Les objectifs de «l’Etat islamique» dans notre région
Le 29 juin 2014, premier jour du mois de Ramadan, le nouvel « Etat islamique » a été proclamé tambour battant. L’objectif de ses fondateurs est de créer dans notre région une nouvelle entité religieuse sunnite et de mettre fin aux Accords Sykes-Picot de 1916.
Bien que les capacités militaires de l’Etat islamique soient à ce jour limitées à l’Irak, ses dirigeants ont réussi à attirer vers eux des musulmans du monde entier. Cet important soutien renforce leur révolte contre les régimes arabes existants avec une ampleur considérable. L’Etat islamique constitue une menace dangereuse et sans précédent dans l’Histoire contemporaine du Moyen-Orient.
La proclamation du califat a provoqué une escalade de la violence dans toute la région. Le conflit déjà existant entre sunnites et chiites s’est aggravé et risque de dégénérer en frictions au sein même des communautés musulmanes installées en Occident.
Face à cette nouvelle réalité régionale, Israël affronte des menaces et des problèmes sécuritaires plus complexes et plus compliqués à résoudre qu’auparavant. Ces menaces soulèvent surtout la question du maintien de frontières défendables sur le front Est, le long de la rive occidentale du Jourdain.
Le nouvel Etat islamique refuse les frontières existantes depuis le partage de Sykes-Picot et la dispersion des musulmans de la région dans différents Etats-nations. Selon ses dirigeants, l’Empire ottoman s’était effondré en raison de l’application des idéologies occidentales comme la démocratie, étrangère à l’Islam.
Par conséquent, le djihad, lui, vise à renverser l’ordre existant et permet l’expansion du califat sur l’ensemble du territoire où vivent les musulmans.
L’objectif principal de l’Etat islamique est d’ancrer ses règles et d’imposer son autorité sur toutes les milices locales, telles que les Kurdes. Pour y aboutir, son armée doit vaincre les troupes irakiennes et syriennes, entièrement soutenues par l’Iran et la Russie.
La proclamation du califat constitue un grand défi pour les organisations islamiques rivales, et en particulier les Frères musulmans. Ces derniers tentent de promouvoir le concept d’« islam politique » combinant la religion et la démocratie (selon l’interprétation islamique) et aspirent à atteindre le but ultime d’une domination islamique planétaire.
L’Etat islamique a clairement indiqué qu’il ne fera aucun compromis avec un mouvement qui n’acceptera pas entièrement et inconditionnellement son autorité. Le cas de Jabhat al-Nosra et Al-Qaïda est éloquent dans ce sens.
Israël, qui n’a pas été directement mentionné dans la proclamation du califat, figure parmi les ennemis que les musulmans devraient détruire et remplacer par un Etat islamique.
La montée en puissance de l’islam radical empoisonne toute la région et nous inquiète directement car elle accroît l’intervention militaire iranienne, menace la stabilité du Royaume hachémite de Jordanie, et renforce des forces émergentes dans les territoires palestiniens.
Dans la charte de la proclamation islamique, le califat est censé s’étendre aux territoires contrôlés par l’Etat islamique en Syrie et en Irak (« d’Alep à Diyala »). La loi islamique (charia) sera la seule loi du nouvel Etat et sera appliquée à la lettre par des tribunaux islamiques qui imposeront des peines conformément à l’Islam : coups de fouets, amputations, crucifixions, exécutions…
Toujours selon cette charte, « les musulmans sont les meilleurs parmi les nations ». Allah leur a accordé la promesse de conduire les affaires du monde à condition qu’ils l’adorent et n’adoptent que la croyance exclusive dans l’Islam. Le temps du djihad est donc propice pour reprendre le chemin du prophète Mahomet.
Dans un appel aux moudjahidines, l’Etat islamique exige la poursuite de la guerre sainte pour créer sans délai l’établissement d’un califat et faire ainsi « trembler de peur » tous les continents à l’Ouest comme à l’Est.
Jonathan D. Halevi