Les faiblesses de la doctrine Obama et la crise de confiance
L’accord historique signé à Genève avec l’Iran et la détermination du Président Obama à normaliser les relations avec Téhéran au détriment des intérêts existentiels de l’Etat juif risquent d’ébranler les piliers stratégiques de la politique américaine au Moyen-Orient. Jusqu’à ce jour, Israël demeurait indéniablement le seul allié fidèle des Etats-Unis et les fortes relations avec Washington étaient mues par des valeurs démocratiques et universelles et une confiance mutuelle. Les Etats-Unis étaient toujours à nos côtés dans les moments de crise et de conflit, leur parapluie militaire restait toujours ouvert. Lors des débats diplomatiques animés dans les instances internationales, les Américains défendaient notre juste cause et imposaient souvent leur veto au Conseil de sécurité. Certes, le pivot stratégique israélien demeure apparemment solide et actuellement il n’existe pas d’alternative, mais nous constatons que cette politique change de cap et qu’elle se double d’une doctrine ambiguë et incompréhensible à l’égard des dossiers brûlants du Moyen-Orient tels que la crise syrienne, l’avenir de l’Egypte, le conflit avec les Palestiniens ou la menace iranienne. Cette double vision régionale n’est pas compatible avec les intérêts israéliens ni avec ceux des Occidentaux, surtout dans une région en turbulence constante et à l’avenir incertain. Le président Obama devrait choisir ses objectifs ! C’est évidemment son droit absolu de ne plus agir en « gendarme du monde », de revenir à l’isolationnisme et d’adopter même la célèbre doctrine Monroe datant de 1823, mais il devrait le dire clairement et l’affirmer sans ambages.
Concernant l’Iran, il n’existe pas de divergences majeures avec l’administration Obama sur les objectifs et sans doute partageons-nous la même stratégie. Notre but commun est d’empêcher les Ayatollahs de se doter de l’arme nucléaire, mais n’oublions pas que nous sommes les premiers menacés ! Par notre riche expérience du passé notre tactique diffère. L’accord de Genève est un très mauvais signe de la part d’Obama, Nétanyahou a parfaitement raison d’en soulever les risques. C’est son devoir bien qu’on pourrait lui reprocher sa manière de le faire publiquement. Cependant, les critiques à caractère personnel ne sont pas justifiées et un ancien Premier ministre a eu tort de jeter de l’huile sur le feu dans un débat aussi sensible qui concerne la sécurité de l’Etat juif. Obama et Kerry se trompent aussi en liant directement la menace iranienne au dossier palestinien. Le règlement du conflit avec Mahmoud Abbas ne mettra pas fin à l’hégémonie chiite ni à la menace nucléaire iranienne !
Il est actuellement impossible d’agir à l’encontre des grandes puissances et de lancer seul une opération militaire pour détruire les installations nucléaires iraniennes. Il semble que le processus de normalisation avec Téhéran soit irréversible mais l’accord de Genève n’a pas été encore signé définitivement. Il reste encore quelques mois et, durant ce laps de temps, nous devons apporter des éléments plus convaincants et des documents confidentiels pris sur le terrain pour prouver au monde, et surtout au président Obama, que les Ayatollahs se moquent éperdument des accords signés. En fin de compte, l’accord de Genève sera considéré comme un « chiffon de papier ». Nous sommes convaincus que le chef spirituel iranien n’a nulle intention de démanteler ses centrales nucléaires ni de renoncer à la bombe atomique : ses objectifs demeurent la destruction de l’Etat juif et l’hégémonie chiite absolue au Moyen-Orient. Obama et Kerry ont le devoir de nous prouver le contraire avant toute signature !
Freddy Eytan