Les illusions séduisantes d’Obama face au réalisme de Netanyahou
La rencontre de Netanyahou avec Obama à la Maison Blanche n’a pas été une partie de plaisir. Secoué la veille par une tempête de neige, Washington a réservé au Premier ministre de l’Etat juif un accueil glacial qui s’est traduit par un protocole strict et une interview surprenante et fort désagréable du président Obama. Ce n’est pas ainsi que l’administration américaine devrait accueillir le leader d’un pays ami et fidèle des Etats-Unis. C’est seulement le lendemain, devant les 14 000 délégués juifs de l’AIPAC, que Netanyahou sera reçu chaleureusement avec des salves d’applaudissements.
En fin diplomate, Netanyahou a réussi à écarter avec habilité et beaucoup de tact les frictions inutiles, en dissipant les malentendus, en déjouant les pressions du président et les pièges des journalistes. Obama a saisi le message et par la suite, par politesse, a rectifié le tir. Devant les caméras il a adouci le ton en qualifiant Netanyahou de leader courageux et intelligent. Obama joue donc un double jeu dangereux qui pourrait être interprété par ses adversaires et par nos ennemis comme une preuve de faiblesse, un manque de vision pour régler les affaires du monde. Plongé dans la crise ukrainienne, face à un Poutine déterminé et arrogant, hésitant sur la marche à suivre dans tous les dossiers de politique étrangère, le Président américain ne peut donner des leçons de morale à un Premier ministre israélien qui défend la juste cause de son pays et sauvegarde ses intérêts sécuritaires. Obama a une fois encore commis une erreur stratégique en fixant une date butoir aux négociations de paix : fin avril 2014. Est-il aussi naïf pour croire qu’en quelques semaines, voire en quelques mois, nous allons signer un accord de paix permanent avec l’Autorité palestinienne ? A-t-il vraiment trouvé la formule miracle à un conflit qui dure depuis plus d’un siècle ? N’est-il pas avéré que les Palestiniens ratent à chaque fois les rendez-vous de l’Histoire ? Ce ne sont pas eux qui, à la dernière minute, posent des conditions et des ultimatums inutiles ? Pourquoi toujours accuser l’Etat Juif de saboter le processus de paix et mettre Netanyahou au pilori ? La construction des implantations est peut-être illégale aux yeux des Américains et des Européens, mais les colonies de peuplement n’ont jamais été un obstacle à la signature d’un traité de paix. Comment ose-t-on décrire les Juifs comme des étrangers colonialistes dans leur propre patrie ? Ne s’agit-il pas de l’un des grands mensonges des Temps modernes ?!
Certes, la majorité écrasante des Israéliens et de Juifs de la diaspora souhaite ardemment la paix, mais pas une paix signée à la va-vite sur le papier pour satisfaire les caprices d’un président en perte de crédibilité : ils veulent une paix viable et solide pour de longues années. Obama nous promet des garanties sécuritaires, parfait ; mais l’expérience nous enseigne qu’il ne faut compter que sur nous-mêmes et que seul Tsahal pourra nous défendre contre les menaces proches et lointaines.
Freddy Eytan