Les Juifs et Israël dans la vision du Hamas
Les Juifs, omniprésents dans le Coran, y sont qualifiés tantôt de Banu-Isra’il (Enfants d’Israël), al-yahûd (juifs) ou encore ahl al-kitab (peuple du Livre). Cette dernière expression est ambivalente, car le peuple du Livre est parfois qualifié dans la tradition musulmane « d’âne chargé de livres », c.-à-d. de porteur d’un héritage dont il n’est pas digne. Cette qualification renvoie à l’accusation récurrente envers les juifs, selon laquelle ils auraient « falsifié » les textes sacrés.
Dans le lexique politique du Hamas, c’est l’appellation al-yahud qui prédomine. Le combat du Hamas vise exclusivement les Juifs, le mouvement islamiste ayant totalement occulté l’identité israélienne. Ce combat contre les juifs est central et ne peut se terminer que par la victoire de l’islam, comme il ressort de l’actualité brûlante et de l’analyse de la Charte du Hamas, souvent interprétée à tort.
Son préambule affirme très clairement la centralité du « combat contre les Juifs », devant être mené « jusqu’à ce que [les] ennemis soient vaincus et que la victoire d’Allah soit établie ». Un des passages clés de la Charte du Hamas est le Hadith cité dans l’article 7 : « L’Heure ne viendra pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et les tuent ; jusqu’à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, et ceux-ci appelleront : O Musulman, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tue-le ! »
Ce Hadith signifie que le « combat contre les juifs » constitue pour le Hamas un impératif politique et eschatologique. L’affrontement avec les Juifs constitue le moyen de récupérer la terre de Palestine, Waqf musulman inaliénable, mais aussi la condition sine qua non à la venue de la Fin des temps. Les observateurs non-musulmans sont enclins à croire que l’extrémisme du Hamas n’est qu’une façade, et qu’il suffit qu’il soit confronté au pouvoir pour qu’il devienne pragmatique…
C’est précisément cette erreur de conception qui a rendu possible le terrible piège dans lequel Israël est tombé le samedi 7 octobre.
La vision apocalyptique de l’affrontement avec Israël du Hamas, identique à celle des autres mouvements djihadistes, exclut toute possibilité de coexistence. Loin d’être un épiphénomène, l’antisémitisme du Hamas constitue le cœur de sa doctrine politico-religieuse. La guerre dans laquelle Israël est aujourd’hui plongée ne peut donc avoir qu’un seul objectif : l’annihilation totale du Hamas, de ses infrastructures et de ses dirigeants.