Les relations Israël-Egypte : hier et aujourd’hui

Conférence donnée à la Foire du Livre de Turin, le 15 Mai 2009.

Israël et l’Egypte ont célèbré le mois dernier 30 ans de paix. Pourtant ils sont voisins depuis toujours. La Bible nous raconte que les relations entre les deux nations ont commencé il y a 4000 ans, avec le voyage d’Abraham en Egypte à la suite de la sécheresse et de la famine qui avaient frappé le pays de Canaan. Dans le Moyen Orient de l’Antiquité, il était courant d’aller en Egypte chaque fois que la sécheresse avait détruit l’agriculture et entraîné la famine. En Egypte, le Nil continuait à couler et il y avait toujours de quoi manger. Après Abraham, il y eu Joseph et ses frères et Jacob, et puis Moise et le constitution du peuple juif à travers l’esclavage et l’Exode, la sortie d’Egypte que nous célébrons depuis des temps immémoriaux chaque année à Pâque. Il y a eu une présence juive en Egypte pendant 4000 ans et la Gniza du Caire en témoigne d’une façon magistrale. Il a fallu en venir au temps de Gamal Abdel Nasser pour voir cette communauté de 80000 personnes soit chassée d’Egypte de façon éhontée sans aucun document autre qu’un laissez passer sur lequel étaient apposés les mots “sans retour”.

Aujourd’hui il y a en Egypte moins de 100 juifs. C’est la fin d’une grande histoire.

Pourtant la paix entre Israël et l’Egypte est peut être la seule réalité politico-militaire stable du Moyen Orient face à l’instabilité chronique de la région qui souffre du sous développement économique et social, du terrorisme, de  l’Islam radical et de la subversion iranienne. Cette paix a contribué à prévenir bien de catastrophes au Moyen Orient. Malgré tous ses détracteurs, elle a tenu bon contre vents et marées, voilà déjà 30 ans. Elle a traversé plusieurs crises dans la région et a prouvé que la paix entre Israël et les pays arabes est possible. Moubarak l’a encore dit cette semaine après sa rencontre avec Netanyahou. Sans la paix avec l’Egypte, il est peu probable qu’on aurait pu s’acheminer vers la conférence de Madrid en 1991, les accords d’Oslo en 1993, et la paix avec la Jordanie en 1995. La paix complète au Proche-Orient n’a pas encore été réalisée et il faut y travailler. Surtout il faut trouver une formule de compromis entre Israël et les Palestiniens. Mais la grande menace sur le Moyen-Orient vient des forces radicales qui travaillent à la déstabilisation des pays de la région. Il s’agit surtout de l’Iran et ses satellites, le Hezbollah et le Hamas, qui appellent à la destruction d’Israël et font tout pour empêcher un accord entre Israël et les Palestiniens, prolongeant ainsi la souffrance de ces derniers.

Je voudrais vous parler des développements qui se trouvaient à la base de la paix entre Israël et l’Egypte et de l’évolution qu’ont pris les relations entre les deux pays pendant ces trente dernières années.

Nous devons être tous reconnaissants au Président Sadate qui a eu la prévoyance et le courage de changer la politique de son pays et de le mener jusqu’à la paix. En fait, Sadate est allé à contre courant. A cette époque, le monde arabe était mobilisé entièrement contre Israël, les guerres se succédaient et empêchaient tout progrès dans la région. Sadate a compris que les soldats égyptiens mourraient pour rien, que les guerres ne donnaient aucun résultat, et qu’il fallait sortir de ce cercle vicieux. En plus, l’Union soviétique, le grand fournisseur d’armes à l’Egypte, la poussait à la guerre pour ses propres intérêts et la traitait comme une colonie occupée sans se soucier de son développement économique. Sadate a donc pris cette courageuse décision de changer complètement l’orientation de son pays. Il a expulsé les conseillers soviétiques, s’est tourné vers les Etats Unis et s’est préparé à conclure la paix avec Israël.

C’était donc un choix mûrement réfléchi et solide. Il était devenu possible car les succès initiaux de l’armée Égyptienne qui avait réussi à surprendre Israël en Octobre 1973  étaient considérés comme restituant l’honneur de l’Egypte, émoussé par la guerre des Six Jours en 1967, et permettaient a Sadate d’entrer en négociation avec Israël.  Il est parti à Jérusalem le 19 Novembre 1977 pour réaliser son projet. En se rendant directement a Jérusalem il voulait causer un choc – positif – auprès des  Israéliens, et les persuader ainsi qu’il voulait vraiment la paix.

En même temps il n’avait pas négligé les Palestiniens. Lors de son  discours devant la Knesset à Jérusalem, il a dit notamment qu’il n’y aura pas de paix tant que les Palestiniens n’auront pas leur Etat. Dans les conversations qui ont suivi et surtout dans les très difficiles négociations à Camp David, le problème palestinien était au cœur  des tractations. C’est ainsi qu’on en est arrivé aux fameux accords de Camp David. Ces accords ont été signés le 17 Septembre 1978 par le Premier ministre Menahem Begin et le Président Anwar Sadate en présence du Président Carter. Il s’agit de deux documents, l’un contenant les principes de base pour un accord de paix entre Israël et l’Egypte et l’autre créant le cadre des négociations pour une autonomie des Palestiniens dans la rive gauche du Jourdain et la bande de Gaza. Ce n’était pas encore la paix, mais des bases solides venaient d’être posées.

Les pays arabes et l’OLP qui représentaient les Palestiniens ont déclaré leur opposition à ces accords et ont menacé de boycotter l’Egypte si Sadate persévérait dans cette voie et signait la paix avec Israël. Sadate pourtant ne s’est pas laissé décourager et sous l’égide des Américains il a mené une rude négociation à la suite de laquelle un accord de paix fut signé le 26 mars 1979 entre Israël et l’Egypte, sur la pelouse de la Maison Blanche  et en présence du Président Carter. C’était un événement de dimensions historiques – la paix signé entre Israël et le pays le plus important et le plus puissant du monde arabe.

En Israël ce fut un moment de grande émotion, un espoir que cette paix servirait de pont pour le monde arabe. On a cru que les autres pays du Moyen-Orient allaient suivre et avaient absorbé et compris les dimensions de cet événement historique. Mais la haine et le fanatisme ont eu le dessus. Les pays arabes ont décidé de boycotter l’Egypte, le plus grand d’entre eux. L’Egypte a été expulsée de la Ligue arabe et les bureaux de la Ligue ont été transférés du Caire à Tunis.

L’Union Soviétique, elle aussi, n’était pas satisfaite de cet accord qui allait diminuer son influence dans la région. Elle a annoncé qu’elle mettrait son veto  au Conseil de sécurité à la demande de l’Amérique, Israël et l’Egypte de créer une force de paix internationale pour superviser la démilitarisation de la péninsule de Sinaï comme prévu dans l’accord. Cette démilitarisation était vitale pour le succès de l’accord. L’Amérique a donc pris la décision de s’en charger et a créé une force multinationale dont 90% des soldats étaient Américains mais dix autres pays – européens et asiatiques s’y sont joints et je suis heureux de souligner que l’Italie était parmi eux et continue aujourd’hui encore à assumer sa part de cette mission de paix.  Cette force fonctionne toujours et l’Egypte et Israël appliquent à la lettre les clauses concernant ce pan de l’accord.

L’accord de paix entra en vigueur le 25 avril 1982 après qu’Israël eut évacué toute la péninsule de Sinaï qui est repassée sous  la souveraineté Égyptienne. J’étais ce jour là en Egypte et j’ai été témoin de l’explosion de joie des Egyptiens. Le  Sinaï  redevenait Égyptien et une chanson fut  composée pour célébrer l’événement, il n’y avait plus de guerre à l’horizon, c’était la paix avec de bonnes perspectives d’un rapide développement économique. C’était  l’époque où les chauffeurs de taxi cairotes, quand ils identifiaient leur passager comme Israélien, criaient vive Sadate, vive Begin et arrêtaient parfois leur véhicule pour nous inviter à boire un coca ou un café.

C’est ainsi que la paix a été tissée, et tels étaient les calculs de Sadate. Bien qu’elle ait été mal reçue par le monde arabe, les Egyptiens restaient optimistes pour l’avenir. Les gens du peuple avaient perdu confiance dans les leaders arabes, et se désintéressaient du problème palestinien. Ils ne voulaient plus mourir pour les slogans creux des dictateurs arabes et les manœuvres de Yasser Arafat qui ne menaient nulle  part.

Les négociations sur l’autonomie palestinienne ont commencé immédiatement. L’autonomie aurait permis aux Palestiniens de bâtir leurs institutions nationales et de se préparer à l’indépendance 15 ans avant les accords d’Oslo. Elle devait être le corridor menant vers L’Etat. Malheureusement l’OLP a boycotté ces négociations et elles ont été abandonnées au bout d’un an. C’est ainsi que les Palestiniens ont perdu encore une occasion de créer leur Etat.

L’assassinat de Sadate en Octobre 1981 allait compliquer les problèmes. Le peuple égyptien dans son ensemble avait accueilli la paix avec l’espoir qu’elle déboucherait sur un meilleur avenir, mais les élites intellectuelles formées au nationalisme pan arabe de Nasser ont maintenu leur opposition. Elles continuaient à rêver d’une grande nation arabe unie excluant les non Arabes, donc Israël, alors que le pan arabisme était déjà mort, et que les 22 pays arabes allaient chacun de leur côté selon ses intérêts propres. L’opposition à la paix venait aussi des cercles islamiques, et surtout du mouvement extrémiste des frères musulmans dont l’idéologie contient une bonne part d’antisémitisme.

Moubarak, devenu président, n’a pas voulu confronter ces forces et a pris la décision de concentrer ses efforts sur le retour de l’Egypte à sa place centrale dans le monde arabe.  Il a pensé que dans l’intérêt de cette politique il fallait limiter les relations avec Israël et les rendre discrètes. C’est de là qu’est issue ce qu’on appelle la paix froide. Sur ce point les efforts de Moubarak ont été couronnés de succès : en 1989, l’Egypte a été réadmise dans la Ligue arabe et ses bureaux sont revenus à la maison de la Ligue au centre du Caire.

Moubarak n’a fait aucun effort pour arrêter ni même modérer les attaques anti-israéliennes et antisémites des media ce qui a contribué à créer une barrière psychologique importante au rapprochement entre les deux peuples. Malheureusement cette incitation a la haine continue jusqu’à ce moment.

Du fait de cette politique restrictive les relations entre les peuples restent limitées et l’essentiel des contacts se font au niveau des deux gouvernements. D’une part l’Egypte vend à Israël du pétrole et du gaz, et ce sont  d’importants  contrats, mais de l’autre les autorités imposent un strict contrôle sur le voyage en Israël. Ils n’y donc pas de tourisme égyptien en Israël alors que les Israéliens, qui ne subissent aucune restriction,  aiment aller en Egypte et surtout au Sinaï.

De plus les association professionnelles des élites égyptiennes –  avocats, médecins, artistes etc. qui étaient dirigées par des opposants à la paix, anciens Nassériens ou frères musulmans, ont imposé à leurs membres de boycotter Israël et d’éviter tout contact avec ce pays, ce qui a réduit encore le champ de coopération entre les deux pays.

Au cours de la période 1979 – 1982 – donc dans les années qui ont suivi la signature du traité de paix, Israel et l’Egypte ont signé 20 accords de normalisation des relations concernant la coopération dans les domaines du commerce, transport aérien et terrestre, culture, agriculture etc. – comme il est d’usage entre deux pays en paix.

Israël a fait un grand effort pour normaliser en pratique les relations et mettre en œuvre ces accords dans l’espoir que cela amène une meilleure compréhension entre les peuples. Mais le succès n’a été  que très partiel. La plupart des accords n’ont pas été appliques. Il y a pourtant un domaine dans lequel la réussite a été complet – je parle de la coopération agricole.

Dès 1981 Sadate a demandé à Ariel Sharon, alors ministre de l’agriculture, de l’assistance pour développer l’agriculture égyptienne qui n’arrivait pas à assurer l’auto suffisance du pays en produits agricoles. Israël a répondu favorablement et a envoyé en Egypte des experts en plusieurs domaines, a mis à la disposition de l’Egypte ses techniques d’irrigations en goutte à goutte, ses méthodes de culture les plus avancées. Le but était de créer les conditions nécessaires pour cultiver les terres du désert avec un minimum d’eau et un maximum de rendement. Il fallait sortir des terres lourdes du Delta surpeuplé vers les espaces illimités du désert. Israël a même transmis à l’Egypte des variétés de légumes et fruits développés par ses spécialistes et qui ont fait la renommée d’Israël dans le monde. Ce but a été atteint en quelques années et l‘Egypte est devenue presque autosuffisante en fruits et légumes et exporte même une partie de sa production agricole vers l’Europe.

Malheureusement ce sont des choses que les plupart des Egyptiens ignorent  car on ne le leur dit pas, tandis que  l’opposition accuse Israël d’avoir “empoisonné” la terre. C’est ainsi qu’on déforme la vérité quand le fanatisme domine. Israël a proposé aussi une coopération dans les domaines du tourisme, de l’industrie et de la haute technologie. Or le gouvernement égyptien s’est rattaché à sa politique de coopération minimum et discrète et a réduit les contacts économiques. Des contacts dans les domaines culturels, scientifique et sportif sont complètement exclus. La propagande contre la normalisation des relations est si puissante que le terme normalisation est devenu péjoratif.

L’histoire de l’accord sur les QIZ illustre pourtant ce que peut faire la coopération entre deux pays voisins en paix. Il s’agit des Qualified Industrial Zones – des zones industrielles spéciales. L’accord signé par Israël et l’Egypte avec l’assentiment des Etats Unis à la fin 2004 permet à l’Egypte d’exporter ses produits industriels aux Etats Unis sans avoir à payer des droits de douane dans le cadre de la Zone commerciale libre qui existe entre les Etats Unis et Israël, à la condition que 12% du produit fini soient fabriqués en Israël et que la production en Egypte se fasse dans des zones industrielles agréées par les Américains. Ceci a sauvé l’industrie textile égyptienne qui était sur le point de perdre  le marché américain à la suite de la nouvelle réglementation de l’Organisation Mondiale du commerce. Cet accord a même permis à l’Egypte d’augmenter ses exportations de textiles vers l’Amérique qui sont passées de 200 millions de dollar a 800 millions de dollars. L’Egypte n’est pas encore qualifiée pour conclure un accord de libre échange avec l’Amérique mais l’obstacle a pu être contourné grâce à la coopération avec Israël. Soit dit en passant,  un accord semblable fonctionne avec la Jordanie qui a pu augmenter ses exportations aux Etats Unis de deux milliards de dollars.

Il faut noter aussi que les compagnies aériennes d’Israel et de l’Egypte assurent 6 vols hebdomadaires entre les deux pays et il est difficile de trouver une place libre. Il est possible que il y ait ici une certaine indication que le volume des affaires a quand même tendance à s’élargir malgré les restrictions égyptiennes.

Même si la coopération bilatérale entre Israël et l’Egypte reste limitée par rapport à ce qu’elle aurait pu être, les deux pays sont conscients qu’ils ont en commun des intérêts vitaux concernant leur sécurité et que ces intérêts  exigent dialogue et coopération.

Il s’agit essentiellement de deux problèmes, le problème palestinien et le combat contre le terrorisme et la subversion. En ce qui concerne le conflit avec les Palestiniens, s’il est vrai que l’Egypte soutient les positions palestiniennes, elle a aussi un intérêt fondamental au maintien de la stabilité régionale. D’où ses efforts inlassables pour amener la conciliation dans le camp palestinien entre l’autorité palestinienne et le Hamas et dénouer l’affaire du soldat Guilad Shalit. L’Egypte est prête à accepter toute solution obtenue dans une négociation israélo – palestinienne. Mais l’Egypte sait que tant que les Palestiniens sont divisés, un accord avec Israël est impossible puisqu‘il y a à présent deux entités politiques palestiniennes qui se querellent et leur vues envers Israël sont complètement différentes. On sait que le Hamas se refuse à reconnaître Israël. De toute façon l’Egypte joue et continuera de jouer un rôle important dans les relations entre Israël et les Palestiniens. L’Egypte n’a pas l’intention de se laisser à nouveau entraînée dans des hostilités contre Israël. Les extrémistes du monde arabe l’incitent régulièrement à rompre les accords de paix –  notamment lors de la guerre avec le Liban et plus récemment pendant la guerre de Gaza. Nasrallah a même appelé  les officiers et les soldats égyptiens à se révolter contre leur gouvernement. La réponse de Moubarak a été que son pays connaît trop bien le prix et les malheurs de la guerre et n’a pas l’intention de faire la guerre de nouveau. Que ceux qui veulent faire la guerre contre Israël la fasse, pas l’Egypte il a dit.  Moubarak est resté fidèle à l’appel de Sadate: “no more war, no more bloodshed.” Il convient de souligner qu’il n’existe aucun contentieux territorial entre les deux pays.

L’occupation illégale et par la force de la bande de Gaza par le Hamas constitue une sérieuse menace pour l’Egypte. Le Hamas est la branche palestinienne des Frères Musulmans, un mouvement islamique extrémiste interdit en Egypte et pourtant toujours puissant politiquement. Le Hamas refuse de reconnaître Israël et appelle à sa destruction. L’Iran le soutient et lui fournie des armes qui passent en fraude par des tunnels souterrains du Sinaï à Gaza. L’Egypte s’est engagée à stopper cette contrebande dangereuse mais ne réussit pas. Elle se heurte à l’opposition des populations locales qui profitent financièrement de ce commerce. L’Egypte ne veut pas d’un affrontement militaire avec les Palestiniens de Gaza et espère résoudre le problème par la réconciliation entre le Hamas et l’autorité palestinienne.  Ce qui pour le moment paraît difficilement réalisable. Malheureusement, si  le Hamas ne sera pas freiné et s’il continue à bombarder Israël avec ses roquettes, une nouvelle confrontation avec Israël n’est pas à exclure. Donc, nous sommes devant une crise d’un potentiel explosif.

L’islam radical et intégriste demeure la menace omniprésente qui pèse sur l’Egypte et sur Israël, et en fait sur le Moyen Orient dans son ensemble. Qu’ils s’agissent  de  groupes jihadistes  tel  Al Qaeda ou de la subversion menée par l’Iran avec l’aide de la Syrie, du Hezbollah et du Hamas. L’Egypte a pris la tête des pays pragmatiques avec l’Arabie Saoudite dans la lutte contre l’Iran et ses satellites. Au cours du dernier sommet arabe qui a eu lieu à Qatar fin Mars, auquel Moubarak a préfèré ne pas assister, son représentant a critiqué l’Iran, l’accusant d’intervenir dans les affaires intérieures des pays arabes auxquels il a demandé de résister. La découverte récemment d’un réseau du Hezbollah opérant en Egypte a démontré que la subversion iranienne ne relève pas uniquement de la théorie. Moubarak continue à lancer des avertissements à l’Iran et de sommer ce pays d’arrêter ses opérations subversives dans la région. En plus, la menace de la nucléarisation de l’Iran pèse, lourdement sur la région et a déjà donné le signal à la course au développement de l’énergie nucléaire. Etant donné la fragilité des régimes du Moyen-orient, cette menace est un très grand danger.

Face à toutes les menaces Israël et l’Egypte se trouvent dans le même camp. Ils ont le même intérêt à contenir l’Iran et à lutter contre les extrémistes. Ceci ne fait que renforcer le dialogue entre eux.

En ce qui concerne l’avenir, nous sommes tous conscients du fait que l’ère Moubarak touche à sa fin. Le régime se prépare au changement des générations. Cela va être une période délicate. Beaucoup se demandent si la paix avec Israël tiendra et surmontera les changements politiques.  D’une part, la paix limitée ou froide et les incessantes attaques contre Israël nous inclinent à un certain pessimisme. De l’autre, il ne faut pas oublier que cette paix a tenu bon pendant 30 ans ; elle a traversé des crises graves et elle repose sur des bases solides.  Les deux pays savent aussi qu’ils partagent des intérêts communs très importantes et que le Moyen Orient pourrait payer très cher si jamais la paix était rompue. Nous vivons dans une région où l’imprévisible est un trait connu. Toutefois j’estime qu’il y a place pour un optimisme prudent puisque nous sommes aussi des voisins.