader les Iraniens que leur dirigeant est cruel ne pourra convaincre le public de changer de leader. Au contraire, cela renforce l’idée que leur dirigeant est fort et puissant.
* Un compromis, tel qu’on le conçoit en Occident est considéré comme soumission et faiblesse. Pour les Iraniens, celui qui force d’autres à un compromis augmente son honneur et son statut. Les Iraniens ne considèrent pas la faiblesse comme une raison d’engager un adversaire dans un compromis, mais plutôt comme une opportunité pour le détruire. C’est pour cette raison que la bonne volonté, les mesures de confiance doivent être évitées à tout prix.
* Les Iraniens se gardent de dévoiler leur pensée. Ils racontent à ceux munis de pouvoir ce que leurs dirigeants veulent entendre. C’est le concept du “ketman” ou de la dissimulation. Les Iraniens ne considèrent pas le “ketman” ou la taqiyah en arabe comme terme mensonger. Ils ont développé ce concept comme un vrai art de conduite et l’ont perçu comme une forme positive d’autoprotection.
* Les Iraniens ont appris à se débrouiller dans des situations difficiles en étant chaleureux, aimables et polis. Les occidentaux, en particulier les Américains, accordent une grande valeur à la franchise, la droiture et l’honnêteté, et ils sont souvent embobinés par les Iraniens.
* Les négociations sont de bonnes occasions pour pouvoir démontrer maitrise et puissance. En politique, les Iraniens négocient seulement après la victoire sur leurs ennemis. En signalant une envie de parler avant d’être victorieux est, aux yeux des Iraniens, un signe de faiblesse ou manque de volonté de gagner.
* Lorsque l’Occident s’impose comme force puissante et dévoile sa solution, les Iraniens ne souhaitent pas perdre la manche. Si une action militaire est finalement nécessaire, le ciblage des symboles nationaux et les bastions des dirigeants peuvent être suffisants pour démontrer que l’équilibre du pouvoir en Iran peut rapidement basculer. En appliquant ce principe, l’Occident n’a pas besoin de bombarder les installations nucléaires iraniennes ou de lancer une invasion à grande échelle pour faire tomber les dirigeants iraniens et arrêter le programme nucléaire.
* Les Iraniens observent qu’autour d’eux dans leur propre voisinage, la Russie, Israël, le Pakistan, l’Inde, et la Chine possèdent tous l’arme nucléaire. Dans ces conditions comment ne pas le considérer comme un affront au patriotisme iranien. Dans ce contexte, nous devrons donc indiquer clairement que nous ne sommes pas opposés que l’Iran acquiert des armes nucléaires. Nous sommes seulement opposés au gouvernement actuel ayant un arsenal nucléaire parce qu’il est l’Etat parrain du terrorisme dans le monde et a fait tout son possible pour miner ses voisins et supprimer l’influence américaine dans la région. Si le gouvernement actuel acquiert des armes nucléaires, il pourrait aussi bien les utiliser.
Les Iraniens doivent être convaincus, par des termes clairs que l’Amérique est préparée à s’imposer comme grande puissance à aider la population iranienne à se libérer de la tyrannie sous laquelle ils vivent.
Le régime iranien se trouve actuellement sur le seuil de développer des armes nucléaires, un scénario qui met en danger tout le Moyen-Orient, les Etats-Unis, et les Iraniens eux-mêmes. Pourtant cette situation n’est en aucun cas un nouveau développement.
Depuis le début de la Révolution islamique en 1979, le gouvernement iranien a utilisé plusieurs moyens en sa disposition pour terroriser le monde. Les gouvernements en occident ont essayé plusieurs approches pour négocier avec le régime iranien y compris l’apaisement, les négociations et les sanctions. Pourtant le gouvernement iranien n’a pas été dissuadé par la mise en œuvre des tactiques de terreur, et n’a pas été convaincu de mettre fin à son programme nucléaire illégal.
Au contraire, durant ces 31 dernières années le gouvernement iranien a été en outre encouragé par l’incapacité de l’occident de dissuader l’ordre du jour de la Révolution islamique. Le régime, dirigé actuellement par le dirigeant suprême Ayatollah Sayed Ali Khamenei, le Président Mahmoud Ahmadinejad, et le corps de la Garde Révolutionnaire, continue à élargir son axe global et sa course alarmante vers la capacité d’employer des armes nucléaires.
Le temps presse pour la communauté internationale pour empêcher l’Iran d’obtenir des armes nucléaires. Elles seront sans doute utilisées comme moyen de pression sur les voisins de la région ainsi contre l’Occident, sans imaginer qu’elles pourront aussi être explosées.
Si la communauté internationale veut réussir à faire avorter l’ordre du jour nucléaire, une réévaluation politique rapide est nécessaire et des stratégies alternatives doivent être mises en œuvre.
Cette analyse ne suggère pas des cours d’action précis pour traiter avec la menace nucléaire mais elle identifie surtout les motifs exposés par le gouvernement des ayatollahs et le peuple iranien depuis bien avant le début de la Révolution islamique. Elle identifie les éléments critiques de la culture iranienne qui ont été systématiquement ignorés par les hommes politiques depuis des décennies. Il s’agit d’une compréhension précise de ces indices culturels qui devraient guider les objectifs politiques envers le gouvernement iranien.
Bon nombre des éléments culturels trouvés au sein de l’Iran, ne s’alignent pas parfaitement avec les valeurs incorporées dans la diplomatie occidentale. Pourtant si notre compréhension de la culture iranienne ne s’améliore pas, et si les valeurs et indices iraniens ne sont pas internalisés, nous risquons de nous retrouver devant un gouvernement iranien opérant sous un parapluie nucléaire actif.
L’importance d’avoir des liens partout dans le monde.
Un jeune iranien a étudié l’ingénierie dans une université américaine. Il a un frère qui a étudié pour devenir un mollah de Qom, un autre frère travaillant avec son oncle dans un bazar à Téhéran, un autre militant dans le parti communiste et un dernier très actif dans le groupe d’opposition à Los Angeles. Lorsque on lui posa la question: ” comment est-il possible que les frères et les membres de sa famille semblent être dans presque tous les camps, l’étudiant a répondu avec le sourire et en toute franchise: “Vous ne pouvez comprendre”. Comme toute bonne famille iranienne, nous nous soucions de notre propre sécurité. En ayant un frère dans chaque camp notre famille sera protégée. »
L’art de négocier
Les négociations ne sont que des moyens pour démontrer la puissance et pour faire échouer les adversaires. Les contrats signés ne sont que des morceaux de papier pour faire avancer leurs intérêts. Leurs signatures ne sont pas garanties pour exécuter les termes du contrat.
Lorsque vous traitez avec les Iraniens, il est important de comprendre que venir à la table des négociations avec des exigences préalables peut escalader à la violence et inviter l’Iran à exiger plus de concessions de l’adversaire.
Patience : un élément essentiel dans la vie iranienne
Les Iraniens sont connus pour la production de beaux tapis. La fabrication des tapis est un art et chaque tapis peut prendre des mois voire même des années pour être achevé. La patience est donc un composant dans la fabrication. Le calendrier n’existe pas. Le tapis est simplement achevé lorsqu’ il sera fini.
En revanche, la culture occidentale appelle à fournir des résultats instantanés. De l’avis iranien, celui qui peut faire attendre un adversaire gagne en général.
Le jeu d’échecs: fenêtre dans l’esprit iranien
Plusieurs siècles auparavant, les Iraniens ont inventé le jeu d’échecs. C’est un jeu habile où les joueurs calculent au moins deux ou trois pas en avant, et même calculent les pas qui seraient éventuellement faits par leurs adversaires.
Les Iraniens ont adopté le jeu des échecs comme sport national. Dans un conflit, ils pensent à un pas en avant, et considèrent prudemment les pas que leurs adversaires vont faire en revanche.
Les Iraniens sont donc d’excellents planificateurs et possèdent un sens aigu pour compartimenter la pensée. Dans un conflit, ils pensent plusieurs pas en avant, et considèrent prudemment les pas que leurs adversaires feront en réponse. Les Iraniens sont de grands planificateurs de jeu et font de leur mieux pour laisser le moins possible la chance de gagner.
Un coup d’échecs peut protéger le flanc iranien : les gouvernements iraniens tentent de restituer des biens à un ancien fonctionnaire iranien qui est bien lié à des fonctionnaires importants du gouvernement américain.
Au milieu des années 2000, l’un de ces anciens fonctionnaires a raconté l’histoire suivante : “J’ai rencontré des personnes bien reliées aussi bien en Amérique qu’au sein des gouvernements européens. Au moment où Téhéran a appris l’existence de ces réunions ; les fonctionnaires du gouvernement actuel iranien m’ont envoyé des documents par le biais de connaissances mutuelles, qui ont démontré que les propriétés de ma famille n’ont jamais été nationalisées, et que mes biens à l’étranger m’appartiennent toujours. En outre, le gouvernement iranien m’a précisé qu’il était encore prêt à acheter la propriété et me transférer l’argent en dollars.”
Pourquoi les hauts-fonctionnaires du gouvernement iranien le feraient-ils ? Ils veulent simplement s’assurer que si les choses tourneraient mal en Iran, ils auront toujours de bons contacts hors du pays. Comme le sait chaque iranien, il est important d’avoir des alliés et des bons contacts avec les différents camps.
Plusieurs Iraniens exilés réalisent que s’ils parlaient contre le régime actuel, ils pourraient perdre l’occasion de récupérer leurs biens.
D’un seul coup d’échecs, le gouvernement iranien a réussi à neutraliser ses ennemis potentiels et installer une situation qui peut les protéger d’une vengeance possible, si leur gouvernement devait tomber.
La question nucléaire
Le gouvernement iranien affirme que la puissance nucléaire est nécessaire pour la consommation de son énergie domestique. Cette revendication est curieuse parce que l’Iran possède la deuxième place des réserves d’énergie dans le Golfe persique riche en pétrole, et parce que le pays exporte l’électricité aussi bien en Irak qu’en Afghanistan. Ainsi, si l’Iran avait besoin d’énergie, il pourrait utiliser ses exportations de ses propres besoins internes.
Pour le gouvernement iranien, la question nucléaire joue un double rôle.
Rappelons au peuple iranien que si leur gouvernement actuel avait des armes nucléaires et les utilisait, le monde extérieur aurait à lancé des représailles, ce qui pourrait entraîner la mort d’innombrables Iraniens.
La popularité d’Ahmadinejad parmi les masses (non iraniennes) à travers le monde musulman s’est intensifiée. Le président iranien a nié l’holocauste, a appelé à la liquidation d’Israël, et a intensifié la poursuite de la recherche de l’énergie nucléaire, en violation flagrante avec les résolutions des Nations-Unies.
La réaction passive de la Communauté internationale aux diatribes d’Ahmadinejad, ses actions devant les masses musulmanes, en particulier sunnites ont démontré que leurs propres dirigeants sont des traîtres parce qu’ils ne pouvaient ou ne voulaient pas résister à l’Occident et l’aider à rétablir l’honneur de l’Islam.
De toute évidence et dans de nombreux aspects, l’ancienne culture iranienne est très différente de celle de l’Occident. Il n’est donc pas surprenant que nous sommes souvent perplexes face à la manière dont les Iraniens agissent. Leur conduite mal interprétée par les pays occidentaux a permis à l’Iran de déjouer continuellement la communauté internationale.
Les Iraniens peuvent être qualifiés de bons joueurs d’échecs, mais l’Occident a fourni plus de joueurs mondialement reconnu que l’Iran. Avec un peu d’ingéniosité et de créativité, l’Occident et en premier chef les Etats-Unis devraient être en mesure de se montrer plus malins que les Iraniens dans leur propre jeu.
En utilisant certaines idées mentionnées dans cette analyse, les dirigeants occidentaux pourraient envisager des réunions publiques avec des dirigeants de l’opposition et libérer leur patrie de la tyrannie, et affaiblir le contrôle du régime actuel. Dans ce contexte il est possible de comprendre et d’utiliser la culture iranienne afin d’atteindre des objectifs politiques. Ils seront bénéfiques à l’Occident, au peuple iranien, et pour le monde entier.