Les interminables revendications palestiniennes
Le tracé des futures frontières et les revendications sécuritaires sont toujours à l’ordre du jour des négociations entre l’Etat juif et l’Autorité palestinienne sous les auspices des Etats-Unis.
Cependant, deux questions fondamentales demeurent sans réponse : est-ce que la signature d’un traité de paix pourra garantir la sécurité absolue aux Israéliens et mettre fin à la belligérance et à toutes les revendications palestiniennes ? Y a-t’il une logique dans l’exigence israélienne de régler tout d’abord les questions sécuritaires pour pouvoir garantir la paix et la stabilité dans la région ?
Selon un document confidentiel rédigé par le bureau du négociateur palestinien Saeb Erekat, l’objectif des négociations en cours n’était pas de parvenir à un accord, mais plutôt de créer un alibi pour imposer une solution à Israël. Après avoir obtenu des Européens la mise en œuvre de sanctions dans les Territoires, les Palestiniens ont accepté d’entamer des négociations avec le gouvernement Netanyahou. Ils l’ont fait surtout après avoir reçu un engagement écrit par John Kerry soutenant la position palestinienne concernant le retour d’Israël sur les lignes de juin 1967.
Déjà en 1999, l’OLP avait eu l’intention de remplacer les accords d’Oslo par de nouvelles exigences territoriales basées sur le Plan de partage – adopté le 29 novembre 1947 par l’Assemblée générale de l’ONU – et de ce fait étendre les revendications palestiniennes sur les territoires.
Suite au retrait unilatéral de la bande de Gaza intervenu en août 2005, les Palestiniens avaient également exigé l’annexion du village frontalier israélien Netiv Ha’asara. Dans les négociations sur le partage des eaux, les Palestiniens avaient revendiqué non seulement les sources d’eau de Cisjordanie et de la bande de Gaza, mais aussi un partage des eaux du lac de Tibériade et la souveraineté de l’enclave al-Hama situé dans le sud du plateau du Golan.
En Septembre 2011, Mahmoud Abbas avait adressé devant l’Assemblée générale des Nations unies la demande d’adhésion aux Nations unies « sur la base des frontières de 1967 ». Toutefois, dans sa missive officielle au Secrétariat général de l’ONU, il n’avait fait aucune référence aux lignes d’armistice de 1949, mais à la Résolution 181 de 1947. Dans ce contexte, il est clair que la direction palestinienne maintient ses revendications à propos d’un territoire israélien limité aux frontières d’avant juin 1967.
Depuis la Conférence d’Annapolis de 2007, les différents gouvernements israéliens insistent sur les questions sécuritaires et l’avenir des frontières, et exigent que les Palestiniens reconnaissent tout naturellement le droit du peuple juif à vivre dans son propre Etat juif et démocratique.
Les turbulences dans le monde arabe renforcent la position israélienne selon laquelle une présence dans la vallée du Jourdain est vitale. Il n’est donc pas question de faire la même erreur commise lors du retrait des forces israéliennes de l’axe Philadelphie au moment du désengagement de la bande de Gaza en 2005. L’abandon de cet axe a permis une recrudescence du terrorisme en provenance du Sinaï. Par l’acheminement des armes et des explosifs transportés par la voie des tunnels, le Hamas a renforcé ses capacités de tir contre les villages israéliens. Il est donc important de ne pas revenir sur le même scénario dans la vallée du Jourdain.
Il existe entre Israël et l’Autorité palestinienne des divergences profondes sur le tracé des frontières et les questions sécuritaires. Contrairement à la position israélienne, les Palestiniens souhaitent d’abord déterminer la nouvelle frontière, peut-être avec d’infimes échanges de territoires, et puis aborder ensuite les problèmes de sécurité.
Il faut dire et rappeler que dans le cadre de traités de paix signés avec l’Egypte et la Jordanie, Israël avait déjà des frontières bien déterminées avec ses deux voisins. Dans la majorité des pays arabes, il existe toujours des conflits frontaliers. La Syrie, par exemple, ne reconnaît pas sa frontière avec le Liban et revendique des territoires peuplés d’Arabes le long de la frontière sud de la Turquie. L’Irak ne reconnaît pas le Koweït, et il est en conflit frontalier avec l’Iran. Les frontières entre les différents Emirats arabes n’ont pas été non plus déterminées, ni entre l’Arabie saoudite et le Yémen. L’Egypte a des conflits frontaliers de longue date avec le Soudan, et la Libye avec le Tchad. Quant au Maroc, l’Algérie, et la Mauritanie la crise du Sahara occidental est toujours en vigueur.
Dans ce contexte comment garantir que la nouvelle frontière revendiquée par les Palestiniens comme légitime sur le plan international pourra stabiliser définitivement les relations israélo-palestiniennes. L’implication américaine dans les négociations est sans doute un gage pour que tout accord sur la frontière mette fin aux revendications palestiniennes. Toutefois, soyons vigilants, car le peuple palestinien ne forme pas une entité homogène et ses dirigeants et porte-parole n’ont jamais abandonné « le droit de retour des réfugiés sur les terres que les Nations unies ont alloué à l’État arabe dans le fameux plan de partition de 1947 ».
En d’autres termes, la frontière sera basée sur les lignes de 1947 et non de 1967.
Cette revendication palestinienne est soutenue à ce jour. Le 8 janvier dernier Hanane Ashrawi a affirmé à Radio Palestine que les Palestiniens vont également soulever la question de propriétés palestiniennes à Jérusalem-Ouest, à l’intérieur des frontières de 1967. Elle n’est pas la seule dans cette position : déjà, en décembre 1998, l’ancien Premier ministre palestinien Abou Alla avait déclaré que « l’Etat [palestinien] devrait obtenir des frontières internationalement reconnues par la résolution du partage de 1947. »
Rappelons que Yasser Arafat avait aussi évoqué « le Golan palestinien » faisant partie des conséquences du mandat britannique. Ainsi, les Arabes israéliens sont pour l’Autorité palestinienne des « Arabes de 1948 » et sont considérés comme une partie intégrante du peuple palestinien. Parallèlement, l’Autorité palestinienne a catégoriquement rejeté toutes les propositions israéliennes pour des échanges de territoires et notamment celle du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, qui proposait d’échanger « le Triangle » peuplé d’Arabes israéliens (la région située entre Afula et Hadera) avec le bloc de colonies de peuplement situé dans la zone de la ville Ariel en Cisjordanie.
Lors des accords d’Oslo, Israël avait reconnu la Cisjordanie et la bande de Gaza comme une entité géographique unique, et avait accepté la création « d’un passage sûr » entre les deux régions.
Cependant, les Palestiniens fondent leurs revendications sur les lignes de 1967 ; or, avant la guerre des Six-Jours il n’existait aucun lien direct entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. A l’époque, Israël avait déjà pris un risque sécuritaire considérable, mais aujourd’hui la donne géopolitique et stratégique a complètement changé et les menaces sont devenues plus grandes et plus dangereuses qu’avant.
Pinhas Inbari