Les missiles balistiques hors de tout accord avec l’Iran
Suite à l’approbation de l’accord de Vienne par le Conseil de Sécurité des Nations unies, les porte-paroles militaires et politiques iraniens demeurent catégoriques sur la poursuite du développement du programme des missiles balistiques.
Selon eux, il n’est pas question de remettre en cause leur projet et toute tentative dans ce sens de la part des Occidentaux sera interprétée comme une « agression flagrante » et un « franchissement de lignes rouges ».
Soulignons que la Résolution 2231 du Conseil de sécurité interdit pendant huit ans la levée de l’embargo sur la vente de technologies de pointe pour la fabrication de missiles et pendant cinq ans pour tout armement lourd.
Tous les officiels iraniens ont réaffirmé cette position intransigeante à plusieurs reprises. Le ministre iranien de la Défense, Hussein Dehghan, a souligné que l’Iran était déterminé à développer l’ensemble de ses programmes de missiles balistiques. Il a aussi clarifié le fait que son pays n’accorderait jamais l’accès des installations militaires à des étrangers et ne dévoilerait à personne des secrets d’Etat.
Les missiles iraniens ne sont pas négociables (caricature iranienne, Agence Tasnim)
A propos des déclarations officielles américaines prononcées juste après la signature de l’accord à Vienne, Dehghan répond avec superbe : « les responsables américains font des remarques arrogantes et imaginent qu’ils peuvent imposer leur diktat à la nation iranienne. Eh bien, ils se trompent ! Ils manquent sans doute d’une bonne connaissance de notre civilisation »… Et de poursuivre sur un ton malicieux : « nous nous aperçevons enfin que les Américains se rendent compte qu’ils ne sont plus – et depuis longtemps – la première grande superpuissance du monde ! »
Quant au Ministre iranien des Affaires étrangères Zarif il précise que « l’Iran continuera à améliorer ses capacités de défense pour sauvegarder sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale contre tous les actes d’agression ainsi que contre la menace de groupes terroristes installés dans la région ».
Zarif justifie cette position officielle et précise : « les capacités militaires de l’Iran, y compris le développement de ses missiles balistiques, sont exclusivement destinés à la défense. Ils ne sont pas non plus conçus pour transporter des ogives nucléaires, et donc ils ne devraient pas être inclus dans la résolution de l’ONU, ni dans l’accord, et ni dans ses annexes. »
Le commandant en chef des Gardiens de la Révolution, Mohammad Ali Jafari, a, quant à lui, sévèrement critiqué les différentes interprétations de l’Accord et la Résolution du Conseil de sécurité. Il refuse tout net d’aborder le sujet des capacités militaires de l’Iran car elles demeurent un secret d’Etat.
Les Iraniens dégustent l'”accord” (écrit sur la serviette)
Un proche conseiller du Guide suprême, Yadollah Javani, a affirmé que les Etats-Unis ont tenté en vain d’affaiblir l’Iran et que toutes leurs tentatives et celles des Occidentaux étaient vouées à l’échec.
Les membres du Majlis (le Parlement iranien) ont, de leur côté, prononcé des discours identiques .
Nous constatons donc qu’en dépit de l’Accord de Vienne, l’Iran va continuer à développer les programmes de missiles et de fusées dont il dispose. Rappelons que l’Iran a réussi à fabriquer cet arsenal destructif malgré l’embargo sur les armes imposé jusqu’à ce jour par le Conseil de sécurité.
Désormais, les missiles Chihab et les roquettes seront toujours un élément central dans la stratégie de l’Iran. Les Ayatollahs pourront, sans impunité, avec l’aide de leurs satellites (Hamas, Hezbollah et Houthis), lancer des missiles et des roquettes sur Israël et sur des cibles occidentales ou arabes à travers tout le Moyen-Orient et au delà.
Le succès de l’Iran à maintenir sa capacité de missiles, tout en excluant totalement la question des négociations, aura des conséquences profondes pour l’ensemble de la région.
Il est clair aussi que tous ses programmes vont être accélérés avec la reprise des investissements étrangers et l’ouverture de marchés commerciaux. Cela va sans aucun doute donner un second souffle à l’économie iranienne, mais cela encouragera également les groupes terroristes qui auront désormais un meilleur équipement et de meilleures armes pour commettre des attentats et semer la terreur.
Soulignons d’ailleurs que ce souhait est bien un vœu déclaré comme tel à maintes reprises par le Guide spirituel Ayatollah Khamenei. Ses récents discours provocateurs et belliqueux en sont une nouvelle preuve éloquente.
Les Etats-Unis ont peut-être réussi à écarter une guerre avec le pire ennemi de la planète, mais ils ont transformé l’Iran en une puissance régionale, sans calculer les conséquences dangereuses à long terme pour Israël, pour tous ses alliés de la région, et notamment pour les Américains eux-mêmes.
Michael Segall
Pour citer cet article :
Michael Segall, «Les missiles balistiques hors de tout accord avec l’Iran», Le CAPE de Jérusalem : http://jcpa-lecape.org/les-missiles-balistiques-hors-de-tout-accord-avec-liran/