Les intérêts syriens à la base des négociations de paix avec Israël
Redorer le blason du Président Assad aux yeux de l’Occident et le retour de la Syrie au Liban
La Syrie ne s’abstiendra pas à soutenir la “résistance” palestinienne afin d’exercer des pressions sur Israël sur la question du Golan.
Les dernières nouvelles en provenance de Jérusalem, Ankara et Damas, nous font comprendre que les trois capitales ont un intérêt commun et un engagement pour la poursuite des pourparlers.
Israël souhaite détacher la Syrie de l’Iran afin d’affaiblir le Hezbollah et de mettre à l’écart l’Iran, pour se préparer à une guerre aux côtés des Etats-Unis.
Le Président syrien, Bachar el Assad souhaite :
Rétablir sa position au Liban et d’obtenir un statut de « responsable » pourrait lui redonner la confiance d’un homme respectant la loi et mettant de l’ordre au Liban. De ce fait, on peut en déduire avec assurance qu’Assad ne cédera pas le Liban en échange du Golan.
L’accord de DOHA et les événements de la semaine dernière ont effectivement montré que la Syrie est à nouveau le pouvoir dominant au Liban et ce dont elle a besoin actuellement c’est la reconnaissance de l’Occident.
L’acceptation de l’accord de Doha par les grandes puissances occidentales indique un début de ce processus, dans lequel deux facteurs fondamentaux sont à la base : les lignes 67 et la formule de Madrid.
Les lignes 67 : Après la guerre de l’Indépendance d’Israel en 48, la Syrie était le seul pays arabe qui avait conquis des zones israéliennes au-delà des frontières internationales. Alors qu’Israël s’était retiré des régions étendues du Sinaï et du Liban, la Syrie avait refusé de le faire et les lignes d’armistice furent tracées conformément.
La Syrie s’est installée sur les côtes du lac de Tibériade et depuis a pris droit de partager les eaux du lac avec Israël. Les entretiens d’Assad père avec Ehud Barak ont échoué justement sur ce point.
Hafez el Assad a dit en présence du président Carter : “enfant, je me souviens que j’allais avec mon père visiter le lac, pendant que lui pêchait, moi je barbotais avec mes pieds dans l’eau”.
On pourrait supposer que la Syrie et Israël ont accepté d’entreprendre un projet régional qui conviendrait dans le domaine de l’eau aux intérêts commerciaux des Turcs. Le manque d’eau potable est vital pour le Proche-Orient.
La formule de Madrid: Après la conférence de Madrid en 1991, Israël et les pays arabes ont participé à des débats sur les problèmes régionaux tels que l’eau, l’économie, le transport etc…
La Syrie fut reconnue comme délégation menant le jeu diplomatique et toutes les autres délégations durent adapter leurs positions à la sienne. C’est-à-dire, il y eut une reconnaissance pratique du principe de « la grande Syrie ».
En ce qui concerne la situation actuelle, il est probable que la Syrie prenne en mains la solution du problème palestinien et soutiendra le processus d’Annapolis à la place de l’Arabie Saoudite.
A cet effet, les Palestiniens et l’Egypte ne sont pas satisfaites des derniers événements. Elles souhaitent écarter Assad et ne pas lui donner un rôle au sujet du problème palestinien ou une reconnaissance à son nouveau statut au Liban. On peut supposer qu’actuellement, comme par le passé pendant la période de Madrid, l’Egypte tentera de prendre le dessus sur la Syrie.
Durant les entretiens à Doha sur le Liban, on a débattu sur le droit du Hezbollah à la « résistance ». Il a été convenu que cette organisation possède ce droit tant que la « résistance » est dirigée contre Israël. La Syrie soutiendra également “la résistance” des Palestiniens, et contrairement à la période de la conférence de Madrid, elle trouvera une infrastructure terroriste à sa disposition au sein des territoires palestiniens.