Les enjeux du Conseil suprême des forces armées égyptiennes
• Aujourd’hui, l’Egypte est gouvernée par un Conseil suprême des forces armées, sous la direction du maréchal Muhammad Hussein Tantawi. Le pays est dominé sous les consignes de la loi militaire, une réalité à laquelle les masses populaires ne s’y attendaient pas et ce qui ne va pas de pair avec les réformes démocratiques.
• Les documents révélés par Wikileaks décrivent l’armée égyptienne telle une économie parallèle, une sorte d’entreprises militaires appartenants à l’armée et souvent gérées par des généraux retraités. La machine est bien huilée. Tous les éléments économiques et les produits alimentaires sont traités et gérés par des anciens militaires, l’eau, l’huile d’olive, le lait et le pain, le ciment, la construction (bâtiments, routes et aéroports), l’hôtellerie, l’industrie pétrolière et les télécommunications.
• L’Egypte est depuis la fin des années 70 un allié politique et stratégique fidèle des Etats-Unis. Le maréchal Tantawi lui-même et ses troupes ont combattu en 1990 aux côtés des troupes américaines dans l’opération Bouclier du Désert en Irak.
• Tantawi, 76 ans, n’est sans doute pas un révolutionnaire. La transformation du pouvoir en un régime civil démocratique n’est pas viable pour les intérêts de l’armée, et Tantawi sauvegardera ses atouts militaires et économiques.
• Sur le plan stratégique, il semble que Tantawi demeura un fidèle allié des Américains tout en permettant une révision de la politique de Moubarak à l’égard de l’administration américaine. L’Egypte reçoit une aide de 1,3 milliards de dollars des Etats-Unis. Elle a signé un traité de paix avec Israël après avoir rétabli tout le Sinaï sous souveraineté. L’Egypte vend du gaz et du pétrole à Israël et a maintenu une « paix froide » avec l’Etat juif. Elle a payé le prix de sa paix séparée en étant constamment sur la défensive et à essayant de contrecarrer les activités subversives et terroristes dans le monde arabe.
Depuis 1954, l’armée égyptienne combat contre les Frères musulmans mais contrairement à ses prédécesseurs, Moubarak a permis à la confrèrerie de briquer des sièges au parlement. Tous les présidents qui ont dirigé l’Egypte après le coup d’Etat de 1952 ont gouverné avec un bras de fer. Tous ont ignoré les droits civils, les droits de l’homme, la liberté d’expression, et les manifestations de protestation pour pouvoir justifier leur politique comme nécessaire pour assurer la sécurité, la loi et l’ordre et tous agi pour la raison d’Etat.
L’age de Tantawi joue à son détriment. Néanmoins, il n’est pas exclu qu’il restera au pouvoir bien après la période de transition des six mois prévus. Un changement possible viendra en Egypte qu’au sein du Conseil suprême des armées et non de l’extérieur. Tantawi a déjà dissous le parlement, suspendu la constitution, et proclamé la tenue d’un référendum. Les prochaines étapes permettront aux partis politiques, d’établir la primauté du droit dans le pays et Tantawi pourra organiser des nouvelles élections.
Voir l’intégralité de l’article et ses références dans le site JCPA-CAPE en anglais.