Les pourparlers de paix avec la Syrie
La quatrième rencontre avec les Syriens n’a pas dissipé les profondes divergences politiques et Jérusalem est toujours perplexe quant aux réelles intentions de Damas. Les négociations pour une paix avec la Syrie demeurent indirectes et se déroulent dans le cadre des bons offices de la Turquie. Ce grand pays musulman accueille les pourparlers dans un climat incertain; déchiré entre laïcs et religieux et préoccupé par la vague d’attentats terroristes des séparatistes kurdes. Face à la course vers l’hégémonie régionale et devant la situation chaotique en Irak, Ankara cherche à jouer le rôle d’intermédiaire et de conciliateur pour faciliter son entrée à l’Union européenne.
Les pourparlers de paix avec la Syrie sont un atout stratégique pour le président Assad. Il a redoré son blason et retourne par la “grande porte” au Liban. Il poursuit sa politique envers la “résistance” palestinienne et n’a pas fermé les bureaux des organisations terroristes à Damas. Il continue à refuser des négociations directes pour pouvoir exercer des pressions sur la question de l’avenir du plateau du Golan. Damas, Ankara et Jérusalem ont un intérêt commun pour la poursuite des pourparlers mais Israël est le grand perdant jusqu’à présent. . .
La Syrie refuse à se détacher de l’Iran et Damas continue à réarmer le Hezbollah par des armes et des munitions iraniennes. Le Président syrien souhaite sortir de son isolement international. La dernière visite en grande pompe et médiatisée à Paris démontre qu’il a réussi. Il a obtenu du président Sarkozy le statut d’homme d’Etat « responsable » et il ne fait plus partie de l’axe du Mal aux yeux des Occidentaux. Quant à la France, elle a réussi à obtenir un rôle d’influence et à établir des relations diplomatiques complètes entre Damas et Beyrouth. La Syrie est un pays sous-développé et la situation économique est au bord du gouffre. La seule compensation du régime d’Assad a été l’intime alliance avec l’Iran et le Hezbollah.
Le Hezbollah joue au Liban le rôle d’amitié envers la Syrie, mais ne souhaite pas pour autant le retour des Syriens dans le pays du Cèdre. Le Hezbollah a ses propres projets pour régner et prend tout son temps pour réaliser ses ambitions. Damas souhaite diviser pour régner et le retour des Syriens mettrait en péril le rêve du Hezbollah au Liban.
Aux Etats-Unis, un débat est ouvert à savoir si l’administration actuelle devrait engager un dialogue direct avec Damas tout en sachant à l’avance que Bachar el Assad exige préalablement un retrait total des forces américaines en Irak.
Assad est inquiet de l’existence d’un régime pro-occidental instauré en Irak et ne désire aucun compromis en ce qui concerne le Liban. Dans l’acheminement de ce raisonnement, il ne reste à Bachar el Assad qu’un seul intérêt, c’est d’engager un processus de paix avec Israël, conscient que la concrétisation est purement théorique.
Concernant ses rapports avec Israël, Assad a toujours hésité à riposter contre des raids de Tsahal. L’aviation israélienne a survolé à plusieurs reprises son palais présidentiel, elle a bombardé un camp d’entraînement palestinien situé à 7 kilomètres au nord de Damas et en septembre 2007, la chasse israélienne a attaqué un site nucléaire coréen en Syrie.
Tous ces raids israéliens n’ont pas entraîné de représailles et prouvent que les Syriens sont conscients de l’équilibre de forces entre les deux pays et ils n’ont aucun intérêt à s’engager dans une nouvelle guerre.
En revanche, les Syriens se servent des milices du Hezbollah pour attaquer des cibles civiles israéliennes. Le président syrien n’a ni le désir ni la fermeté ou le courage du président Anouar el Sadate. Il ne viendra pas à Jérusalem pour parler de paix devant le parlement israélien. Les dirigeants syriens refusent toute négociation directe avec Jérusalem et évitent même les contacts avec des correspondants israéliens. Assad a refusé de serrer la main à Ehoud Olmert dans le cadre de la conférence de Paris pour la Méditerranée. Les déclarations de diplomates syriens sur le sérieux des négociations sont à prendre en considération et sans doute Damas détient la clé d’une paix globale dans la région, néanmoins, il serait naïf de croire que ces pourparlers aboutissent à la signature prochaine d’un accord de paix.
Dans ce contexte, nous devons attendre l’installation d’une nouvelle administration américaine pour savoir si les intentions du Lion de Damas ont changé de cap et sont vraiment sincères.